Traitre sur commande

L’histoire

En Pennsylvanie, en 1876, des milliers d’hommes sont exploités dans les mines de charbon. Une grande partie d’entre eux sont des immigrés irlandais qui ont fuit les persécutions dans leur pays. Livrés aux patrons exploiteurs, certains d’entre eux cherchent à obtenir de meilleures conditions de travail. Après des grèves durement réprimées, un groupe de terroristes, les Molly Maguires, décide de se venger et de mettre les patrons à genou.

C’est alors que James McKennan débarque dans la petite ville minière d’Eckley. Il prétend chercher un travail à la mine et chercher à se faire oublier pour un meurtre et du trafic de fausse monnaie. Mais il s’agit en fait d’un détective, chargé par les autorités de découvrir qui sont les Molly Maguires afin de stopper leur entreprise criminelle…

Les Molly Maguires

Le film est basé sur l’histoire vraie des Mollies Maguires, une société secrète qui s’attaquait aux représentants de l’état et aux propriétaires de mines en 1876. Une agence de détective de Pinkerton engageât James McParland pour infiltrer le groupe et parvint ainsi à arrêter les 20 chefs de cette bande, qui furent jugés et exécutés. Le film est basé sur le livre d’Arthur Lewis, publié en 1964 et qui décrit, pour la première fois, cette bande de terroriste sous un regard plus humain et sympathique que les chroniques de 1876.

Critique Subjective

Le film a été tourné en 1968 à la seule mine datant du 19^ème siècle encore ouvert aux Etats-Unis (elle fut fermée en 1971), à Eckley en Pennsylvanie. Le réalisateur, Martin Ritt s’était fait connaître quelques années auparavant, en 1963, en réalisant « Hud » (également disponible en DVD) avec Paul Newman. Ce film lui avait permis de décrocher l’Oscar de la meilleure photographie avec James Wong Howe. Dans « Traître sur commande », la photographie joue à nouveau un rôle important pour la mise en ambiance, qui est une part essentielle du film.

Ce film où la confrontation humaine est l’élément moteur, doit beaucoup à la très bonne interprétation des acteurs, en particulier Sean Connery et Richard Harris. Ces deux acteurs sont extrêmement crédibles et parviennent à construire des personnages complexes et attachants. Ils tiennent le film à bout de bras, soutenus par un scénario assez intéressant et une belle réalisation. Les scènes dans la mine montrent bien le caractère dangereux et difficile de la vie de ces mineurs au XIXème siècle.

« Traître sur commande » donne également une vision intéressante de cette Amérique qui veut se donner l’image d’une nation « forte et généreuse », oeuvrant pour « la paix et la justice ». On voit comment cette nation s’est forgée : en exploitant les immigrants pauvres et en développant un libéralisme qui est montré ici sous son jour le plus inhumain. Ce film est vraiment à voir et un montage un peu plus dynamique aurait peut-être pu en faire un chef d’œuvre.

Ce film de 1969 a subit un transfert assez soigné. On note bien quelques tâches, mais elles sont rares et ne nuisent pas au spectacle. La définition de l’image est assez bonne, surtout au niveau des gros plans. On remarque de temps à autre quelques fourmillements dans les arrières plans, mais il sont peu gênants et s’apparentent plutôt au grain de la pellicule. Les couleurs sont bien restituées, avec une dominante très sombre, propre à l’ambiance du film et aux mines de charbon. On ne remarque pas de problèmes de compression.

Le DVD propose plusieurs pistes sonores en Dolby Digital 2.0 mono, dont une française et une anglaise, mais également une piste anglaise en Dolby Digital 5.1. La piste française bénéficie de doublages corrects, mais qui ne sont pas toujours bien synchronisés avec les mouvements des lèvres. Les voix y sont fortes et claires, au détriment de la musique et des effets sonores. La dynamique n’est donc pas bien respectée et la spatialisation est pratiquement inexistante.

On préférera donc la piste originale en Dolby Digital 5.1 sur laquelle un excellent travail a permis de donner beaucoup d’ampleur à la musique et aux effets sonores, tout en préservant une excellente dynamique pour les voix (dont le niveau sonore est bien plus faible qu’en Dolby Digital 2.0). Les bruits de la mine permettent de réellement se plonger dans l’ambiance et on profite ainsi davantage de la belle musique irlandaise qui agrémente le film.

Pour cette édition DVD, L’éditeur Paramount se contente du minimum en matière de présentation et de suppléments. Le film démarre sans passer par le menu principal, qui ne sert qu’à sélectionner la langue ou à accéder au chapitrage. Il n’y a aucun bonus sur le disque.