L'histoire :
Quelque part dans les montagnes du japon féodal, deux samouraïs blessés viennent frapper à la porte d’un temple par une nuit orageuse. L’un de ces deux samouraïs se réveillera peu de temps après apparemment guéri de ses nombreuses blessures. Son hôte lui apprend la mort de son ami, et lui offre un copieux et délicieux repas. S’enquerrant de la façon dont il peut le remercier pour toutes ses largesses, le maître des lieux lui demande de bien vouloir le tuer …
Critique artistique :
Le Duel Project est né en 2003 d’un défi lancé par le producteur Shinya Kawai aux deux réalisateurs japonais Ryuhei Kitamura et Yokihiko Tsutsumi après qu’ils aient rendus leurs courts-métrages pour le projet Jam Films (2002) en un temps record. Ce défi était de réaliser chacun un long métrage selon cinq règles, c’est-à-dire en une semaine, un décor unique avec seulement deux acteurs, moyennant un budget minimaliste et se clôturant par la mort de l’un des protagonistes. Ce projet fut nommé Le Duel Project pour lequel
Ryuhei Kitamura (
Versus - l'ultime guerrier (2001),
Azumi (2003)) a donc réalisé
Aragami, Duel Project 1 et Yokihiko Tsutsumi 2LDK, Duel Project 2 (2002). Ryuhei Kitamura a un certain talent pour les films d’actions et compte à son actif des réalisations intéressante comme son court-métrage Heat After Dark (1996) et des long-métrages tels que
Versus l'ultime guerrier (2001) The Messenger (2003) Godzilla final wars (2005). Le réalisateur Ryuhei Kitamura a signé Aragami(2003), alors qu’il était en train de préparer
Azumi(2003), long-métrage autrement plus important selon le réalisateur lui-même et le monde cinématographique nippon. Ryuhei Kitamura avait signé auparavant Heat after dark(1996), un court-métrage d’une très belle facture que l’on peut visionner sur le DVD bonus de cette édition.
Après le visionnage de
Aragami (2003), on se dit qu’il y avait la matière pour faire un court-métrage ou un moyen-métrage mais certainement pas un long-métrage. En effet, ce huit clos sans vraiment ennuyer laisse une sensation de longueur que l’attente du moment où les deux combattants vont s’affronter ne fait que prolonger, serait tout simplement plus juste et efficace si il était raccourci de quelques minutes. Il ne faut cependant pas être autrement déçu par ce fait dans la mesure où
Aragami(2003), est à considérer comme une sorte d’essais cinématographique - le terme d’entraînement serait plus juste – qui a été préparé en très peu de temps comme le réalisateur le raconte dans les bonus. Ce dernier n’a disposé que de quelques jours pour trouver une histoire à filmer à la suite du film 2LDK (2002) du réalisateur Yukihiko Tsutsumi qui lui a proposé de tourner Aragami lors d’un festival. Nous sommes dans l’univers étonnant du cinéma et de la vidéo nippone, économie de l’image mouvement qui permet à un
Takashi Miike de tourner 20 films par ans ce qui conduit il faut le dire autant à des films dignes d’intérêts que des objets filmiques oscillants entre le vidéo-clip ou une sorte de cinéma dont le style est qualifié de Guérilla style par
Takeshi Kitano.
Afin de ne pas se faire une idée fausse de ce que peut ce réalisateur il convient de regarder impérativement son court-métrage, Heat after dark(1996) qui parvient autant à s’inscrire dans le film de genre qu’à mêler scènes d’actions violentes à base de gun fight notamment et situations d’où un certain comique n’est pas étranger. On peut trouver à Heat after dark(1996) des qualités et une atmosphère proche de celle de Sympathy for mr vengeance(2002) du réalisateur coréen
Park Chan-Wook avec cependant une sensibilité un peu plus comique (les mauvaises langues diront que ça n’est pas difficile :) ). Pour ce qui est du projet Duel, il nous semble que Ryuhei Kitamura s’en est mieux sortie que son camarade Yokihiko Tsutsumi. Aragami profite d’une mise en scène en huit clos qui a un côté théâtrale plutôt bien maîtrisé, les acteurs assurant parfaitement leur rôle. La réalisation gère parfaitement la chorégraphie des combats que des décors très convaincants et séduisant mettent en valeur tandis qu’on ne peut que s’accorder sur la beauté de la photo de Aragami qui marque des points sur 2LDK, au rendu beaucoup plus brut, ce qui est un peu décevant quand on connaît l’expérience de Yokihiko Tsutsumi dans la réalisation de série télévisées mais aussi de clip et publicité.
Verdict :
Les règles du Duel Project étaient très contraignantes et tourner un film en une semaine reste compliqué, aussi ne peut-on s’étonner de constater que les deux réalisations, Aragami de Ryuhei Kitamura et 2LDK de Yukihiko Tsutsumi laissent à désirer. Cependant, il faut saluer la performance même si Aragami semble remporter le duel face à un 2LDK intéressant mais pas assez développer pour justifier son existence en tant que long-métrage. A côté de Aragami, on vous conseillera le visionnage du court-métrage Heat after dark, où s’exprime de manière plus étoffée le talent de Ryuhei Kitamura.