Les chevaliers du ciel

Durant le Salon aéronautique de Farnborough, un Mirage 2000 disparaît en pleine démonstration. Les Capitaines Marchelli (Benoît Magimel) et Vallois (Clovis Cornillac), pilotes émérites, sont envoyés à sa recherche dans la zone où l’avion a disparu des écrans radar. Lorsqu’ils le découvrent, le 2000 se met en position de combat, obligeant Marchelli à le descendre. Cet incident va être le point de départ d’un gigantesque complot terroriste visant à éliminer les chefs d’états invités au défilé du 14 Juillet à Paris.

Depuis quelques temps, le cinéma s’intéresse à l’univers de la bande dessinée. Après des héros enfantins comme Asterix et Obelix, Les Daltons, ou Iznogoud, le 7^ème art s’est intéressé à des héros ciblant un public plus adulte. Et les exemples ne furent pas à la hauteur des attentes, entre un Michel Vaillant bridé en première et un Blueberry enfumé dans un voyage chamanique déroutant, les fans ne semblaient pas retrouver leurs héros dans ces transpositions. Fort de ce constat, il n’est pas déraisonnable de regarder avec inquiétude, se profiler à l’horizon une adaptation de la célèbre bande dessinée de Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo « Les Chevaliers du Ciel », avec à la réalisation Gérard Pires, connu notamment pour avoir réalisé Taxi en 1998 et Double Zéro en 2003.

Ce nouveau projet pour le réalisateur présente 3 obstacles de taille. Le premier étant de rester le plus fidèle possible à l’esprit de la bande dessinée, afin de sortir de cette malédiction qui semble peser sur ce type d’entreprise. Ensuite l’inévitable comparaison avec la série TV de 1968-69 avec Jacques Santy et Christian Marin. Et enfin le dernier obstacle et non le moindre l’obligatoire référence au "Top Gun" de Tony Scott en 1985, qui reste LA référence cinématographique en terme de film sur l’aviation militaire.

Pour passer le premier obstacle, l’équipe s’ait octroyer les services de Gilles Malençon, qui, en spécialiste de l’aéronautique militaire et amateur de bande dessinée, aura la charge d’écrire un scénario à la fois crédible et proche de l’œuvre originale. Celui-ci nous offre une intrigue plus proche de notre société que de celle de la BD, tout en gardant intacte la complémentarité des deux héros, le beau gosse taciturne, tête brûlée et combatif et son ami plus léger et doté d’un sens de l’humour aiguisé (On pense d’ailleurs aisément au tandem Roger Moore/Tony Curtis d’ « Amicalement Votre »). Si l’histoire peut parfois manquer de volume, l’ensemble reste suffisament crédible et bien ficelé pour susciter l’intérêt. Pour l’inévitable comparaison avec la série, le réalisateur et son scénariste ont décidé dans un premier temps de réactualiser les noms : de Tanguy et Laverdure en 1968, on passe à Marchelli et Vallois en  2005. Ensuite, il leur fallait trouver des acteurs suffisamment crédibles pour incarner ce duo. Et ils trouvèrent leur bonheur, tout d’abord sans hésiter avec Benoît  Magimel (Déjà Mort, 93, Les Rivières Pourpres 2, 02), qui incarne un Marchelli impeccable de fermeté, fort, et prisonnier à la fois de la passion pour son métier et de l'amitié qu'il porte à son co-équipier. Le comédien nous prouvant par la même occasion son potentiel énorme pour les films d’actions, se rapprochant de plus en plus du parcours d’un certain Alain Delon. Puis avec hésitation, ils choisirent Clovis Cornillac (Brice de Nice, 05, Les Brigades du Tigre, 06), pour interpréter Vallois. Et bien mal leur en a pris, car l’acteur est excellent, enthousiaste et cela se voit. Le duo fonctionne donc à merveille, une certaine osmose émane de l’écran, et lorsque les actrices Geraldine Pailhas (Peut-Être, 99, L’adversaire, 01), et Alice Taglioni (Brocéliande,02 et La doublure, 05) interviennent, elles ne font que renforcer la complicité du duo. Les acteurs secondaires viennent compléter l’intérêt du film, Philippe Torreton en tête.

Pour le dernier obstacle, il semblait pratiquement impossible de pouvoir faire face à un monstre tel que Top Gun. Et pourtant, Gérard Pires et son équipe vont prendre le problème à bras le corps. Tout d’abord, alors que les prises de vues aériennes de Top Gun furent, pour la majorité, filmées au sol, celles des « Chevaliers du ciel », le furent en vol, ce qui donne des images vertigineuses et beaucoup plus crédibles. Pour cela l’équipe demanda l’aide de l’armée de l’air, qui ne se fit pas prié et y vit un moyen de faire découvrir au public, une image plus moderne de l’armée de l’air et plus réaliste que celle présentée par son homologue américain. Ensuite, des scènes d’actions jamais réalisé en France et calculées au millimètre près pour assurer une crédibilité et un spectacle total. Enfin des plans montrant les acteurs en train de piloter pour renforcer l’impacte des scènes. Le tout donne en effet un spectacle éblouissant comme rarement le cinéma français nous en avait offert. Et même si le nombre d’entrées en salle n’égalisa pas celui de Top Gun, la qualité de l’œuvre le dépasse largement.

En conclusion, un film fidèle à l’original, des équipes enthousiastes et complémentaires, des comédiens qui, si cela était encore nécessaire, prouvent encore une fois que leur talent est immense, et un réalisateur qui nous prouve que le cinéma français sait aussi faire de très bons films d’actions. Un vrai plaisir pour les yeux et pour les oreilles.

Une image très travaillée, à la hauteur des prises de vue aériennes. Une qualité qui permet aux plans nocturnes de rendre toutes ses lettres de noblesses à l’aviation militaire. Les contrastes ne souffrent d’aucunes distorsions laissant la magie du ciel opérer.

Une bande son qui n’est pas très aérienne avec un placage frontal prononcé et seulement quelques échappées dans les canaux surround, pour bien marqué des passages avant / arrière (ou inverse) des avions. Les dialogues sont plutôt bien intégrés, il faut dire que Pirès ne semble pas avoir pris parti pour du spectaculaire sonore, l’avion abattu en début d’histoire par exemple ressemble à un coup de poing d’un film américain si vous voyez ce que je veux dire. Plutôt du réalisme par conséquent, ce qui ne gâche pas le plaisir du film mais ne fait par pour autant de ces Chevaliers du ciel une bande son de référence. Tournez vous vers la piste Dolby si vous espérez un peu plus d’impact, la piste DTS étant quant à elle moins démonstrative mais mieux détaillée, surtout sur certaines ambiances du sud de la France.

Présent à la fois dans l’Edition Simple et l’Edition Collector, un Making Off de 56 Minutes, relatant les différentes étapes de fabrication du film. Evitant le piège du film promotionnel, il a l’intelligence de mettre l’accent sur toutes les équipes qui ont participés à l’élaboration du film, en insistant sur l’enthousiasme et le professionnalisme des militaires qui encadrèrent et ouvrèrent  toutes les portes nécessaires à la bonne finalisation de l’entreprise.

Ensuite dans l’Edition Collector un merveilleux et enivrant voyage appelé « Le bal des Aigles », qui est en fait une succession de 26 minutes de prises de vues aériennes réalisé par Eric Magnan. Puis un film de Simulation, qui plonge le spectateur dans un véritable cockpit de simulation de vol. Eblouissant. Enfin les bandes annonces, une Galerie de photos, et un clip musical, viennent compléter cette édition Collector. Un vrai complément de plaisir.