Secrets d'Etat

L’histoire

Dans les années 60 au Liban, Léo (Rupert Everett), un reporter et ex-espion anglais, épouse Sally (Sharon Stone), une belle américaine. Ils vivent ensemble pendant sept ans, mais, un jour Léo disparaît sans explications. Sa femme remue alors ciel et terre pour le retrouver, mais, lorsqu’elle découvre qu’il est un agent double travaillant pour le KGB, sa vie se trouve menacée. Déchirée entre son amour et la raison d’État, Sally va devoir choisir sa voie…

Critique subjective

Avec « Secret d’État » (A Different Loyalty), le réalisateur anglais Marek Kanievska a voulu se baser sur l’histoire d’Eleanor Philby et de son mari Kim, un célèbre agent double britannique dans les années 50 et 60. Plutôt spécialisé dans la publicité, le réalisateur avait été remarqué en 1984 avec son film « Another Country » qui avait été nominé pour la palme d’or à Cannes. Dans ce film on trouvait déjà Rupert Everett en haut de l’affiche, aux prises avec le communisme.

Dans « Secret d’État » le réalisateur a voulu davantage souligner la trahison d’un homme qui, confronté au choix difficile entre sa vie affective et ses convictions politiques va mettre en avant ses dernières sans se préoccuper des conséquences pour ses proches. Rupert Everett incarne parfaitement le rôle de cet agent double qui est finalement surtout caractérisé par sa lâcheté et la recherche d’une certaine facilité en fuyant vers Moscou. À ses côtés, Sharon Stone est tout à fait crédible et donne un certain corps à un film qui en avait bien besoin. Même si on lui reprochera de nous montrer à nouveau un peu trop son corps, l’actrice montre qu’elle sait aussi jouer la comédie dans ce rôle de femme éplorée qui est à contre-emploi de son début de carrière.

Malheureusement, un film ne se résume pas à un jeu d’acteur, aussi bon soit-il. Il faut aussi une histoire qui tienne la route. C’est là le gros point faible de « Secret d’État ». Si la trame principale se tient assez bien, l’environnement n’est pas très crédible. On passera sur la représentation de Moscou qui ne correspond pas à la réalité de l’époque, avec de nombreuses vues de la Cathédrale du Christ Sauveur qui était détruite depuis 1930 et n’a été reconstruite que dans les années 90. Mais le comportement des agents de la CIA est totalement irréaliste, sans compter qu’ils n’agissent pas directement sur le territoire américain puisque c’est le FBI qui doit se charger de ça. Même à un niveau plus proche du cœur de l’intrigue de grosses incohérences viennent perturber le spectateur. Ainsi Sally n’a-t-elle aucun enfant visible lorsqu’elle rencontre Léo. Pourtant, sept ans plus tard, elle a deux filles qui doivent avoir au moins 12 et 14 ans et un garçon qui semble avoir au moins 10 ans !

Si on passe sur ces nombreuses bévues du scénariste et du réalisateur, il est difficile de supporter certains gros clichés sur les espions des années 50 que l’on dirait toute droit sortie d’un film d’époque. C’est ainsi que les agents britanniques suivent Sally à moins de 10m avec un gros imperméable et un chapeau stetson en plein été à Hyde park. On n’échappera pas non plus à quelques longueurs qui viennent briser la dynamique, parfois en montrant la même scène à plusieurs reprises sous d’autres angles, sans que cela apporte grand-chose à l’intrigue : le spectateur est-il trop bête pour noter quelques détails pour qu’on soit obligé de lui repasser plusieurs fois ?

Bref, « Secret d’État » est un film globalement raté sur un sujet sans doute déjà un peu trop vu, même s’il était certainement possible de le remettre au goût du jour. Un DVD à éviter, d’autant plus que l’éditeur ne nous a même pas offert la piste sonore originale : assiste-t-on à une tentative de retour technique à ce que nous offraient les VHS ?!

Ne vous fiez pas aux premières images du film, censées se passer dans les années 50 et pleines de fourmillements, ni aux couleurs légèrement trop saturées et un peu délavées de Beyrouth du début du film. Visiblement les responsables des effets visuels ont beaucoup joué sur l’aspect du film pour donner du corps aux différentes époques évoquées, ainsi que pour mettre en scène les souvenirs et autres réminiscences. Globalement la définition est assez bonne, les couleurs sont précises et l’expérience visuelle ne sera jamais gâchée par des défauts inhérents à la compression numérique du DVD.

Surprise désagréable pour l’amateur de versions originales, ce DVD ne comporte qu’une seule piste sonore en français et en Dolby Digital 5.1. La dynamique est satisfaisante et la spatialisation rend assez bien l’ambiance des souks de Beyrouth ou les froides esplanades de Moscou. Les doublages sont également suffisants pour apprécier le film, mais l’interview disponible dans les suppléments et ses dialogues originaux nous montrent que l’on perd tout de même beaucoup dans le jeu des personnages en l’absence de la piste originale !

L’éditeur Universal présente ce film avec un menu animé et sonorisé. En dehors du chapitrage, on trouve la bande annonce du film ainsi qu’une Interview de 8 minutes de Sharon Stone et de Rupert Everett. Cette interview est entrecoupée de nombreuses images du film, de quelques images du tournage et d’interview des autres membres de l’équipe du film. On n’y apprend pas grand-chose puisque les deux acteurs principaux nous racontent surtout l’histoire du film, l’état d’esprit de leurs personnages et passent beaucoup de temps à se congratuler les uns les autres.