Yasujiro Ozu
Ozu débute sa carrière de cinéaste en 1927 avec
Le sabre de pénitence et va, pendant plus de trente ans, proposer une véritable radiographie de son pays. Le metteur en scène filme une famille japonnaise en pleine évolution, coincée entre des traditions extremement présentes et une émancipation sociale inévitable.
Le cinéma de Yasujiro Ozu peut sembler difficile d'accès, il ne faut en aucun cas se limiter à cette première impression. L'immersion, si elle nécessite une attention plus soutenue que sur d'autres programmes, offre des moments de pure beauté. C'est par la simplicité des moyens que la poésie "Ozuesque" prend forme.
En préférant les plans fixes aux mouvements de caméra complexes, en pronant le cadrage "au ras du sol" comme meilleur axe de prise de vue, le cinéaste opte pour une simplicité stylistique qui forge ce style si reconnaissable. Comme l'affirme Kiju Yoshida, auteur d'un essai sur le cinéaste, "cette façon de limiter l'expression à l'extrême, d'éliminer plutôt que d'exprimer" est la véritable expression de l'art d'Ozu. En revenant sur cinq films importants du cinéaste, le coffret permet d'aborder l'oeuvre du metteur en scène sous les meilleurs auspices. Petit tour du propriétaire...
Les films
Choeur de Tokyo (1931) et Une auberge à Tokyo (1935) :
Le premier film proposé sur le DVD nous présente une oeuvre muette du cinéaste. Proposant ce récit d'un père au chômage faisant tout pour nourrir ses enfants. Ce film pose les bases d'une des oeuvres phares du cinéaste,
Gosses de Tokyo, qu'il réalisera l'année suivante. Un film sauvé d'une mort certaine par une numérisation qui à elle seule justifie la place du film dans le coffret...
Le second film du premier DVD, tourné en 1935 présente la particularité d'être le premier film sonorisé du cinéaste. Réalisé à partir d'un materiel muet,
Une auberge à Tokyo présente des personnages totalement démunis mais qui vont mettre en avant une solidarité à toute épreuve. Un film extrêmement attachant, porté par l'interprétation d'enfants qui vont permettre à la "lourdeur" des thèmes de s'envoler à certains moments pour proposer de véritables respirations comiques.
Eté précoce (1951): Ce film, tourné en 1951, met en scène les oppositions entre une famille traditionnelle pour qui mariage n'est pas nécessairement synonyme d'amour et une jeune femme voulant avant tout s'extraire d'une tradition trop pesante... Le film est léger et permet au cinéaste de livrer la meilleur facette de son cinéma : les évolutions de la famille japonnaise d'après guerre, entre modernisme et tradition.
Le goût du riz au thé vert (1952): Souvent considéré comme l'un de ses chef-d'oeuvres,
Le goût du riz au thé vert nous présente Taeko, femme moderne et pleine d'esprit qui se morfond dans un mariage peu réussi... Le cinéaste emprunte au cinéma américain de l'époque et nous livre une oeuvre paradoxale, entre modernisme et conservatisme. Portrait d'un couple où les liens entre un homme et une femme s'amenuisent inexorablement,
Le goût du riz au thé vert est un film à découvrir, la pièce principale de ce coffret...
Printemps précoce (1956): Ce film dresse un tableau de la société japonnaise d'après guerre extrêmement révélateur. Des personnages coincés entre une vie familiale très "pesante" et une culture d'entreprise qui va aller en se renforcant. Avant dernier film en noir et blanc du cinéaste,
Printemps précoce se veut un film refusant toute dramatisation à outrance et laisse la monotonie de la vie du personnage principal imprégner l'écran. Les 144 minutes peuvent parfois sembler difficiles....
Un son mono de qualité. Rien à redire, l'essentiel est là...