Quand j'étais chanteur

L’histoire :

A Clermond-Ferrand, un chanteur de bal rencontre une jeune femme.

La critique :

Situer un film au centre même de l’univers des bals populaires, il fallait oser. Là où la ringardise semble de rigueur, le réalisateur Xavier Giannoli plante son décor. Avec pour ambition de changer notre regard sur un univers… et sur ses acteurs. D’ailleurs, pour mieux encore saisir l’atmosphère de ces soirées, le réalisateur s’est inspiré d’un véritable chanteur, Alain Chanone. Celui-ci aura d’ailleurs servi de conseiller sur plusieurs éléments du film, et aura même obtenu un petit rôle (de chanteur, bien entendu).

C’est donc Gérard Depardieu qui s’y colle. Non content d’interpréter à la perfection son rôle, il pousse également la chansonnette. Aucun doublage à l’horizon, le grand Gérard nous montre ses grands talents. Sans parodier les chanteurs célèbres (Christophe, Delpech, etc…) il interprète leurs chansons avec une véritable personnalité, et une grande prestance. Une immense performance ! A ses côtés, Cécile de France est évidemment à la hauteur. Aussi convaincante dans les scènes sentimentales que dans les moments plus agressifs, elle forme avec Gérard Depardieu un superbe couple à l’écran. A tel point que les seconds rôles auraient pu être effacés, s’ils n’avaient été interprétés par de très convaincants Mathieu Amalric et Christine Citti.

Le scénario, habile, évite les clichés. Mieux, il les démonte même. Conscient que le sujet du film pourrait prêter à sourire ou à confusion, il prête à Cécile de France et à Gérard Depardieu une conversation dès le début du film, qui place déjà le décor. Le chanteur défend une vision saine de ces bals, allant directement anticiper les préjugés que peuvent avoir les gens extérieurs à ce milieu.

La réalisation tire au mieux les atouts inhérents à la salle de bal. Avec un choix de chansons superbes, dont la plupart sont des années 1970, Xavier Giannoli laisse transparaitre l’émotion à travers les regards de son chanteur, ou de sa ravissante danseuse. Les plans sont stupéfiants de beauté, et la sensibilité est à fleur de peu. Quand la technique vient au service de l’histoire et des émotions, le spectateur en sort forcément gagnant !

L’autre bonne idée du scénario aura été de situer le film en province. Loin de Paris, mais également loin des idées reçues et des craintes que nous aurions pu avoir (le réalisateur parisien qui aurait une vision simplifiée de la pauvre province).

Quand j’étais chanteur, outre la rencontre entre deux acteurs géniaux appartenant à deux générations différentes, nous livre une jolie romance, en évitant soigneusement tous les écueils. Une bien belle réussite pour un bien joli film.

Une très belle photo, rendue plus que convenablement par un master très lumineux. Que ce soient les tons clairs de la journée ou les tons plus feutrés des salles de bal, la compression est à la hauteur.

Ce sont surtout les chansons qui sont à l'honneur dans cette bande 5.1. Et la bande effectue très convenablement son travail, rendant grâce à son interprète. Pour le reste, compte tenu du cadre dans lequel se situe le film, en dehors de la musique, il n'y a guère grand chose à relever.

Des menus animés, en musique, agréables et efficaces. Que demander de plus ?

Les bonus privilégient la qualité à la quantité. Un vrai plaisir à découvrir.

Court métrage « dialogue au sommet », de Xavier Giannoli (5min) : introduit par le réalisateur lui-même, ce court métrage est très plaisant. Avec François Cluzet toujours excellent dans le rôle principal.

Reportage sur Alain Chanone (8min) : le chanteur de bal qui a inspiré le réalisateur. Un portrait touchant.

Quand j’étais réalisateur (19min) : Une interview de Xavier Giannoli, pleine d’anecdotes et d’informations intéressantes. On y apprend beaucoup sur le film lui-même, mais également sur le cheminement du réalisateur.

Quand j’étais à Cannes (6min) : un petit montage très sympathique à la bonne humeur et à l’émotion communicatives, entre plateaux télés, montées des marches, projection officielle…

« Les paradis perdus » live à l’Olympia (4min) : interprété par Christophe, bien entendu. Une superbe performance, forcément.

« Ils ont dit moteur », le 33 tours de Gérard Depardieu (10min) : quelques extraits d’un 33 tours qui date du tout début des années 80. Clips minimalistes (on ne voit qu’un gramophone tourner) mais l’effet est réussi.