L'ennemi intime

Algérie 1959. Les opérations militaires s’intensifient. Dans les hautes montagnes Kabyles, Terrien, un lieutenant idéaliste, prend le commandement d’une section de l’armée française. Il y rencontre le sergent Dougnac, un militaire désabusé. Leurs différences et la dure réalité du terrain vont vite mettre à l’épreuve les deux hommes. Perdus dans une guerre qui ne dit pas son nom, ils vont découvrir qu’ils n’ont comme pire ennemi, qu’eux même.

Pour son quatrième film, Florent Emilio Siri (Nid de Guêpe, Une minute de silence) retrouve son acteur fétiche Benoît Magimel (Les chevaliers du ciel, Les rivières pourpres 2), pour, cette fois-çi, explorer les méandres d’un conflit, et surtout ses effets sur les hommes. Ainsi « L’ennemi Intime », n’est pas qu’un simple film de guerre sur la guerre d’Algérie, il est un film qui pose une seule et unique question : Que deviennent les idéaux face à l’horreur d’un conflit ?

En s’appuyant sur un scénario résolument efficace, le réalisateur tente de répondre par les faits à cette question. A l’image d’un « Platoon », « L’ennemi intime » plonge le spectateur dans l’horreur de ce conflit dont on a encore du mal à parler. Un conflit qui comporte son lot d’exactions et que l’on n’hésite plus à montrer du doigt. Ce film nous associe à son héros principal : Le lieutenant Terrien. Nous arrivons dans le cœur de cette histoire, avec nos propres idéaux, vierge de toute inspiration. Le regard féroce parfois, même inquisiteur sur ces soldats qui n’hésitent pas à tirer dans le doute. Puis petit à petit nos convictions sont ébranlées, et l’on commence à douter de  nos certitudes. Que ferions nous à leur place ? Qui peut prétendre être infaillible ? Et finalement, ne sommes nous pas les principaux responsables de ces horreurs ? Nous, pétris de certitudes, fier d’idées qui ne valent rien au cœur de l’horreur. « L’ennemi Intime » traite de ce sujet avec autant de recule qu’il en faut pour ne pas oublier que chacun des camps possédaient ses propres faiblesses. A l’image de ce personnage incroyable, ancien héros de la 2^ème guerre mondiale, venue défendre la France, et qui se retrouve à la combattre pour un semblant de liberté. Un personnage qui explique toute l’horreur de sa situation avec une cigarette : "Tu ne sera jamais tout à fait français et tu n’es plus tout a fait Algérien". Un paradoxe vécu par bon nombre et qui soulève bien des questions.

Soutenu par l’incroyable dualité complice qui se crée entre Benoît Magimel et Albert Dupontel (Bernie, Enfermé dehors), le film fonctionne à merveille et touche sa cible en plein cœur. Les deux comédiens sont littéralement possédés par leurs personnages et ils nous entraînent sans effort dans l’esprit de ces derniers. L’un défendant ses idéaux bien malmenés et l’autre enfermé dans sa souffrance de nombreux conflits. Loin de toute caricature et de tout triomphalisme, les comédiens tentent presque de nous faire oublier qu’ils jouent un partisan volontaire ou involontaire de cette tragédie.

En conclusion, un film magistral qui n’est pas sans rappeler « Platoon ».Soutenu par un jeu d’acteurs imparable et une réalisation impeccable, « L’ennemi Intime » rempli totalement sa mission, qui vise à faire réfléchir le spectateur sur les désastres d’un conflit sur ces hommes.