Au début des années 80, le délégué du deuxième district du Texas, Charlie Wilson, était surtout connu à Washington comme un noceur et un bon vivant accumulant conquêtes et scandales. Mais sa personnalité flamboyante dissimulait un sens aigue de la politique, une solide connaissance de la scène internationale, un patriotisme à toute épreuve et un attachement viscérale aux causes dites perdues. L’Afghanistan serait son plus beau combat….
Comme il le dit si bien lui-même, ce que les américains firent à l’époque en Afghanistan fut une grande réussite, ils ont juste raté la deuxième partie. Rendre hommage à un personnage aussi multiple que Charlie Wilson, pouvait vite se révéler très risqué, tant la représentation que peuvent s’en faire ses compatriotes peut facilement sombrer dans la caricature. Mais cela serait sans compter sur le talent hors pair de Mike Nichols (Qui a peur de Virginia Woolf, Closer, entre adulte consentant) pour nous raconter une histoire sans nous rendre totalement passif. En effet, s’appuyant sur le scénario particulièrement solide d’Aaron Sorkin (Le président et Miss Wade, Des hommes d’honneur), le réalisateur nous plonge littéralement dans l’univers de la politique internationale, en évitant scrupuleusement de sombrer dans les pièges béant que sont : Le pathos, la patriotisme, l’idolâtrie et autre clichés tant répandu dans ce type de situation.
Vien au contraire, Mike Nichols et son scénariste, n’hésite pas à nous entraîner dans une œuvre drôle, satyrique et particulièrement bien rythmée. Aucune baisse de consommation pendant le film, le réalisateur maîtrise son sujet et cela devient très vite une grande leçon de politique extérieure, un incroyable regard juste et parfois corrosif sur l’univers de l’international où toutes les nuances apparaissent finalement au grand jour. Jamais barbant, « La guerre selon Charlie Wilson » nous aide à mieux comprendre les ficelles des négociations entre pays, des tractations constantes, des pièges qu’il faut savoir éviter, etc…
S’appuyant en cela sur un trio d’acteurs particulièrement inspirés, le réalisateur offre à Tom Hanks (il faut sauver le soldat Ryan, Da Vinci Code) par exemple l’un de ses meilleurs rôles, tant la difficulté de jouer cet homme aux multiples facettes est une performance digne des jeux olympiques. Comme on en prend l’habitude maintenant, l’acteur se révèle toujours efficace et parvient à donner une image parfaitement crédible de ce politicien américain hors norme. Quand à Julia Roberts (Erin Brockovich, Ocean’s Eleven), elle retrouve d’un coup le goût de la composition complexe et s’amuse à interpréter cette femme d’affaire, milliardaire et anti-communiste avec autant de nuances que le personnage était haut en couleur. On retrouve la comédienne qui s’était merveilleusement illustré dans « Erin Brockovich ». Mais il est possible que la palme de la meilleure interprétation revienne une fois de plus à Philip Seymour Hoffman (Capote, Magnolia) qui n’en finit plus de nous éblouir par son talent de caméléon et qui cette fois ci, particulièrement méconnaissable, nous offre une composition complètement décalée proche d’un Nick Nolte de l’époque des « 48 Heures », avec une verve incomparable, une présence indémontable, un véritable second rôle en devenir de premier.
En conclusion, « La guerre selon Charlie Wilson » est un nouveau chef-d’œuvre de Mike Nichols qui se permet de nous donner une leçon de politique tout en ne nous laissant jamais passif face à une histoire, mais plutôt en nous forçant à la réflexion. A voir donc et à revoir encore !