Dancing at the Blue Iguana

L'histoire :
Elles sont cinq. Cinq filles sublimes qui dansent tous les soirs au Blue Iguana, un club de strip-tease de Los Angeles. Dans ce temple du charme, les regards se frôlent, les destins se croisent, les rêves naissent et meurent, mais le spectacle ne s'arrête jamais.
La critique :
On pourrait résumer l'histoire à  : vie et travail au Blue Iguana, club de strip-tease. Ici, pas de rebondissements ou de scénario alambiqué mais plutôt "improvisation encadrée". Pour réaliser ce film, Michael Radford a eu l'audace de laisser les comédiens tisser la trame du sujet. Comme il le dit lui même "j'avais sept acteurs mais pas d'histoire, rien d'autre, pas d'idée ...". Simplement les comédiens savaient que que tout allait se passer dans un club de strip-tease de Los Angeles, le Blue Iguana.Comme on le voit dans le documentaire Strip notes, les actrices se sont immergées dans un vrai club pour découvrir ce milieu et les personnes qui y travaillent. Ainsi, des situations, des scènes ou des traits de caractère ont été retenus et présentés au réalisateur durant les dix semaines de répétitions (pour vingt trois jours de tournage). Cette approche conceptuelle ou expérimentale est basée sur les qualitées intrinsèques des acteurs, on comprend alors pourquoi ils remercient tous Michael Radford pour cette expérience unique. 
L'autre caractéristique de ce film réside dans "l'abstraction des corps". Ce n'est pas une règle de physique mais plutôt l'aboutissement de la volonté du réalisateur qui voulait "filmer l'âme de ces filles" derrière leurs corps dénudés. Il y est superbement parvenu, il ressort de ce film une componction inversement proportionnelle au thème central. Les acteurs sont tous crédibles mais les rôles masculins ont un petit peu moins de "consistance". Il y a Stormy "l'incestueuse" (Sheilla Kelley), torturée par ses névroses, Jo (Jennifer Tilly) la toxicomane bisexuelle autodestructrice, Jasmine  (Sandra Oh) la danseuse poetesse, Jessie (Charlotte Ayanna) la lolita qui donne tout à son prince charmant et enfin Angel (Daryl Hannah), la fille stupide au grand coeur. Cette dernière se détache de l'équipe par son interprétation intense et imprégnée d'émotion. A l'inverse Sandra Oh a du mal à convaincre, son personnage est intéressant mais son visage est constamment inexpressif, quelle que soit la scène interprétée.
L'action se déroule pratiquement toujours sur scène et dans les coulisses où les discussions tournent autour du travail, du sexe, de la drogue et de l'argent. Malheureusement les situations s'enchaînent sans pour autant s'imbriquer les unes aux autres, d'où une sensation de "décousu" et de longueur.
La réalisation souffre de la nature "expérimentale" de cette oeuvre, Michael Radford n'est pas à la hauteur de son "Il postino", mais c'est vrai que la comparaison est délicate.
C'est donc un film attachant mais qui manque de ciment entre les scènes et de toute ligne directrice. Les voyeurs passeront leur chemin ou ressortiront Showgirl  (Verhoeven) ou Exotica (Egoyan) mais les autres, qui s'intéressent à l'âme, trouveront un intérêt certain. Il y a fort à parier que les femmes seront plus sensibles au message, mais c'est un film tout public qui, avec ses défauts, nous fait connaître ces strip-teaseuses en dehors des clichés réducteurs habituels.      

La définition, l'équilibre des couleurs et de la luminosité ne sont pas les points forts de l'image de ce DVD. Sans pour autant être mauvaise, elle s'écarte du niveau de qualité habituel sensé être proposé par ce support. La façon de filmer très "brut" (mouvements de caméra intempestifs, tremblements, zooming périlleux) et le traitement de l'image participent, étrangement, à donner de la force à cette oeuvre. De là à dire qu'il suffit d'altérer une image pour qu'un film soit crédible, il y a tout un monde ...

Le Dolby Digital 5.1 est le seul à répondre à l'appel, proposé pour la VO et la VF.
Un petit peu comme l'image, la restitution audio ne s'approche pas de l'excellence. Chacune des deux versions se voit affectée des mêmes défauts : une dynamique inégale, un positionnement des sons approximatif et un manque de détails et de finesse. Les enceintes surround sont assez peu sollicitées. Dans l'ensemble ce n'est pas une catastrophe mais le traitement audio aurait pu participer davantage à la restitution de l'ambiance du club de srtip-tease, dommage ...

Les dessins des menu (animés et sonores) font appel aux néons qui recouvrent les facades des club de strip-tease. C'est assez bien fait même si tout n'est pas toujours facile à lire.

Disque 1 :
- Le film
- Les chapitres 
- Le choix des langues (mais également des sous-titres)
- Les suppléments :
* les commentaires audio : possibilité de sélectionner deux commentaires, soit par le réalisateur, soit par les acteurs (Kelley/Oh/Wisdom). L'intervention de Michael Radford déborde d'informations techniques et artistiques. Le débit de parole mesuré et les informations très souvent pertinentes font de ce commentaire un passage obligé. L'autre sélection propose un trio d'acteurs dont les propos restent captivants, même s'ils ont un peu moins d'intérêt car ils n'apportent que des éclairages anecdotiques. Quoi qu'il en soit  le choix est présent alors il serait dommage de s'en priver !
* liens internet : deux adresses sont proposées
* les bandes annonces : pour un total de 6 minutes en DD 2.0 mais avec la possibilité de les visionner en VF et VO sous-titrée, excellente idée. De surcroit il y a un bon choix : Vérité apparente, Simone, Entre chiens et loups, Les 9 reines. 
- Le matériel promotionnel :
* quatre projets d'affiches (le plus intéressant) et huit photos d'exploitation
* la featurette (DD 2.0 - 13min19 - VO s/titrée Français) : une rubrique bien concue mêlant images du film et interventions des acteurs et du réalisateur.
* la bande annonce (DD 2.0 - 2min11 - VO et VF s/titrée Français) : très efficace

Disque 2 :
- Strip notes : Un documentaire (DD 2.0 - 59 min - VO s/titrée Français) sur les coulisses d'un club de strip-tease, co-réalisé par Daryl Hannah pendant la préparation du tournage du film. La vie des danseuses, leur travail, leurs relations avec le patron du club Gino, sympathique personnage au look mafieux, tout est montré. Le montage, hyper dynamique, alterne les scènes sur scène, dans les coulisses, dans le bureau du boss et au moment des répétitions du film. Une musique branchée et la voix off de Daryl Hannah habillent le tout. Ce qui est troublant, en visionnant ce documentaire, c'est qu'on ne distingue plus les scènes tirées du film avec celles du reportage, preuve s'il en était besoin, que la vision de Michael Radford est proche de la réalité. Un bonus à ne pas manquer !
- Les scènes alternatives : 7 passages sur 9 min30 dont l'intérêt n'est pas évident.
- Les filmographies et les interviews : section assez fournie dans la mesure où la carrière du réalisateur est abordée ainsi que celles des huit protagonistes. Les filmographies sont succintes mais suffisantes, quant aux interviews (Ayanna/Mashkov/Tilly/Hannah/Oh/Wisdom), de part leur contenu et leur caractère enthousiaste et spontanné, elles sont plaisantes à regarder.

En conclusion on peut dire que l'appellation Collector n'est en rien usurpée. Si le film est perfectible, il n'est nullement pénalisé par les bonus, à la fois conséquents et judicieux.