Surnommée Baaria par ses habitants, cette petite ville de la province de Palerme est le théâtre d’une saga familiale qui s’étend sur trois générations. Des années 30 aux années 80, de Cicco à son fils Peppino et à son petit-fils Pietro.
A 54 ans Giuseppe Tornatore fait déjà figure de réalisateur de légende Italien. « Baaria » en suscite d’autant plus l’excitation, qu’il reprend les thèmes chers au réalisateur, les gens simples, la pauvreté et l’art au milieu de tout cela, le tout sur fond d’histoire de l’Italie.
Seulement, même les plus grands peuvent décevoir, et de ce point de vue là, « Baaria » est une catastrophe. Basé sur un scénario un peu léger qui aura la prétention de raconter une histoire monumentale et générationnelle, le film se révèle très rapidement bavard et pesant. Les personnages ne cessent de gesticuler dans tous les sens, ça crie sans trop savoir pourquoi et le spectateur se retrouve d’un coup face à un spectacle épuisant dont il supplie de voir s’afficher le mot « fin ». Fort d’une ambition parfaitement louable, le scénario ne cesse d’accumuler les caricatures de personnages sans jamais totalement développer suffisamment les différentes intrigues. Ainsi le public n’arrive jamais à trouver ses repères et les protagonistes de l’histoire finissent par manquer terriblement de charisme pour être réellement attachant.
La mise en scène de Tornatore s’en ressent d’ailleurs. Le réalisateur semble totalement dépassé par son sujet et ne maitrise plus les éléments, à commencer par ses comédiens qui partent en « roue libre » tout au long du film, rendant ainsi l’émotion à la limite du ridicule, à l’image de la mort du père, scène à laquelle le spectateur pourrait totalement s’identifier tant le visionnage du film ressemble à coup sur à une mise à mort intellectuelle. Le rythme du film est à l’image des personnages : bruyant, hystérique parfois et semble sombrer dans une sorte de léthargie soudaine, pour ensuite repartir dans l’excitation collective. Giuseppe Tornatore tente de nous offrir une peinture de la société Italienne et de son évolution tout au long des différentes décennies qu’elle traverse, mais il ne parvient qu’à accoucher tout au plus d’une caricature.
Et ce n’est pas la distribution qui viendra arranger le péril de ce film. A commencer par Francesco Scianna (Pizza Connection) qui gesticule dans tous les sens, bouge les bras à s’en démembrer et finit très rapidement par épuiser l’auditoire. L’acteur est en roue libre tout au long du film et l’audience ne suit pas. Même constat pour Angelina Molina (Etreintes brisées) qui n’en finit plus de jouer en rectitude pour prouver la grandeur d’âme et la force de son caractère. L’actrice ne parvient jamais à convaincre totalement et le manque de nuance dans son jeu finit par renforcer le trait de la caricature, sans jamais atteindre le but fixé au départ.
En conclusion, le film « Baaria » de Giuseppe Tornatore se voulait une grande fresque historique sur des thèmes chers au réalisateur, il n’en ressort finalement qu’une caricature bruyante et mal construite de la société Italienne. Une accumulation d’image d’Epinal qui finis par lasser à la longue.