L’histoire :
Six histoires placées sous le signe de l’horreur.
Critique subjective :
Produit par Severin Films et Metaluna Productions, The theatre bizarre trouve ses racines dans différentes époques de l’histoire de la représentation horrifique. Sa source la plus ancienne, il la puise du côté du Théâtre du Grand-Guignol, établissement parisien qui, de 1897 à 1963, proposait aux spectateurs des pièces macabres généreusement arrosées d’hémoglobine. Autre source du film : l’anthologie horrifique, un sous-genre qui connut son heure de gloire dans les années 80 / 90 (Creepshow, Darkside, Deux yeux maléfiques, Body bags, etc.) et semble de nouveau avoir le vent en poupe (The ABCs of death, V/H/S, Paris I’ll kill you). Projet intéressant, The theatre bizarre a déjà le mérite d’apporter une petite bouffée d’air frais en une période où s’enchaînent inlassablement remakes, suites, prequels, tortures porns et autres found footages.
Les artisans de The theatre bizarre ? Sept réalisateurs entièrement dévoués au genre : Jeremy Kasten, Richard Stanley, Buddy Giovinazzo, Tom Savini, Douglas Buck, Karim Hussain et David Gregory. Des noms confidentiels pour le spectateur lambda mais évocateurs pour le féru de cinéma d’horreur qui verra ici un juste équilibre entre étoiles montantes et talents confirmés. Simple, le cahier des charges imposé à chacun ne comportait que trois obligations : cultiver un esprit Grand-Guignol (plus ou moins prononcé à l’arrivée), signer un segment inférieur à vingt minutes et respecter un budget serré. En dehors de ces impératifs, une liberté totale. The theatre bizarre fait donc songer à l’expérience Masters of horror, ramenée à l’échelle d’un long-métrage.
Sketch de transition entre les différents segments, Theatre guignol (Jeremy Kasten) ne doit pas être déprécié pour autant. Cultivant une ambiance capiteuse avec son vieux théâtre, ses hommes-pantins et son esthétique bigarrée, il s’impose comme l’un des titres les plus réussis du projet. Constat positif également pour The mother of toads (Richard Stanley), envoûtant récit lovecraftien situé dans les Pyrénées. Œuvre schizoïde sur fond de rupture amoureuse, I love you de Buddy Giovinazzo mérite surtout le coup d’œil pour ses visuels ultra lumineux et la subtilité de son montage. C’est Tom Savini qui signe le canard boiteux de l’anthologie, son Wet dreams ressemblant davantage à un épisode (moyen) des Contes de la crypte. Avec son atmosphère morne et singulière, The accident confirme tout le bien que l’on pense de Douglas Buck, un réalisateur qui explore à nouveau un univers très personnel. Bancal mais intéressant, Vision stains souffre sans doute d’un côté trop ambitieux mais permet de jauger les compétences visuelles de Karim Hussain. Clôturant l’ensemble, Sweets de David Gregory sera malheureusement l’un des opus les plus faibles. Un court poseur et vain.
Constat étonnant, malgré sa « géométrie variable » (personnalités très différentes derrière la caméra), The theatre bizarre affiche plusieurs récurrences : une image pessimiste du couple, un mélange fréquent entre éros et thanatos ainsi qu’un goût prononcé pour les acteurs cultes du genre (Udo Kier, Debbie Rochon, Catriona McColl, Tom Savini). Au-delà des disparités entre les sketches, on relèvera surtout l’impressionnante capacité de certains réalisateurs (Kasten, Stanley, Buck) à créer une ambiance dérangeante en un temps record.
Verdict :
Inégal, The theatre bizarre ne s’impose pas comme un nouveau classique du film d’horreur à sketches mais mérite néanmoins un petit coup d’œil.
- Commentaire audio : L’alternance de commentaires courts et variés donne à l’exercice un côté plus ludique que de coutume. On regrettera cependant une qualité sonore parfois déplorable, certains propos ayant visiblement été recueillis par téléphone.
- Making of (27 minutes) : Supplément intéressant sur la fabrication de trois segments (Mother of toads, The accident, Vision stains).
- Galerie photo.
- Bande annonce (1 minute).
- Lien Internet.