Résumé
Un regard provocateur sur le monde des courses hippiques et du jeu à travers les yeux de divers protagonistes qui gravitent autour d'un hippodrome californien. Chester "Ace" Bernstein (Dustin Hoffman) vient de purger sa peine de 3 ans de prison. Ce dur à cuire associé à Gus Demitriou (Dennis Farina) met au point un stratagème complexe impliquant l'hippodrome de Santa Anita. Les 2 hommes recrutent Turo Escalante (John Ortiz) entraîneur de chevaux à la sinistre réputation. De son côté, Walter Smith (Nick Nolte) s'occupe d'un pur-sang prometteur. Enfin, 4 parieurs peu fréquentables décident de s'associer pour décrocher la mise en pariant juste sur 6 courses consécutives.
Critique
Une histoire de chevaux ?
En prenant place dans le monde des courses de chevaux, Luck permet de mettre en scène tout ce petit monde :les entraîneurs, les jockeys, les agents, les propriétaires de chevaux, les chevaux, les vétérinaires, les propriétaires de chevaux, les parieurs professionnels, les joueurs du dimanche et tout cet écosystème qui tourne autour du monde des courses.
La série s'attache bien évidemment à la plus grande conquête de l'homme : le cheval. Chaque épisode met en scène un ou deux courses. Les artifices de la mise en scène : de magnifiques ralentis, mais surtout, on se retrouve en plein coeur des courses avec l'usage de grues et de voitures. On court littéralement avec les jockeys et les chevaux.
On souffre également avec eux puisque la mort de l'un d'eux est présente dans l'épisode pilote.
Une histoire d'hommes !
Si le cheval sert de fil conducteur, c'est bien les hommes qui sont au coeur de l'histoire. Pour une fois, on évite les premiers de la classe, les personnages sont pour la plupart des "gueules", loin des acteurs qui pourraient faire des couvertures de magazines de mode. Ici, certains personnages bégaient, sont sales, mal habillés ou transpirent. D'autres, plus rares, ont la classe. Enfin une série où le réalisme tient le premier rôle, les personnages sonnent vrai !
Un casting
J'en arrive au casting tout simplement énorme. À la production et réalisation du pilote, on retrouve Michaël Mann (Miami Vice) associé à David Milch pour l'écriture (DeadWood, Hill Street Blues, New York police Blues, Murder One) c'est-à-dire des séries souvent brutes à l'opposé de Mentalist ou Castle.
Pour le casting... jugeons sur pièces :
- Dustin Hoffman en mafieux tout juste sorti de prison qui souhaite prendre sa revanche.
- Dennis Farina (Get Shorty, Snatch, New York Police Judiciaire) homme de main et homme de paille de Dustin Hoffman mais qui démontre encore un exceptionnel talent d'acteur
- Nick Nolte, méconnaissable, en propriétaire de chevaux.
- John Ortiz en entraîneur mexicain qui côtoie Jill Hennessy en vétérinaire
- Richard Kind (Spin City), un agent de jockey complexé et suicidaire. Un rôle très difficile incarné avec brio.
- Kevin Dunn en parieur et propriétaire cloué dans un fauteuil roulant en compagnie de Ian Hart, Ritchie Coster (excellente prestation également) et Jason Gedrick (Desperate Housewives)
- Kerry Condon (Rome) en jockey qui monte réellement en compagnie de Gary Stevens, jockey professionnel, mais adepte de drogues dans la série et Tom Payne
- La mafia est incarnée, entre autres, par Alan Rosenberg et Michael Gambon (Harry Potter, Gosford Park).
Que des acteurs chevronnés avec des rôles taillés sur mesures, avec une vraie profondeur et des répliques qui marquent.
À l'image du casting, la réalisation est de haut vol avec de nombreux décors, une image douce et très chaude (image souvent rouge/orangée) et une bande-son assez brute au relent de blues et de jazz.
Et l'histoire ?
Les 2 premiers épisodes sont assez difficiles à appréhender avec les nombreux personnages et histoires parallèles, mais les suivants se dégustent avec plaisir. Sur la fin, on sent que les producteurs préparent la suite, la saison 2 avec de nouveaux personnages, mais . . .
9 épisodes et puis s'en va. Au moment où j'écris cette critique, Luck ne connaitra pas de seconde saison. HBO a obtenu un succès d'audience modéré, mais 3 accidents causant la mort d'autant de chevaux ont eu lieu durant le temps du tournage. Les producteurs ont mis en place toutes les mesures nécessaires pour éviter les accidents, mais ne peuvent pas garantir qu'il ne s'en produira plus aussi les associations de défense des animaux ont eu Luck dans leur collimateur et incité la chaîne à arrêter les frais.
Du coup, on regrette un épisode de fin qui ouvre tant la voie à une suite et la série, aussi sympathique qu'elle est laisse un goût d'inachevé bien dommage.
Verdict
Il n'en reste pas moins que l'on passe un excellent moment avec Luck, une série qui ne ressemble à aucune autre et qui a fait le pari de casser tous les stéréotypes du genre avec des gueules cassées, des personnages complexes et une histoire qui aurait mérité une suite.
Une image de tout premier ordre avec une colorimétrie saturée, des contrastes impressionnant et compressée avec soin pour les 3 disques.
Notons un doublage de très bonne qualité sur la version française. En français comme en anglais, la qualité de la bande-son est de tout premier ordre. Spatialisation poussée, usage réel des enceintes surround et un caisson de basse qui ne s'arrête pas de fonctionner entre les courses et la bande-son au accent jazzy.