L'argent de poche

 

 

 

 

 

"Les enfants s'ennuient le dimanche. Le dimanche les enfants s'ennuient." Charles Trenet.

 

 

 

 

 

 

 

Synopsis:

 

A Thiers, au mois de juin, les écoliers vivent leurs derniers jours de classe. Deux instituteurs, Jean-François Richet et Mlle Petit se partagent les élèves. Une multitude d'événements nous amènent aux vacances en nous faisant découvrir le monde des enfants : Julien Leclou, le "cas social" qui débarque à l'école quand l'année scolaire est finie. On s'apercevra qu'il est maltraité à la maison. Patrick Desmouceaux est amoureux de la jolie Madame Riffle, la femme du coiffeur et la mère du petit Laurent. Grégory, un bambin resté seul dans une H.L.M. fait une chute de plusieurs étages. Sylvie, privée de restaurant par ses parents, s'arrange pour que les voisins lui fournissent un panier-repas. Au cinéma, Patrick découvre Oscar le siffleur. Dès son plus jeune âge il savait siffler. Il n'apprit jamais à parler. Quelques semaines plus tard, Patrick Desmouceaux est en colonie de vacances. Il échange son premier baiser avec Martine.

 

Critique subjective:

 

En réalisant l’argent de poche, Truffaut a fait le choix résolu de se passer de personnages principaux pour son film. En effet, même si deux enfants sont un peu plus mis en avant que d’autres : Patrick et Julien, il y a de nombreux personnages qui ont tous un rôle important dans plusieurs séquences du film. L’objectif de Truffaut n’était donc pas de réaliser un film, avec des enfants, qui serait comme plus classiquement encadré par la rigueur d’un scénario doté de conflits majeurs, ou mineurs, qui doivent être résolus avant la fin. En fait, il nous propose, en s’abstenant de définir des personnages centraux, plusieurs histoires courtes et chevauchées, presque des anecdotes accolées arbitrairement ou des situations plus ou moins saugrenues dans lesquelles tout spectateur peut se reconnaître. Ainsi, en choisissant de mettre de coté une certaine forme de temporalité, qui aurait pu découler d’une narration plus classique, Truffaut se donne la possibilité de ne pas se limiter à raconter l’histoire de certains et donc de nous proposer le portrait, mis en scène, d’une communauté.

 

A l'époque où Truffaut tournait les 400 coups, l'envie lui était venue de rester toute la durée d'un film dans une classe d'école. L'argent de poche fut donc entièrement tourné dans une véritable école, entre juillet et août 1975, dans le Puy-de-Dôme, à Thiers. Pourtant, si ce n’est pas juste un film avec des enfants, ce n’est pas non plus simplement l’histoire d’une communauté « éducative » qui aurait pris corps avec la classe de Monsieur Richet. Truffaut se propose d’aborder un thème plus général, et qui a une position centrale dans sa filmographie : l’état d’enfance (l’apprentissage et les premières fois). A ce sujet, il avait déjà proposé sa vision du film à un journaliste : « J'ai tourné l'argent de poche sans vedettes, car la véritable vedette d'un film sur les enfants, c'est l'enfance elle-même. Enfin, et c'est évidemment la raison d'être de ce film, je ne me lasse pas de tourner avec des enfants. Tout ce que fait un enfant sur l'écran, il semble le faire pour la première fois et c'est ce qui rend tellement précieuse la pellicule consacrée à filmer de jeunes visages en transformation ».

 

L’argent de poche n’est pas l’élucidation d’une intrigue. Ce n’est pas non plus une tentative d’expliquer ce qu’est l’enfance. L’argent de poche est plutôt comme une volonté quasi picturale de fixer cet état de l’enfance : une manière de léguer aux générations futures une trace intemporelle d’un état propre à l’humain. Tel un peintre, Truffaut trace avec la camera un tableau de la jeunesse. Le film se voit donc tout naturellement doté d’un aspect documentaire évident renforcé par des parts réelles d’improvisation qui ne sont pas exceptionnelles dans le cinéma de la nouvelle vague. En quelque sorte, les enfants étaient naturels devant la caméra parce que non tenus de devoir répéter systématiquement un texte qui leur aurait été imposé. Il en résulte une force incroyable : Truffaut a su trouver une harmonie entre l'enfance éternelle qu'il porte en lui même et la sagesse doublée de l'expérience de l’adulte cinéaste. Ainsi les spectateurs adultes qui regarderont l’argent de poche ne pourront qu’être touchés par ces anecdotes infantiles… Qu’est ce que c’était bien « quand on était petits »...

La qualité de l’image est malheureusement d’une qualité malheureuse. Le master est plein de taches, de traces et de griffes ! Le film manque admirablement de définition. La compression est particulièrement particulière : les arrières plans souvent mal définis et les surfaces uniformes grouillantes.

L’édition nous propose plusieurs pistes assez identiques d’un point de vue technique. C’est donc à la version originale Française que nous nous intéresserons en particulier. Celle-ci dispose d’une dynamique insuffisante, de peu de basses. Finalement d’une gamme de fréquence peu étendue. Une simple équalisation nous aurait permis de re-découvrir ce film. Dommage...

Juste une bande annonce, en anglais, du film...