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lors qu’il semble décidé à mettre fin à ses jours dans la forêt d’Aokigahara, au pied du Mont Fuji, Arthur Brennan se remémore les moments les plus marquants de sa vie de couple : sa rencontre avec sa femme Joan, leur amour, mais aussi l’usure de leur couple et leur éloignement progressif. Paradoxalement, une épreuve dramatique va leur ouvrir les yeux, renforcer leurs sentiments et les réunir à nouveau. Alors qu’il revit ses souvenirs de couple, Arthur réalise comme cette passion a marqué sa vie...
Dans la série des films hypnotiques, voici « Nos souvenirs » de Gus Van Sant, dans un genre que le réalisateur maîtrise comme peu de ses collègues. Celui de l’expérience humaine, du voyage intérieur, psychologique et spirituel. D’une certaine manière il avait déjà prouvé ses grandes qualités dans le genre avec « Elephant » ou encore avec « Gerry », mais dans « Nos Souvenirs », le réalisateur va un peu plus loin en suivant un personnage qui oscille entre voyage spirituel, à la frontière entre le vivant et le mort. Et e la même manière que dans « Gerry », l’environnement est un personnage à part entière du film.
Et le réalisateur utilise toutes les palettes de son talent pour nous transporter dans une aventures où les images ont autant d’importance que les mots et où les lumières viennent offrir un volume que les sons viennent compléter. Avec une intelligence rare, Gus Van Sant explore le subconscient, la douleur d’avoir perdu une moitié de soi. En se basant sur le scénario de l’homme déjà à l’origine du renversant « Buried », le réalisateur film au plus près la douleur de son personnage, puis son cheminement vers l’acceptation et enfin la rédemption. Mais l’intelligence de « Nos Souvenirs », outre de faire une aventure spirituelle avec une idée finalement assez simple et donc fort peu de matière, c’est que le film sait utiliser les éléments qui l’entourent, l’espace, la forêt, qui comme je le disais plus haute se retrouve être un personnage à part entière, elle fonctionne comme une sorte de chrysalide dans laquelle se cache, Arthur Brennan, il va y chercher ses réponses pour ensuite trouver le voie à suivre vers la rédemption.
Et pour mieux donner un sens à son aventure, le héros rencontre un personnage hors du commun : Takumi Nakamura , comme venu de nulle part qui va le suivre pendant un temps dans son pèlerinage, afin de le guider vers le chemin de la sagesse. Tout doucement, le héros va apprendre à se connaitre, à réaliser ce qui lui pèse et surtout comprendre cette forêt magistrale, hors du commun. Une forêt dont on dit qu’elle garde les esprits pour mieux parler aux vivants.
Alors bien sûr pour réussir son film, le réalisateur avait besoin de pouvoir s’appuyer sur des gens de talents, qui soient capable d’incarner, une telle aventure et de lui donner tout sa substance. C’est le cas avec Matthew McConaughey qui depuis « Dallas Buyers Club » sait mieux que personne incarner ses personnages torturés par la maladie ou par le deuil. Loin des bluettes qui l’ont fait connaitre, l’acteur maîtrise la souffrance intérieure et nos montre toute ses facettes. Ici, on s’éloigne de ces personnages physiquement marqué pour aller dans quelque-chose de beaucoup plus ancré mentalement, et encore une fois l’acteur prouve son talent et sa maîtrise. Face à lui Ken Watanabe impose une présence à la fois intrigante et tellement rassurante pour se laisser guider dans cette espace magique, majestueux autant qu’effrayant.
Avec « Nos Souvenirs », Gus Van Sant continue son exploration de la nature humaine dans les situations extrêmes où les esprits s’opposent aux esprits. Un film magnifique, hypnotisant et brillant.