Du CD-I au DVD-I
En 1988, les sociétés Philips et Sony ont tenté de révolutionner le marché des loisirs domestiques en inventant le CD-Interactif. Il s’agissait d’un CD-ROM qui était lisible sur un lecteur spécifique branché sur la télévision et piloté avec une télécommande. Mélangeant vidéos (au format MPEG 1), son et images, le CD-I avait tout pour plaire sur le papier, d’autant que les lecteurs pouvaient lire les CD-Audios et les CD-Photos de Kodak. Mais mal distribué et directement concurrencé par les ordinateurs (plus puissants et plus polyvalents) et les consoles de jeux (moins cher et aux jeux plus sophistiqués), le CD-I ne connut jamais de véritable succès.
Le concept du CD-I n’était toutefois pas très loin de ce qu’on retrouve sur les lecteurs de DVD actuellement : un appareil qui lit des disques optiques de 12 cm, branché sur la télévision et piloté par une télécommande. Les suppléments interactifs que l’on trouve sur de nombreux DVD découlent directement des concepts de jeux mis au point pour le CD-I. C’est pourquoi l’éditeur Universal avait déjà décidé d’aller plus loin que les simples bonus de DVD en proposant un disque entièrement interactif basé sur l’émission à succès : « Qui veut gagner des millions » (lire aussi la critique de ce DVD sur DVDcritiques.com :
http://www.dvdcritiques.com/critiques/dvd_visu.aspx?dvd=1264)
Fort du très grand succès de ce titre, avec plus de 120 000 exemplaires vendus, et face à l’explosion du marché du DVD, avec plus de 60 % des foyers équipés, Universal sort aujourd’hui quatre nouveaux titres en DVD Interactifs. Trois de ces titres ont été créés par la société OUAT Entertainement : « Kirikou », « Adiboud’Chou » et « English Fever ». Cette société est déjà à l’origine de la série d’animation « English Fever » et du jeu vidéo « Kirikou ». Basée à Angoulême, la société a fait appel à des games designer venant du monde du jeu vidéo, à des animateurs de série télévisée et à des graphistes issus de la culture « web ».
Dis pourquoi Kirikou : l’eau et le feu
Destiné aux enfants, ce DVD-I s’inspire du dessin animé « Kirikou et la Sorcière », réalisé par Michel Ocelot, dont il reprend de nombreuses images. Dans cette nouvelle aventure, Kirikou va devoir rejoindre son grand-père afin qu’il lui explique les propriétés de l’eau et du feu. Le spectateur va aider Kirikou dans son périple en réalisant des expériences et en jouant aux jeux proposés tout au long du voyage.
Critique subjective
Très bien réalisé, ce DVD-I est une bonne surprise. Les jeux présentés sont intéressants et présentent souvent trois niveaux de difficultés pour s’adapter aux capacités des enfants. A aucun moment il n’est nécessaire de savoir lire pour jouer, ce qui rend les jeux accessibles même aux plus jeunes. L’idée d’introduire de petites expériences de physiques à faire chez soi, sur les propriétés de l’eau, est excellent et participe bien de la philosophie de « la main à la pâte » en vigueur dans le cycle primaire de l’Education Nationale.
On passe un bon moment avec Kirikou et son environnement, mais on pourra tout de même reprocher au jeu d’être très proche de l’histoire du film « Kirikou et la Sorcière », ce qui enlève la surprise de la découverte à ceux qui l’ont vu (et ils sont nombreux puisque le film a fait plus de 1,5 millions d’entrées !). On regrette aussi la courte durée de l’ensemble, puisque, à moins de refaire les jeux plusieurs fois, l’ensemble ne prend qu’un peu moins d’une heure à un enfant de 8 ans. Enfin, la navigation depuis un lecteur de salon reste relativement lente. Il s’agit toutefois là d’un produit pionnier et les productions futur sauront sûrement améliorer ces détails techniques.