Un temps pour vivre, un temps pour mourir (2 DVD)

Titre Original
Tong nien wang shi
Genre
Pays
Taïwanais (1985)
Date de sortie
jeudi 20 janvier 2005
Durée
131 Min
Réalisateur
Scénaristes
T'ien-wen Chu, Hou Hsiao-Hsien
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Mandarin
Non
Non
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
131 min
Nb Dvd
2


L'histoire :

Evocation des trois périodes de la vie de Ah-Hsiao, surnommé Ah-Ha par sa grand-mère. En 1957 sa famille s'installe dans une petite ville du sud de Taiwan, après avoir quitte la Chine continentale en 1948. L'histoire commence par l'enfance de Ah-Ha qui est marqué par les souvenirs de ses parents, les jeux pleins d'insouciance, puis son adolescente agitée, les premiers émois amoureux et se termine dans les années soixante, dans la désillusion et le chagrin provoque par le décès de ses parents.

Critique subjective :

Hou Hsiao-hsien est né le 8 avril 1947 à Meixian, en Chine. Un an plus tard, il part avec sa famille pour Taïwan où il passera toute son enfance et son sur la côte est de la petite île d’Hualien. Son père meurt alors qu'il a 12 ans et sa mère succombe d'un cancer de la gorge en 1965. En 1969, libéré du service militaire, Hou Hsiao-hsien s'inscrit à l'Académie Nationale des Arts de Taïwan pour étudier le cinéma dont il est Diplômé en 1972. Il exerce divers petits métiers avant de se consacrer au cinéma, d'abord en travaillant comme script-boy, puis comme assistant réalisateur de Li Hsing et Lai Cheng-ying, pour lesquels il écrit aussi des scénarios. Quelque temps plus tard, il s'associe au directeur de la photographie Chen Kun-hou et se lance dans la mise en scène.

Il réalise son premier film, Cute Girls, en 1980 suivie par Vent folatre (1981) et L' Herbe verte de chez nous ( The Green, Green Grass of Home, 1982), qui est nommé aux Golden Horse Awards à Taiwan. Il se fera connaître au niveau international, avec ses deux films Les garçons de Fengkuei (1984) et Un été chez grand-père (1985), tous deux sélectionnés au Festival des Trois Continents de Nantes. Le film autobiographique Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985), lui permet de remporter le Prix de la Critique internationale au Festival de Berlin en 1985. Poussières dans le vent et La Fille du Nil (1988) le font reconnaître comme un des cinéastes les plus innovateurs du monde et La cité des douleurs (1993), remporte le Lion d'or au Festival de Venise en 1989, tandis que Le maître des marionnettes (1995) remporte le Prix du jury au Festival de Cannes en 1993. Il réalise ensuite Good Men, Good Women (1995), Goodbye South Goodbye (1996), Les fleurs de Shanghai (1998) et Millennium Mambo (2001). Ces deux derniers films sont Enjoying coffee with a chat (2003) et Café lumière (2004). Olivier Assayas, fidèle admirateur, lui a consacré, en 1998, un documentaire sorti en salles, intitulé HHH.

Hou Hsiao-hsien tient une place tout particulière dans le paysage du cinéma Taiwanais et mondial depuis quelques années car il est à l’origine avec trois autres réalisateurs (Jen, Tseng Chuang-hsiang, Wu Nien-chen) d’une nouvelle vague taiwanaise qui a produit plusieurs films fondateurs. Ces quatre nouveaux réalisateurs ont créé une nouvelle manière de faire du cinéma en rupture avec le cinéma national avec trois films en particulier, In Our Time de Tao dechen, Edward Yang, Ko I-Cheng et  Zhang yi, (Guangyin de gushi, 1982) qui sera suivi par Growing Up (1983) réalisé par Chen Kunhou et The Sandwich Man (1983), film collectif réalisé par trois jeunes metteurs en scène dont Hou Hsiao-hsien. The Sandwich Man est composé de trois histoires distinctes qui peuvent être vues comme la marque distinctive du Nouveau Cinéma. L’élan créatif initié par la nouvelle vague se poursuit encore aujourd’hui avec des réalisateurs plus jeunes. Hou Hisiao-Hsien est considéré par les critiques comme le réalisateur le plus représentatif du cinéma taïwanais ce qui lui a valu d’avoir été nommé à l’époque de la nouvelle vague, Pope des réalisateurs ce qui créait une vraie tourmente de l’opinion.

Dans le DVD bonus et le reportage très instructif, on apprend que pendant que les anciens réalisateurs Li Hsing, Pai Ching-jui et King Hu tournaient Réincarnation (1982), le CMPC (Central Motion Picture Corporation) tournait  L’homme sandwich (1983) avec Hou Hsiao-hsien, Wan Jen et Tseng Chuang-hsiang qui en réalisait chacun une partie. Li Hsing en parle comme d’un duel entre l’ancienne et la nouvelle génération. La nouvelle vague a permis de remplacer un cinéma cher et peu rentable qui ne plaisait plus. Elle a émergée en meêm temps qu'une classe moyenne a Taiwan. Cette liberté nouvelle qui se permettait de faire des allusions à la pauvreté mettait le gouvernement sur les nerfs.

Il faut dire qu’aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, Taiwan qui est aux mains des nationalistes chinois du maréchal Tchang Kai-Chek, instaure une loi martiale sévère. Le gouvernement soutient alors un réalisme cinématographique « sain » afin de soulager le peuple en ne retenant que le versant positif  des choses avec le chinois mandarin comme langue officielle. A cette époque les films en taïwanais à petit budget sont littéralement écrasés par les films en mandarin subventionnés par le gouvernement. Mais les années 70 et l’évolution socio-économique rapide de Taiwan appuyé par l’écrasante pénétration du marché cinématographique de Hong kong amène le CMPC a remplacé le réalisme sain par les mélodrames romantiques. Le public se lasse cependant assez vite de ce nouveau cinéma contrôlé par le gouvernement et c’est dans ce contexte que le CMPC fait appel aux jeunes réalisateurs qui font parti de la nouvelle vague. Le défaut de la nouvelle vague Taiwanaise est peut-être bien de ne pas avoir été capable de produire des stars représentatives cette époque de 10 années de création où brillaient surtout 4 réalisateurs exposant leur propre style. Ceci s’explique peut-être par le fait qu’utiliser des stars mettait une certaine pression car les réalisateurs de la nouvelle vague n’arrêtaient pas de bousculer les habitudes de tournages à l’instar de la nouvelle vague française.

Pour son film autobiographique, Un temps pour vivre, un temps pour mourir, Hou Hsiao-hsien a choisit l’acteur Tien Feng (Tin Fung) pour incarner son père. Tien Feng a une filmographie fournit. Ainsi on a pu le voir dans différentes productions de la Shaw Brother comme Temple of the Red Lotus(1965), The Twin Swords(1969), One Armed Swordsman(Un seul bras les tua tous,1966), The Assassin(1967), Return of the One Armed Swordsman(Le Bras de la Vengeance ). Dès les années 70, il sera beaucoup utilisé dans les films de kung fu, tournant même avec son ambassadeur le plus illustre, Bruce Lee (Fist of Fury). Il travaille aussi aux côtés de Chow Yun Fat et Daniel Lee dans Killers Two de chuen Chan (1981). A partir de 1982, Tien Feng se fera plus discret, mais parviendra néanmoins à obtenir de petits rôles dans certaines productions d’envergure A Better Tomorrow de John Woo (1986), Mr Canton and Lady Rose de et avec  Jackie Chan (1989), God of Gamblers III de Wong Jing (1991) et Green Snake de Tsui Hark avec Maggie Cheung. L’actrice Shufen Xin ne fait pas état d’une grande carrière mais est présente sur deux autres films réalisés par Hou Hsiao-hsien dont La Cite des douleurs (1989) et Poussières dans le vent (1986).

Le film démarre avec la voix off du héros et des images qui posent le décor de la maison d’enfance, d’abord vide comme la chaise du père puis petit à petit le passé se recompose et les personnages sont là. Le père à son bureau, la mère à la cuisine aidée par sa fille, les deux frères qui se chamaillent et la grand-mère qui cherche Ah-Ha en criant son nom dans la rue. Très vite la durée prend corps et les personnages de l’épaisseur. Des scènes de vie partagées et d’autres plus secrètes que seul le cinéma peut faire survenir dans le même plan et le même temps se déroulent selon une linéarité imparable. Très vite on expérimente au côté de Ah-Ha l’étrangeté de l’objet perdu.  Un temps pour vivre, un temps pour mourir c’est aussi l’évocation de l’égarement, de la perte et de la disparition. Ah-Ha ne retrouve plus ses billes et l’argent volé à ses parents qu’il avait enterré dans un trou, sa grand-mère se perd pendant des heures, oubliant le chemin pour rentrer à la maison. Elle essaye de se souvenir du chemin pour renter en Chine mais semble l’avoir aussi égarer dans la nébuleuse des souvenirs d’une vie.

Un temps pour vivre, un temps pour mourir est une petite fabrique de temps et une boite à souvenir. Hou Hsiao-hsien nous livre les souvenirs de son enfance en un seul bloc de durée où les transitions paraissent inutiles. L’enfance de Ah-Ha  s’efface devant l’adolescence juste par une transition cut et les derniers pleurs de la mère. Comme l’on éteint la lumière avant de partir, le père de Ah-Ha décède à la faveur d’une coupure de courant impromptue. La mère meurt quelques années plus tard d’un cancer de la gorge, fin difficile et douloureuse comme celle du père qu’on peut enfin toucher sur son lit de mort. Les enfants apprendrons par une lettre testament que leur père était en fait atteint d’une maladie grave l’obligeant à réduire les contacts directs avec sa famille. Les affections des parents repliées dans un recoin de l’histoire et couchées dans une lettre testament se rappellent à la famille. La mort de la grand-mère intervient de manière suffisamment discrète pour que seules les fourmis qui évoluent sur sa main ne la signalent. L’histoire de la grand-mère est particulièrement touchante car elle résume à elle seule le drame de l’oubli du chemin pour le retour au pays natal, la Chine. Elle est vieille et a une mémoire défectueuse. Comment retourner s’incliner au temple des ancêtres lui demande Ah-Ha.

Ce film est le véhicule pour voyager dans sa propre enfance, entre le machouillage de bâton de canne à sucre en famille, puis le jeu de billes avec les copains. Hou Hsiao-hsien pose un à un les fragments de sa mémoire, nous invite non sans une certaine pudeur à une proximité familière avec les personnages de la famille. Si la musique est discrète et nostalgique c’est pour mieux laisser le passé embaumer le présent et marquer la tendresse avec laquelle le réalisateur accompagne son film ; un événement renouvelé se produit sur l’écran. Les personnages sont des points de référence de l’univers familial où on ne peut craindre ni lenteur, ni ennuis ; il n’y a que le temps que l’on donne vraiment et Hou Hsiao-hsien est généreux. 

Verdict :

Un temps pour vivre, un temps pour mourir est un film autobiographique qui invite à se plonger dans le faisceau émotionnel et nostalgique d’une enfance. Hou Hsiao-hsien qui sait certainement que le cinéma est une machine à créer du temps, creuse la ligne du temps pour  mieux immerger le spectateur dans l’intimité familiale. Un vaisseau pour remonter le temps à la source où l’on retrouve la trace des objets perdus.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.77:1

Le master est de qualité moyenne et inégale ce qui se traduit par la présence de tâches blanches et noires, de poussières et de lignes verticales.
On constate aussi que l’image saute un peu au début comme si on assistait à une projection cinéma. Heureusement cela ne persiste pas et ne se manifeste pas de manière constante et continue. On a cependant un bon contraste, une définition correcte et un rendu des couleurs qui semblent fidèle au master. La compression est plutôt correcte et on en remarque que des effets de scintillements sur certains détails.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Mandarin
1.0

On a une piste audio Dolby Digital 2.0 mono très frontale et sans relief. C’est moyen mais suffisant.
Le film est monotone et il n’aurait servit à rien d’avoir une piste audio 5.1 mais une bonne stéréo aurait pu permettre de jouer avec la spatialisation pour certaines scènes comme quand les chevaux traversent la rue.
Pour le DVD bonus on a une piste Dolby Digital 2.0 assez moyenne.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
113 min
Boitier
Digipack


DVD 1 :
Filmographie de Hou Hsiao-hsien
Bandes-annonces One plus one :
- Shower
- Betelnut Beauty
- Beijing Bicycle
- Suhzou River

DVD 2 : (113 mn environ avec un chargement au milieu)
Le deuxième DVD Bonus propose le documentaire Our Time Our Story réalisé par Hsiao Hu-Chen.
Un documentaire : Our Time Our Story : composé d'interviews des plus grands réalisateurs et des principaux protagonistes du cinéma taiwanais, d'extraits de films et de reportages, ce dvd nous permet de découvrir les origines et l'apogée de la nouvelle vague du cinéma taiwanais et nous aide à mieux comprendre ce cinéma au travers des événements historiques les plus marquants de Taiwan.

Menus du DVD Bonus
Ce DVD n’a ni interface, ni chapitrage, le documentaire se lançant automatiquement.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
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