L'histoire :
Après l'assassinat de son père et de ses amis par les Mandchous, un jeune homme, Fong Sai Yuk, demande refuge aux moines du temple Shaolin. Parallèlement, un groupe de soldats dont le régiment a été décimé par l'armée de l'empereur arrive dans ce lieu sacré du bouddhisme et des arts martiaux. Ils s'entraîneront patiemment pour préparer leur vengeance. Mais des traîtres se sont infiltrés...
Critique subjective :
Après Wild Side Video qui a sorti
Trio magnifique (1966),
Frères de sang (1973),
2 Héros (1974),
Le retour de l’hirondelle d’or (1968) La rage du Tigre (1971,
critique cinéma) ou encore
La Trilogie du sabreur manchot de
Chang Cheh en version restaurée par les bons soins de Celestial Pictures, c’est au tour de l’éditeur CTV de proposer une sélection de plusieurs films de la Shaw Brothers.
CTV nous propose de découvrir Shaolin Temple (1976) qui sort en même temps que
Vengeance (1970) de Chang Cheh ,
Intimate Confessions of a Chinese Courtesan de Chu Yuan ou
The Super Inframan de Hua Shan.
Chang Cheh conserve une grande importance dans le cinéma HK et mondiale car il est le père de deux genres essentiels du cinéma d'arts martiaux ; le Wu Xia Pian (film de sabre) nouvelle manière (dont Tigre et dragon est un avatar) et
le kung-Fu Pian (film d’arts martiaux) de Shaolin (réactualisé plus tard par Jet Li). Shaolin Temple relève donc de ce deuxième genre qui décrit un la destruction historique du temple de Shaolin mais avec quelques fantaisies de la part de Chang Cheh. Parmi celle-ci on, la mort de Hung Hsi-Kuang est particulièrement fantaisiste puisque le vrai Hung Hsi-Kuang a survécu à cette attaque du temple. On note aussi la présente du personnage de Fang Shi-yu (selon Christophe Champclaux on compte une trentaine de film portant sur ce personnage emblématique) qui est interprété par Alexander Fu Sheng. La supposée vieille none en méditation devant le mur serait sa mère et demande à
David Chiang et
Ti Lung de veiller sur lui tandis qu’il s’apprête à fuir le temple.
Alexander Fu Sheng (Les 8 Diagrammes de Wu-Lang, 1983 de Liu Chia-liang) partageait l’affiche avec l'authentique champion de kung-fu,
Chen Kuan-Tai (Le justicier de Shanghai) dans
2 Héros (1974). Dans ce film
Alexander Fu Sheng interprétait déjà, Fang Shi-yu qui livrait Hung Hsi-kuan (interprété cette fois par Chen Kuan-Tai) à l’ennemi avant de se rendre compte de son erreur, faisant ainsi preuve d’une grande légèreté. Le personnage avait déjà cette espèce de légèreté et de fantaisie que l’on retrouve dans Shaolin Temple et dans tous les films de la tétralogie Shaolin.
C’est sous l’influence de son chorégraphe Liu Chia-liang (La 36ème Chambre de Shaolin, 1978), que 2 Héros devient le premier film de Chang Cheh consacré à des figures légendaires de Shaolin. Heroes Two, (2 Héros) ouvre la "tétralogie Shaolin" que Chang Cheh réalise en 1974 et qui compte également Men From The Monastery, Shaolin Martial Arts et Five Shaolin Masters. Le Shaolin kung-fu, puise ses racines dans la tradition de la boxe cantonaise, spécialité des chorégraphes Liu Chia-liang et Tang Chia. Shaolin Temple clos un cycle où l’on découvre un Chang Cheh diminué sur le plan créatif. Le scénario bancal auquel il faut rajouter de nombreuses fantaisies historiques pas forcément heureuses et les chorégraphies parfois très moyennes sans la présence du chorégraphe de l’excellence, Liu Chia-lang conduisent à un film qui marque une phase du déclin dans le cinéma de Chang Cheh. Les chorégraphies qui ont été confiées à Hsieh Hsing et Chen Hsin-I manquent de surprise et le grand affrontement final est assez brouillon ce à quoi Chang Cheh ne nous a pas habitué.
Shaolin temple c’est la fin d’un cycle et le film souffre de la comparaison avec les premiers films sur Shaolin plus fidèles à la vérité historique : Heroes Two (Fang Shiyu xing Hong Xiguan, 1974) et Men from the monastery (Shao Lin zi di, 1974). Le film pose un problème d’ordre historique car les archéologues arrivent à retrouver des traces d’un incendie vieux de 2500 ans mais pas de trois siècles. Toute l’histoire de Shaolin (celle qui est relatée dans les films de Chang Cheh) se situe au 18 ème siècle, une histoire très obscure dont il ne reste pas de traces. Cela implique que l’on ignore ce qui est vrai car tout repose sur de la tradition orale dont toutes les histoires ont été fixée à la fin 19 ème siècle.
De plus, Chang Cheh mélange deux époques, des personnages d’époques différentes se croisent et deux traditions se rencontrent. Ce qui peut s’avérer intéressant pour une intrigue, crée dans Shaolin Temple un peu plus de confusion dans un scénario déjà mal équilibré.
Le film s’ouvre sur la grande cour du temple où s’entraîne plusieurs dizaines de moines Shaolin qui exécutent les mêmes mouvements avec la rigueur d’une ballet et une discipline toute martiale. Cette scènes d’ouverture très belle sera à mettre en balance avec d’autres passages beaucoup moins réussis mais
on trouve quelques beaux moments dans Shaolin Temple comme quand Fang Shi-yu (Kuan-Chun Chi) s’entraîne et exécute toutes les figures du Kung-Fu Shaolin dans un sous-sol dont les murs sont recouvert de bas –reliefs figurant les animaux totem qui donne leur nom aux différents styles. Le moment où le vieux moine qui s’occupe du feu en cuisine fend une bûche de pin en deux avec une facilité déconcertante alors que sa main semble déformée par l’arthrite reflète parfaitement la dimension martiale du moine Shaolin.
Verdict :
Shaolin Temple marque la fin du cycle sur le Kung Fu Shaolin entamé par Chang Cheh sous l’influence de son chorégraphe Liu Chia-liang (La 36ème Chambre de Shaolin, 1978). On découvre un film où se retrouve de nombreux acteurs favoris de Chang Cheh mais privés du talent de chorégraphe de Liu Chia-liang ce qui conduit à un film alternant des scènes où Chang Cheh parvient à filmer de beaux moments qui ne nécessitent pas de chorégraphie poussée tandis que les grands affrontements comme la bataille finale souffrent d’une chorégraphie brouillon. Mais cela n’arrêtera probablement pas les fans.