Rêves

L’histoire

Avec Rêves, le plus grand réalisateur nippon nous invite à partager plusieurs de ses songes.

Critique subjective

Comptant parmi les derniers faits d’armes du maître (suivront Rhapsodie en août et Madadayo), Rêves constitue un titre à part dans la filmographie d’Akira Kurosawa. Yume est en effet son seul film à sketches, son oeuvre la plus onirique et probablement aussi la plus autobiographique. L’un des producteurs de Rêves n’est autre qu’un certain Steven Spielberg, preuve s’il en est que Kurosawa, cinéaste majeur, est cher à d’autres grands.

Rêves se compose de huit segments (Soleil sous la pluie, Le verger aux pêchers, La tempête de neige, Le tunnel, Les corbeaux, Le mont Fuji en rouge, Les démons rugissants, Le village des moulins à eau) retranscrivant des songes faits par Kurosawa à différents moments de sa vie. Il y est logiquement question de l’enfance, de la guerre, de la peinture (l’une des passions du sensei) et de l’approche de la mort (rappelons que Kurosawa est alors âgé de quatre-vingt ans). Dès lors, le ton évolue parfois beaucoup d’un segment à l’autre, allant du désespoir à la joie, de l’inquiétude à la bonhomie. Le point commun entre ces petites fables est l’écologie, le métrage tout entier résonnant comme une ode à la nature. « Les gens d’aujourd’hui ont oublié qu’ils étaient parcelle de la nature » énonce un vieil homme dans Le village des moulins à eau, la phrase résume le propos du film. Au fil des sketches, on aborde ce que l’Homme peut faire de mieux (vivre en harmonie avec la nature) comme de pire (l’altérer). Il y est notamment question des dangers du nucléaire, un thème que Kurosawa abordera de façon poignante dans son film suivant, Rhapsodie en août.

Signant une mise en scène splendide, Akira Kurosawa confère à son film une véritable puissance picturale. La composition du cadre, le jeu sur les profondeurs de champ et sur les textures forcent le respect, mais c’est surtout la parfaite utilisation des couleurs qui éblouit. Le métrage oscille ainsi entre teintes chatoyantes (une forêt aux arbres vénérables, un verger au printemps, un champ de blé, un village baigné de soleil estival) à des tonalités grisâtres et mornes (tempête de neige en montagne, abords d’un tunnel, paysage volcanique). Il va sans dire que les images marquantes ne manquent pas (démons cornus se tordant de douleur, village semblant être posé sur l’eau, etc.).

Verdict

S’il séduit visuellement et qu’il dispense un bien noble message, Yume est avant tout une vibrante invitation à la rêverie. Pas le meilleur titre de Kurosawa mais sans hésitation un très bon film.

Une qualité vidéo de bonne tenue pour un métrage datant de 1990. Il va sans dire que le principal défi était de parvenir à un rendu fidèle des couleurs, c’est heureusement chose faite avec une saturation pointue. L’image est nette et la compression sait se faire discrète. Si l’ensemble n’est pas parfait (on n’atteint pas la précision d’image d’un titre récent), la qualité est au rendez-vous.

Deux pistes Dolby Digital 2.0 (version originale en japonais et version française) fort fréquentables. Le rendu sonore est agréablement puissant et les différents éléments bien dosés même si la musique est parfois un peu trop dominante. Si les doublages français sont corrects, on préfèrera la piste en version originale, plus harmonieuse à tous les points de vue.

 

Aucun supplément.