Dodes'Kaden

Pays
Japon (1970)
Date de sortie
mercredi 21 juin 2006
Durée
140 Min
Réalisateur
Producteurs
Toho, Yonki no Kai
Scénaristes
Shinobu Hashimoto, Akira Kurosawa, Hideo Oguni d’après le roman de Shugoro Yamamoto
Compositeur
Toru Takemitsu
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Japonais
Non
Non
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
140 min
Nb Dvd
2


L'histoire :

Rokuchan, un jeune garçon, s'imagine aux commandes d'un tramway. Le médecin du quartier, lui, refuse de dénoncer un voleur, sauve un désespéré, désarme un ivrogne... Autant d'exclus et de rêveurs dont les destins vont peu à peu se croiser...

Critique artistique :

De Akira Kurosawa l’on se rappelle certainement des 7 Samouraïs (1945) mais aussi Rashomon (1950), L'Idiot (1951), Vivre (1952), La forteresse cachée (1958), Kagemusha, l'ombre du guerrier (1980) ou Ran (1985). La filmographie du réalisateur nippon est assez riche et on lui compte notamment le scénario du film Après la pluie (1999), réalisé par Takashi Koizumi, son assistant durant de nombreuses années et coproduit par Elie Chouraqui. Parmi ses films, Dodes’Kaden marque l’utilisation de la couleur par Akira Kurosawa qui revenait à la réalisation après l’échec du projet de réalisation du film Tiger. A partir des années 70 et de l'échec commercial cinglant de Dodes’kaden qui entraîne la faillite de sa société de production, Kurosawa éprouve de plus en plus de mal à faire ses films au Japon. Son film suivant, L'Aigle de la Taiga (1975), oscar du meilleur film étranger en 1975, est produit par la société soviétique Mosfilm. Pour Akira Kurosawa, « créer une œuvre c’est la plus belle des choses » ce qu’il va faire jusqu’à la fin.

Que la couleur soit et la couleur fut. Avec Dodes‘Kaden, Kurosawa passe à la couleur après avoir réalisé 23 films en 22 ans et 5 ans après son dernier film Barberousse (1965) dont il disait que c’était son film somme. Alors, le réalisateur était le chef de file du cinéma japonais et jouissait d’une reconnaissance internationale mais son projet suivant, Runaway Train qui devait être tourné en couleur et permettait au réalisateur de s’introduire au film d’action non stop a marqué le début d’une période difficile. A ce projet avorté, a succédé un autre projet Tora ! Tora ! Tora ! (1967) auquel il prit part avec enthousiasme mais dont il a été écarté brusquement par la production qui n’appréciait pas sa manière de travailler. Ainsi ce géant du cinéma a traversé 5 années sans pouvoir finaliser le moindre film. L’on comprend à quel point Dodes’Kaden a pu constituer un enjeux considérable dans sa carrière qui aurait pu être mise entre parenthèse pendant de longues années.

En 1969 cependant, la société Yonki No Kai (les 4 cavaliers) est créé pour soutenir le cinéma japonais et kurosawa va ainsi pouvoir réaliser Dodes’Kaden en adaptant le roman Quartier sans soleil de Yamamoto Shugoro. Pour l’occasion il retrouve sa vieille équipe de collaborateurs et entreprend un film qui doit être réalisé avec un budget très serré et livré dans les temps alors qu’il utilise pour la première fois la couleur. Le film s’avère pratiquement en avance sur son temps, le public n’adhérent pas à la palette riche et flamboyante. Au final le film est tourné en 28 jours au lieu des 44 prévus par le plan de travail. Dodes’Kaden est un film où Kurosawa recycle ses obsessions sociologiques mettant en scène des personnages de la rue vivant dans un bidonville associé à une exploration psychologique affûtée des caractères qui rend la galerie de portrait de Dodes’Kaden particulièrement captivante à suivre. Roku-chan qui est un authentique toqué de train n’est ni plus ni moins que la figure de l’idiot parfait, obsédé par les trains, tandis que le bidonville abrite une faune haute en couleur de personnages fantasques comme le père et son fils dont le passe-temps consiste à imaginer la maison idéale, les différentes épouses dotées de caractères bien trempés, le vieux qui représente sans doute la sagesse des aînés.

Ce fou de train est un fou de cinéma, Roku-chan c’est Kurosawa dit la scripte de Kurosawa en parlant de Dodes’Kaden. Il ne fait pas le moindre doute que le train par lequel le spectateur rentre et sort du film avec Roku-chan, le toqué de Train, c’et Kurosawa qui invite dans son univers où la pellicule défile avec le même son entêtant des wagons sur les railles. D’ailleurs, le train de Roku-Chan manque d’écraser un peintre qui s’est installé sur son chemin. Dodes’kaden parle de cinéma, de la palette colorée d’une peintre qui n’est autre que Kurosawa, peintre lui-même comme son héros qui dessine de nombreux dessin de train et qui tel un sculpteur conduit une locomotive invisible, l’objet invisible de la sculpture qu’un Constantin Brancusi ne renierait certainement pas. Akira Kurosawa s’exprime dans les bonus en expliquant qu’il «voulait remettre sur les rails le petit train de ses rêves » ce qu’il fait littéralement dans Dodes’Kaden, film manifeste annonçant la couleur que Kurosawa ne quittera plus et film évoquant la vision d’un créateur s’imprimant dans l’imaginaire de ses personnages. Kurosawa est de ces animaux cinématographiques qui ne devraient mourir qu’en criant « Action » ce qu’il a en quelque sorte pu obtenir. Il semble qu’en dépit de son décès, son oeuvre se prolonge avec des réalisations posthumes et au travers de ces deux enfants Kazuko Kurosawa, sa fille cotumière à la quelle il a mis le pied à l’étrier et Hisao Kurosawa, son fils producteur qui va réaliser Oni un film basé sur une scénario de son père.

Verdict :

Cette édition DVD de Dodes’Kaden est une très bonne occasion de découvrir le film probablement le plus original et étonnant de la filmographie d’akira Kurosawa. Si vous avez vu ses premiers films en noir et blanc et notamment des films comme Les 7 samouraïs, fresque incroyable de 4 heures, découvrir Dodes’Kaden vous fera probablement l’effet d’une révélation de la vision d’un créateur qui livre ici un manifeste de la couleur doublé d’un hymne à la joie de créer.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.33:1

Cette nouvelle édition de Dosdes’Kaden après celle très appréciée de Arte vidéo reste très honorable et présente de nouveaux master restaurés. Comme on pouvait s’y attendre, on a un beau master, très propre avec une compression impeccable. La définition tient parfaitement la route ce qui permet d’observer le visage des personnages en gros plan aussi nettement que les arrières plans riches en détails du terrain vague sans que l’on ne décèle de défauts particuliers. On note cependant des bavures lumineuses des pierres sur le pantalon de Roku-chan quand il inspecte son train à la 8ème minute. Ceci semble venir de la prise de vue mais ça n’est pas aisé de le certifier. Cela reste cependant peu gênant. La colorimétrie est le point sensible d’un tel master pour un film qui explore avec panache la palette colorée qui germe dans l’œil d’un peintre et cinéaste comme Kurosawa. Les couleurs sont très bien rendues bien que l’on puisse discuter du niveau de saturation de certaines couleurs. A mon avis cela reste tout suggestif d’autant que sur certains passages la flamboyance des couleurs est très surprenant (voir le rouge et le jaune des deux couples dont les maris vont changer de maison ou les visions de la maison idéale et imaginaire de l’homme avec son fils) et on ne s’étonne pas que le public ait pu être dérouté par une telle explosion de couleurs dans un film que l’on peut considérer comme un peu en avance sur son temps et en rupture avec le noir et blanc auquel il était habitué jusqu’alors en particulier avec les films précédant du réalisateur.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Japonais
2.0

Cette édition DVD de Dosdes’Kaden est livrée avec sa pite audio d’origine soit une bonne vieille piste audio en VO Japonais 2.0 mono (192 Kbps), très frontale mais qui a décidément beaucoup de coffre. En mode 5.1 le son est très central tandis qu’il repasse sur une latéralisation stéréo si on désactive les surround. Dans tous les cas la piste procure une bonne expérience sonore compte tenu de sa nature.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
92 min
Boitier
Digipack


Bonus DVD film :

- Bande-annonce (3mn 24) : une bande annonce assez originale et intéressante par ce qu’on peut y voir Akira Kurosawa et une partie de son équipe en train de tourner quelques images. En bref, une sorte de bande annonce qui mélange des images du film et des images de making of ce qui n’est pas très courant actuellement où le marketing peaufine teaser et bande annonce tandis que les making of fleurissent dans les chaînes spécialisées et dans les bonus DVD.

Bonus DVD :

- Kurosawa en couleur (36mn 22)
Le document commence par Akira Kurosawa qui dit « Un très bon film c’est amusant. Ce n’est pas très compliqué» car selon lui c’est facile et divertissant. On veut bien le croire quand on voit la qualité de ses films et en particulier la poésie folle de Dodes’Kaden. Dans ce bonus, on nous livre un portrait du réalisateur dont est retracé la carrière à l’aide de photographies, interviews et extraits de films mixés tandis qu’une voix off raconte l’histoire du maître et son amour du cinéma. Car Kurosawa croyait dans le pouvoir du cinéma et ne vivait que pour cet art de l’image-temps et de l’image-mouvement. On découvre ici 55 ans d’une vie passionnée, d’une carrière riche de 30 films et quelques autres scénarios dont certains posthumes mais surtout on parle du Kurosawa qui passe à la couleur non sans difficultés. En effet on apprend qu’un de ses projets, Runaway Train qui devait être son premier film en couleur à avorté quelques temps avant qu’il n’arrive à tourné Dodes’Kaden.

- Kurosawa par Kurosawa : entretien avec son fils, Hisao Kurosawa (13mn 12)
Un document assez poignant où le fils d’Akira Kurosawa parle de son père, de la fin de sa vie et de la société de production qu’il a créé afin de produire les films de son père. Hisao Kurosawa s’est en quelque mis au service de son père en l’allégeant du tracas de la production afin qu’il puisse faire ce qu’il aimait par dessus tout, créer même si cela impliquait une forme d’égoïsme.

- Kurosawa par Kurosawa : entretien avec sa fille, Kazuko Kurosawa (39mn 29) qui évoque avec beaucoup de souvenir tant personnels que professionnels son père, sa vie, ses films. Un beau portrait de Kurosawa par sa fille qui travaille aussi dans le cinéma en tant que costumière, métier qu’elle a débuté avec son père.

- Galerie photos : 25 planches : pas vraiment de surprise et peu d’intérêt.

Menus
Les menus sont à la fois simples, efficaces et très colorés à l’image de la palette exceptionnelle que le peintre réalisateur Kurosawa a explorée.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
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Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage