Vivre dans la peur

Titre Original
Ikimono no kiroku
Genre
Pays
Japon (1955)
Date de sortie
vendredi 3 novembre 2006
Durée
99 Min
Réalisateur
Producteurs
Sojiro Motoki
Scénaristes
Akira Kurosawa
Compositeur
Fumio Hayasaka
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Japonais
Non
Non
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Julien Sabatier
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
99 min
Nb Dvd
2


L’histoire :

Riche industriel, Kiichi Nakajima veut déménager au Brésil afin d’éviter l’apocalypse nucléaire qu’il pressent. Sa famille s’y oppose catégoriquement.

Critique subjective :

Lorsque l’on regarde la filmographie d’Akira Kurosawa, Vivre dans la peur (1955) apparaît comme « coincé » entre deux jidai geki (films en costumes) à grand spectacle, Les sept samouraïs (1954) et La forteresse cachée (1957). Contrairement à ces deux titres, Vivre dans la peur, oeuvre contemporaine et résolument plus grave, ne s’attirera guère les faveurs d’un public nippon pas encore prêt à voir un film ayant pour thème la crainte du nucléaire.

Riche industriel, Kiichi Nakajima nourrit une peur très intense de la bombe atomique. Prêt à tout pour quitter le sol nippon, il projette de s’installer au Brésil avec sa famille. Celle-ci s’y oppose fermement et demande à ce que le vieux patriarche soit placé sous tutelle afin qu’il ne dilapide pas son argent pour un motif jugé irraisonné. C’est ainsi que Nakajima croisera le chemin de Harada (excellent Takashi Shimura), un dentiste occupant aussi un poste de médiateur au tribunal des affaires familiales. A l’origine, c’est à Takashi Shimura que Kurosawa voulait confier le rôle du vieux Nakajima. Le comédien déclinât l’offre, s’estimant trop décati pour interpréter ce personnage de vieillard énergique et déterminé. Chose surprenante : c’est à Toshiro Mifune que le rôle finît par échoir. Il s’en sortît à merveille, campant avec une justesse déconcertante cet homme affichant quarante années de plus que lui. Alliée à un maquillage assez prodigieux pour l’époque, la gestuelle de l’acteur est bluffante. L’année précédente il campait le jeune chien fou des Sept samouraïs, la transformation physique n’en est que plus remarquable.

Les 6 et 9 août 1945, les villes d’Hiroshima et de Nagasaki furent pratiquement rayées de la carte (140 000 et 60 000 morts). Le feu atomique s’était abattu. Impossible de se représenter toute l’ampleur de ce double traumatisme pour qui n’est pas japonais. La culture et l’inconscient collectif nippons en furent marqués à tout jamais. Parlant de Kiichi Nakajima, Harada explique que « tout japonais, peu ou prou, partage son angoisse ». A l’échelon mondial, il y eut un avant et un après. En 1954, soit neuf années après la fin de la guerre, des pêcheurs japonais subirent les retombées radioactives d’essais nucléaires américains effectués dans l’atoll de Bikini. L’événement, qui fît grand bruit dans l’archipel du soleil levant, troublât particulièrement le compositeur Fumio Hayasaka. Ce dernier fît part de ses angoisses à son ami Akira Kurosawa. Ainsi naquît la trame de Vivre dans la peur. A noter que l’empereur du cinéma nippon revînt sur le sujet (la bombe atomique) dans son avant dernier film, Rhapsodie en août, dont le titre renvoie bien sûr aux dates des deux explosions nucléaires.

La mise en scène de Ikimono no kiroku laisse pantois. De la composition des plans au placement des personnages dans le cadre, absolument tout est agencé au millimètre près, lourd de sens. La façon qu’a Kurosawa d’illustrer la confrontation entre les deux perceptions du monde (celle, alarmiste, de Nakajima et celle, plus optimiste, de sa famille) est stupéfiante. Brillamment suggérée par l’image, la sensation de menace est renforcée par la partition de Fumio Hayasaka. Vivre dans la peur fut d’ailleurs sa huitième et dernière collaboration avec Kurosawa (ils se rencontrèrent sur L’ange ivre), le compositeur ayant été terrassé par la tuberculose peu avant la fin du tournage.

Verdict :

Chef d’oeuvre oublié (le film n’est jamais sorti sur les écrans français), Vivre dans la peur est un titre vibrant d’humanité doublé d’une mise en garde malheureusement toujours d’actualité. Un grand film qui gagne à être découvert.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
4/3 n&b
Format Cinéma
2.35:1
Un master parfait pour un film datant de 1955. S’il y aura toujours une poignée de pointilleux mesquins pour déplorer les rarissimes scories sur la pellicule, les autres apprécieront pleinement des visuels restaurés propres et d’un piqué extrêmement satisfaisant. La photographie en noir et blanc est idéalement retranscrite à l’écran. On ne boudera pas notre plaisir.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Japonais
1.0
Quinquagénaire, le mono a fait l’objet d’une restauration aux allures de cure de jouvence. L’ensemble est clair, énergique et bien mixé. L’excellente partition (inachevée) de Fumio Hayasaka est à l’honneur. Version originale japonaise obligatoire (e film n’a jamais été doublé en français).

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
60 min
Boitier
Digipack


 

Comment « Vivre dans la peur » fut créé (22 minutes) : Un supplément passionnant et complet qui nous expose évidemment les origines du métrage mais aussi son personnage principal, la conception des décors, la collaboration Akira Kurosawa / Fumio Hayasaka et l’accueil (public et critique) que reçût le film.

- Entretien avec Teruyo Nogami scripte (24 minutes) : Dotée d’une excellente mémoire, la scripte de Kurosawa balaie une bonne partie de la filmographie du maître, maintes anecdotes captivantes à la clé.

- Entretien avec Fabrice Arduini (14 minutes) : Analyse très fine du métrage.

- Galerie photos.

- Filmographies.

- Liens Internet.
Bonus
Livret
Bande annonce
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Com. audio
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