Le Direktor

Titre Original
Direktøren for det Hele
Genre
Pays
Danemark (2007)
Date de sortie
mercredi 10 octobre 2007
Durée
100 Min
Réalisateur
Producteurs
Vibeke Windelov, Meta Louise Foldager, Signe Jensen
Scénaristes
Lars Von Trier
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Danois
Non
Non
Non
Français
Non
Oui
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
100 min
Nb Dvd
1

L'histoire

Le propriétaire d’une entreprise invente un président fictif derrière lequel il peut se retrancher pour prendre des décisions impopulaires. Un stratagème bien commode… jusqu’au jour où il a vraiment besoin de sa présence ! La solution : faire appel à un acteur au chômage pour jouer ce rôle. Se prenant au jeu, le comédien va s’embourber dans une histoire qui va mettre son sens moral à rude épreuve…

Critique artistique

Quand on connaît un peu le cinéma de Lars Von Trier et qu’on l’entend qualifier son film de comédie sans danger on peut se douter que Le Direktor(2005) est tout sauf inoffensif comme l’ensemble de sa très politique filmographie. La notion de comédie inoffensive est d’autant plus cocasse que Lars Von Trier dit avoir voulu faire une comédie de situations dans la veine de films tels que Indiscrétions(1940) et The Shop around the corner(Rendez-vous 1945)  qu’il dit adorer. Ces comédies de situation sont basées sur l'idée que certains savent ce que d'autres ignorent ; il s’agit d’un ressort sur lequel repose une comédie telle que Le dîner de con par exemple. Dans The Shop around the corner la femme du patron d’un magasin trompe son mari avec un de ses employés et un jeu de séduction se met en place entre deux personnages dont un d’entre eux ignore certaines informations. Dans Indiscrétions, les membres d’une famille importante mettent en scène leur vie pour donner le change à deux journalistes people qui se croient incognito. On retrouve ce ressort de la comédie de situations à un niveau très poussé dans Le Direktor où tous les employés ignorent qui est Le Directeur de Tout avant d’apprendre qu’il y aurait en plus un Directeur du Directeur de Tout. A la manière des poupées gigognes Lars Von Trier s’amuse au dépend du monde de l’entreprise et de la mondialisation, ridiculisant le principe d’organisation. Le propriétaire de l’entreprise en inventant un président fictif crée le moteur de situations en cascade où finalement presque tout le monde ignore à un moment ou un autre une partie de la supercherie.

Bien que le réalisateur avoue s’être amusé en réalisant Le Direktor, il confirme également que les bonnes comédies ne sont pas sans danger à l’image de The Shop around the corner (1945)où le propriétaire d’un magasin va tenter de se suicider après avoir découvert que sa femme le trompe avec un de ses employés ; il se retrouve par ailleurs seul pour la fête de noël qu’il se résout à passer en compagnie du nouveau coursier. Le film termine sur une forme d’happy end qui laisse tout de même un étrange sentiment qui a à voir avec une forme de morale implicite sur le fait que le statut social ne met pas à l’abri de la solitude. De même dans Le Direktor la raison économique finit par l’emporter sur la dimension affective pourtant très importante dans l’entreprise que décrit Lars Von Trier. Tourné après Manderlay, Le Direktor permet au réalisateur de s’attaquer au monde de l’entreprise en mettant en scène un groupe de personnes comme ils nous y a habitué dans les films de la trilogie des cœurs d’or (Les Idiots, Breaking the waves, Dancer in the dark) et dans la trilogie américaine dont nous avons déjà découvert Dogville et Manderlay. On retrouve une galerie de personnages aux caractères assez différents dont certains font penser à ceux des Idiots à la différence qu’ici les personnages sont parfois réellement dépressifs. Il faut dire que le comportement de certains d’entre eux donne lieu à des situations très amusantes. Le Direktor est une suite logique du travail du réalisateur qui abandonne cependant le tournage caméra à l’épaule qu’il apprécie pour expérimenter un nouveau dispositif de prise de vue.

Après la mise en scène théâtrale et les décors minimalistes de Dogville et Manderlay, Lars Von Trier cherche à nouveau à innover cette fois au niveau de la prise de vue. On constate notamment des successions de plans où il n’est pas rare d’avoir des personnages hors champs ce qui conduit à voir des choses qu’on ne montre ordinairement pas. Parfois les personnages sont tronqués comme si le cadrage n’avait plus vraiment d’importance. Le cadrage qui apparaît tantôt audacieux tantôt en contradiction avec toutes les règles de la prise de vue reste cependant très cohérent et finalement juste. On doit cet enchaînement de plans décadrés à l’Automavision, le système automatique de prise de vue utilisé sur ce tournage. Il s’agit d’une caméra montée sur un pied qui offre plusieurs degrés de liberté (glisser latéralement, monter/descendre, pivoter vers le haut ou vers le bas) et manipulable grâce à un ordinateur qui choisit comment cadrer la scène en fonction de limites définies. Ce système de production d’images fait dire au réalisateur danois que Le Direktor est un film bâclé et vite fait mais il n’en est rien. Il a simplement trouvé une manière de casser sa propre méthode de travail en insérant un dispositif technique dans le processus de production de telle sorte qu’il lui soit moins nécessaire d’intervenir directement sur chaque plan. Grâce à Zentropa, sa maison de production, Lars Von Trier peut produire et contrôler ce qu’il réalise ce qui a pour conséquence une production de qualité très soutenue.

Le Direktor est un film comptant plusieurs références cinématographiques ou théâtrales ce qui vient confirmer l’intérêt du réalisateur pour la mise en scène qu’il explore de manière audacieuse dans Dogville et Manderlay. Non sans un soupçon d’ironie, on retrouve des allusions au monde du cinéma comme quand la Responsable des relations humaines fait référence au Dogme tandis que lors d’une discussion Ravn dit à Kristoffer (Jens Albinus) qu’il n’est pas réalisateur. Par ailleurs, tout au long du film, le comédien recruté par le propriétaire de l’entreprise en appelle à un dramaturge appelé Gambini alors qu’il s’agit en fait d’une invention de Lars Von Trier. Ce personnage presque conceptuel évoquerait en fait Ibsen dans l'esprit du réalisateur Danois qui a eu cette idée en lisant le mot Gambini sur un gros camion rempli de nourriture, alors qu'il rentrait de Cannes... On retrouve là l’esprit ironique et moqueur du réalisateur qui apparaît parfois comme un grand marionnettiste (il faut se remémorer 5 obstructions), se mettant cette fois en scène, perché sur une grue et commentant l’histoire en cours ; un procédé qui rappelle certaines des apparitions de Alfred Hitchcock. L’intrusion du théâtre dans le réel permet de se cacher derrière le masque du personnage que l’on incarne, retournant contre Ravn le Directeur du directeur de Tout, le procédé qu’il a lui-même utilisé durant plusieurs années.

Alors que la trilogie américaine a pour objectif d’explorer la question de l’esclavage aux Etats-Unis, Le direktor qui s’attaque à l’entreprise, évoque également de manière humoristique mais caricaturale les relations tendues entre le Danemark et l’Islande. On connaît la capacité du réalisateur Danois à réunir des acteurs de nationalités très différentes pour constituer des distributions marquantes. On avait ainsi retrouver Björk et Catherine Deneuve pour Dancer in the Dark(2000), Emily Watson pour Breaking the waves (1996), Nicole Kindman pour Dogville (2003) et Bryce Dallas Howard pour Manderlay (2005). Ses héros semblent exister dans un espace de mise en scène de groupes de personnages dans le but que ceux-ci soient témoins de leur destinée. Une fois de plus hormis son acteur-fétiche, le Français Jean-Marc Barr, qui a tourné dans Europa, Breaking the Waves, Dancer in the Dark, Dogville et Manderlay, on retrouve un groupe d’acteurs assez étoffé d’origines scandinaves, danoises et islandaises (dont certains ont été vus dans Les Idiots, comme Jens Albinus et Louise Mieritz). Les personnages islandais dépeints par Lars Von Trier sont grossiers et particulièrement caricaturaux à l’image de l’acheteur islandais interprété par le réalisateur islandais Fridrik Thor Fridriksson. Alors que les islandais sont nombreux à acheter des logements à Copenhague, il est difficile de ne pas percevoir une pointe de satire quasi nationaliste envers l’Island qui a été sous domination Danoise pendant 400 ans.

Verdict
 
Beaucoup mieux que 5 obstructions,  proche des Idiots et dans la continuité de sa filmographie, on retrouve l’ironie et le ton moqueur caractéristique d’un des réalisateurs européens contemporains parmi les plus politiques. L’édition proposée par M6 Vidéo contient plusieurs bonus dont une explication courte mais très claire de ce qu’est l’Automavision, la technique de prise de vue expérimentée par Lars Von Trier pour cette comédie de Situations pas si inoffensive que ce dernier ne voudrait le laisse penser.

L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1
Le master est très bon et l’image fidèle à la photo originale du film. Pour ceux qui ont vu ce film en salle, on retrouve les mêmes ambiances au néon dans l’immeuble où se déroule pratiquement tout le film. La photo tire vers les bleus et reste assez peu colorée et plutôt froide à vrai dire. On se trouve bien dans les locaux d’une entreprise. La compression est bonne et on ne repère pas de défauts particuliers en dépit d’un tournage que Lars Von Trier a une fois mené en suivant des méthodes toutes personnelles. La photo du film adopte une lumière un peu étrange en extérieur.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
2.0
Danois
2.0
Cette édition DVD simple de Le Direktor est proposée avec une piste audio Dolby Digital 2.0 mono en version orignal danois et une piste audio Dolby Digital 2.0 mono en version française. Les sous-titrages sont activables. La piste française est assez frontale mais reste efficace. Cependant il vaut mieux regarder ce film avec la version originale pour ne pas perdre l’avantage de l’idiome grâce auquel on se rend mieux compte qu’en français de la dimension comique de cette comédie d’entreprise.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
40 min
Boitier
Amaray

Bonus

Interview de Lars Von Trier(6mn 13) : On retrouve l’esprit à la fois pratique et manipulateur de Lars Von Trier. Il précise sa manière de travailler et le regard qu’il porte le niveau de finition de ses films. Il explique aussi son rapport aux acteurs et comment il les gère. On le voit également évaluer sur le tournage. 

Interview des acteurs (22 mn 42) : grâce à une succession de scénettes issues du tournage et de témoignages filmés des acteurs sur leurs jeux respectifs on obtient un document étonnamment cohérent avec l’esprit du film et qui confine à la farce. Un interviewer nous sert de guide un peu à la manière d’un Lars Von Trier.

Interview des acteurs Français et islandais(5mn 39) : On retrouve le même ton que pour l’interview précédant avec un ton très décalé de la part des acteurs islandais et une approche plus sérieuse de Jean-marc Barr qui revient sur ses précédentes collaborations avec Lars Von Trier avec qui il a tourné rappelons-le Europa, Breaking The waves, Dancer in the dark et Dogville.

Automavision (5mn 49): la nouvelle technique de tournage de Lars Von Trier. Pour ce film le réalisateur qui n’est pas à une invention près à décider d’utiliser une technique de prise d’image et de cadrage grée par un ordinateur. Il s’agissait pour le réalisateur qui a une approche très logique d’éluder le problème du cadrage qui n’est pas une affaire logique selon lui. La caméra est monté sur un pied qui offre plusieurs degrés de liberté (glisser latéralement, monter/descendre, pivoter vers le haut ou vers le bas) et l’ordinateur choisit comment cadrer la scène en fonction de limites imposés par Lars Von Trier et son technicien informatique. Il en résulte un cadrage par moment assez déroutant, plaçant les acteurs en hors champs, et une modification de la réception du film par le spectateur qui doit adopter une lecture plus active de l’image afin de suivre les personnages importants dans une scène.

Bandes–annonces des films de Lars Von Trier.

Menus
Le DVD démarre avec des bandes-annonces imposées et l’interface du DVD s’affiche enfin. Une interface très sympathique et fantaisiste comme le film de Lars Von trier. On dirait une interface flash avec une animation sonore, des personnages du film détourés qui apparaissent et disparaissent en glissant à droite ou à gauche. Pas mal, y’a de l’idée et ça change des menus statiques ou trop conventionnels. La navigation est cependant un peu maladroite, l’onglet sur lequel on veut des rendre est celui qui n’est pas en blanc. L’inverse aurait été plus logique.

Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage