Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille, tombée entre les mains du terrible colonel Hans Landa. Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les « Nazis ».
Le nouveau film de Quentin Tarantino a réellement de quoi attirer l’œil et l’intérêt du spectateur. D’abord parce que lorsque ce dernier se penche sur un sujet, il est bien incapable de ne pas y mettre sa touche personnelle. A savoir de la dérision, un humour noir particulièrement servit par des dialogues diaboliquement soignés, surtout un sens de la mise en scène indéniable et une approche toujours inspirée des références du réalisateur. Hors donc, inutile d’aller chercher dans « Inglorious Bastards » une quelconque reproduction fidèle de cette période de notre histoire. Mais plutôt une sorte d’hommage à la résistance, et surtout, aux films de guerre. Un projet qui a mis 10 ans à voir le jour, et qui offre aux fans une multitude de bons moments ainsi qu'un moment de grâce absolue dans le rôle du méchant interprété par Christoph Waltz (Ordinary Descent Criminal), lauréat du prix d’interprétation à Cannes.
Car effectivement, la plus grande qualité d’ « Inglorious Bastards » se situe tout naturellement dans le casting de choix que s’est offert le réalisateur. L’acteur signe là l’une des plus impressionnante composition d’officier nazis. Aussi terriblement avenant que l’on puisse se l’imaginer. Christophe Waltz donne une effrayante dimension à son personnage, aussi séduisant que vicieux, et son face à face avec Mélanie Laurent (Le concert) est l’un des moment les plus incroyablement juste de l’année. La comédienne est littéralement possédée par son personnage et l’interprétation qu’elle en fait, touche au cœur le plus insensible des spectateurs. Leur duo, efface du coup la star du film : Brad Pitt (Fight Club). Le comédien, s’il semble s’amuser dans ce rôle de ce lieutenant avide de tabassage de nazis, n’en demeure pas moins le plus laxiste de toute la distribution. En effet, sa composition, n’est pas plus étonnante que celle de « Snatch », ni plus mémorable que celle de « L’armée des 12 singes ». L’acteur s’amuse, mais ne surprend pas et se retrouve du coup à l’arrière plan de l’incroyable duo que forment Mélanie Laurent et Christoph Waltz.
Côté scénario, Quentin Tarantino, ne surprend pas non plus et dans lepire des cas finit pas ennuyer. Si l’originalité de l’histoire est indéniable, la structure scénaristique reste résolument la même que ses précédents films et la fin onirique souffre même d’une baisse de rythme, qui amène le spectateur à regarder sa montre. Le réalisateur s’offre pourtant une superbe première partie avec l’exécution de la famille de Shosanna, qui n’est certainement pas sans rappeler « Pulp Fiction », avec ses dialogues incisifs qui font monter une tension extrême, cette caméra qui tourne autour des acteurs pour mieux entraîner le spectateur au cœur de cette joute unilatérale qui amènera inévitablement un final impitoyable. Mais seulement, passé une première partie inspirée et pleine d’originalité, le film se ralentit pour traîner un peu les pieds sur les résultats d’une vengeance implacable. Est-ce peut-être la faute du film « Nation’s pride » dont certains passages parsèment la partie finale d’ « Inglorious Bastards » ? Ou alors la cause d’une volonté excessives de travailler les monologues ? Ces derniers sont d’ailleurs présents durant tout le film et l’on regrette parfois un bavardage excessif.
Il n’en demeure pas moins que le film « Inglorious Bastards » reste encore une belle réussite de Quentin Tarantino, et que le réalisateur nous prouve une fois de plus son talent indéniable pour s’approprier une histoire et lui donner une dimension onirique propre. Le manque de rythme final, n’arrive toutefois pas à gâcher les qualités du film, notamment grâce aux interprétations remarquables de Mélanie Laurent et de Christoph Waltz.