Thomas passe ses nuits en boites et ses journées au lit, jusqu’au jour où son père, le docteur Reinhard, lassé de ses frasques, décide de lui couper les vivres et lui impose de s’occuper d’un de ses jeunes patients. Marcus a douze ans et vit seul avec sa maman. Il souffre depuis sa naissance d’une maladie grave qui rythme ses journées, entre le centre d’accueil médicalisé où il est scolarisé et des séjours répétés à l’hôpital. Cette rencontre va bouleverser le quotidien de l’un et de l’autre, et tout simplement changer leur vie.
Depuis son énorme carton « Les Choristes » en 2004 et « Faubourg 36 » en 2008, le réalisateur Christopher Barratier a toujours été là où on ne l’attendait pas. Avec plus ou moins de réussite comme sa nouvelle adaptation de « La Guerre des Boutons » en 2011 qui, en plus de souffrir d’une bataille de producteurs (Thomas Langman avait essayé de faire pression sur son collègue Matthew Gledhill lorsqu’il avait appris que celui-ci travaillait également sur une nouvelle adaptation du roman de Louis Pergaud) qui avait plombé ses résultats au Box-Office et d’un surplus de mélo qui avait rendu le film plus indigeste qu’autre chose, ou encore son adaptation des déboires du Trader Jérome Kerviel lorsqu’il travaillait pour la Société Générale. Nous pouvions donc, tout logiquement craindre, après lecture du Pitch de ce film, craindre que le réalisateur ne sombre dans ces travers.
Le résultat est très loin de nos inquiétudes, car si le film ne masque quelques défauts, il n’en demeure pas moins, un très bon « Feel Good Movie » qui gagne en hauteur dès lors que ses interprètes se laissent aller. Car, si la mise en scène du réalisateur reste assez classique, le film s’envole dès lors que le duo d’acteurs : Victor Belmondo (Vous êtes jeunes, vous êtes beaux), petit-fils du regretté Jean Paul Belmondo, et Yoann Eloundou, qui signe ici sa première prestation à l’écran, s’amuse à se lancer des « punchlines » écrites au cordeau par le duo Matthieu Delaporte et Denis de la Patelièrre (Le Prénom). Et ce n’est rien de le dire, car si parfois leurs jeux est un peu inégale, particulièrement Yoann Eloundou, dont la jeunesse et le manque d’expérience, le font parfois manquer de justesse, sa fraicheur et la manière surprenante dont il aborde son rôle et son côté cabotin, le rende touchant et drôle en même temps. De son côté Victor Belmondo, qui n’en n’est pas à son coup d’essai parvient à tenir le film sur ses épaules et à garder une fraicheur de ton qui vient compenser quelques manques de justesse parfois.
Côté scénario, on navigue un peu en terrain connu, mais le duo de scénaristes, complété par le réalisateur et par Anthony Marciano, réalisateur de « Play » (2018) et « Les Gamins » (2013), parvient à donner une fraicheur de ton et à aborder les problèmes liés aux Handicap, particulièrement dans le regard que peuvent porter certains. Rarement dans la surenchère, ils parviennent à trouver les bonnes répliques et les bons angles pour ne pas rendre le résultat indigeste, bien au contraire. Certaines scènes sont particulièrement savoureuses, comme les confrontations avec Mr Rouvier (Drôlement incarné par François Bureloup (La deuxième étoile), un vieux réactionnaire, raciste et intolérant qui va souffrir de l’arrivée de Thomas dans la vie du jeune Marcus.
Christophe Barratier aime ce genre d’histoire et parvient toujours à trouver le bon angle de narration. Et alors qu’il aurait pu nous assener des scènes larmoyantes à foison, ile préfère au contraire, comme le firent Grand corps Malade et Mehdi Idir avec leur film « Patients », jouer la carte de la légèreté pour aborder le sujet de la maladie et du handicap chez les plus jeunes, D’un sujet sombre, le réalisateur parvient à nous offrir une fenêtre de lumière chaleureuse qui nous enveloppe longtemps après la projection, tant le film nous donne envie de rire, de nous amuser, pour ne jamais oublier qu’il n’y a rien de plus important que ces petits moments de joie pour effacer un peu les zones d’ombres de nos existences.