Matrix Reloaded

Ecrit et réalisé par les frères Wachowsky et produit par Joël Silver, Matrix Reloaded est le second volet de la trilogie des frères Wachowsky, exploration plus ou moins appréciée de la nature, de la réalité et de la quête de la vérité. Sont venus se joindre à Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss et Hugo Weaving qui se partagent les principaux rôles de The Matrix, d'autres stars comme Jada Pinkett Smith, Monica Bellucci et Lambert Wilson. Warner Home Vidéo et Village Roadshow Pictures ont programmé en France le DVD et la VHS de Matrix Reloaded pour le 19 novembre 2003, soit deux semaines après la sortie en salle de Matrix Révolutions, troisième et dernier volet de la série.

 

Les histoires de la matrice

 

Le premier film The Matrix pose les fondements d’un monde futur proche de notre quotidien. Par les yeux de Neo, pirate informatique, on découvre que la réalité n’est q’une immense simulation créée par la Matrice afin de réduire l’espèce humaine en esclavage. The Matrix est l’histoire de cet homme Neo qui se révèle être l’élu pour mener le combat contre les machines. The Matrix propose un scénario complet qui permet d’apprécier le film tel quel.

 

The Matrix Reloaded propose une suite aux aventures de Neo, Trinity et Morpheus qui vont mener la révolte contre l’armée des machines qui attaque Zion, la dernière ville humaine sur Terre. The Matrix Reloaded présente la quête de ces hommes pour sauver le genre humain. Neo va découvrir quelques éléments définissant la Matrice mais les questions principales restent en suspens lorsque la fin abrupte du film intervient. Sachez le, The Matrix Reloaded est indissociable de sa suite The Matrix Revolution qui, à l’heure d’écriture de ces lignes, n’est pas encore apparu sur les écrans de cinéma.

 

L’univers de la Matrice

 

Ce qui est intéressant dans l’univers Matrix c’est sans aucun doute la proposition d’un monde imaginaire à la fois proche et très éloigné. D’une idée très simple à la base, notre monde n’est qu’une illusion créée par des machines (extra-terrestres ?) pour asservir la race humaine, se développe un scénario complexe qui nous propose un mélange plus ou moins habile de réflexions philosophiques, mythologiques, religieuses, mathématiques… sur un canevas, d’aventure, de fantastique, de romantisme, de comédie… et des inspirations visuelles (cadre, mouvements…) clairement piochées dans l’animation japonaise stylisée dont les meilleurs exemples sont Akira ou Ghost in the shell et dans le cinéma asiatique et plus particulièrement l’œuvre de John Woo.

 

Sur le plan cinématographique pur, les apports de Matrix, premier du nom sont multiples. Le choc visuel, outre une réalisation des combats doté d’une mise en scène efficace, se trouve du coté fameux effet " Bullet time " de John Gaeta devenu depuis une signature reprise au premier ou second degrés dans de nombreuses autres œuvres cinématographiques. Le thème lui même (rappelez vous que le film est sorti en 1999 alors que le syndrome du bug de l’an 2000 était dans tous les esprits) a développé très vite une mythologie Matrix mais aussi une mode vestimentaires à coup de lunettes et autres costumes de Neo ou Morpheus ou Trinity. Contrairement à ce que l’on pourrait penser l’effet Matrix à couvert une population de tous ages et de tous milieux sociaux-culturels. L’intérêt se place également dans la proposition d’une trilogie cohérente car pensée dès le départ, du moins si l’on en croit les frères Larry et Andy Wachowski à l’origine du projet. Cette largesse d’esprit permet d’offrir non seulement trois long métrages mais également une compilation de courts métrages d’animation (Animatrix) et un jeu vidéo (Enter the matrix) qui se placent dans la périphérie du film. Alors ? Réelle vision globale ou génie mercantile ? Un peu des deux mon capitaine car si les frères Wachowski ont su imposer à la Warner leur façon de penser et d’agir il semble que le studio ai négocié en retour de multiples portes de rentabilité à l’intersections du cinéma et du jeu vidéo. Ces fragments de l’univers Matrix sont de qualité inégaux mais permettent de se plonger dans un monde numérique dense et riche, un monde nouveau qui pose indiscutablement une fracture dans les univers culturels pré-cités.

 

Au jour d’écriture de cette présentation du DVD Matrix Reloaded, le troisième opus Matrix Revolution n’est pas encore sur les écrans du monde entier. Tout reste possible pour que l’histoire évolue intelligemment ou s’embourbe encore plus dans certains travers de ce deuxième épisode. Car si Matrix Reloaded a enregistré des scores d’entrées importants ils sont sans doute en dessous de ce qui était escompté. Une certaine déception s’est vite dessinée à la sortie du film avec une trame construite sur des séquences chocs mais dont l’unité ne paraît pas aussi forte que dans le premier film. Plus ennuyeux (dans tous les sens du terme), ces fameuses séquences sont de véritables prodiges techniques mais n’embarquent pas le spectateur dans l’émotion nécessaire pour être totalement dans l’histoire. Paradoxalement, les moments les plus réussit semblent provenir des séquences à connotation comique, la prestation du français " Merovingien " Lambert Wilson étant sans doute le point ultime. A déguster en VO en pour en savourer toutes les subtilités !

 Matrix Reloaded est proposé en DVD quelques jours après la sortie de Matrix Revolution sur les écrans. Un schéma marketing qui ne satisfait sans doute pas totalement la Warner mais la loi française est stricte et impose un délais de six mois avant de pouvoir commercialiser un DVD sur le territoire. Néanmoins, cet ordre des choses devrait profiter au DVD si la conclusion à cette aventure de déçoit pas un public très impatient de vérifier si la révolution du premier film se confirme dans le troisième film au delà de son simple titre.

On pouvait s’en douter, l’image nous fait plonger dans la matrice sans l’ombre d’un pixel perdu. La matrice contrôle tout, y compris une compression parfaite et une colorimétrie nuancée parfaitement retranscrite. Comme dans le premier film, les tonalités ont une grande importance afin de faire comprendre au spectateur si les protagonistes évoluent dans le monde réel ou le monde virtuel. Les gros plans sont nombreux et les grains de peau incroyablement palpable. De la luminosité la plus forte (salle de contrôle de Zion) aux séquences les plus sombres, on ne perd pas cheveu d’informations. La palette de contraste de ce DVD peut servir admirablement de test sévère mais parfait.

Attention, le feeling sonore est radicalement différent de celui des salles. L’excès de médium semble avoir disparu, la dynamique se tasse légèrement, sauf si l’on prend en compte des excès de graves qui parcourent le canal LFE.

La bande sonore de Matrix Reloaded est complexe car chargée d’innombrables informations et d’une partition sonore, souvent peu délicate. C’est un peu trop pour la compression Dolby Digital qui avoue timidement ses limites. Je viens de le dire, la dynamique est fausse ; si l’on ne s’occupe pas des informations LFE, la bande sonore est d’une platitude surprenante. Branchez le .1 et tout d’un coup des vibrations envahissent le salon (l’arrivée du vaisseau Hammer à la fin du film à la pouvoir de décrocher vos radiateurs !) et les impacts corporels résonnent comme des explosions nucléaires. Impressionnant mais vite agaçant et surtout fatiguant sur la longueur. Le mieux est alors d’ajuster à la baisse le niveau du canal LFE. Sept à huit décibels plus bas, on gagne un équilibre plus agréable et un effet de masque sur les bas médium allégé.



Sur le plan spatial, l’oreille est constamment distraite par des effets sonores. Le spectacle est pour le moins riche et varié. Il débute par le générique doté d’effets fuyants vers l’arrière et ne s’interromps quasiment jamais. Prenez au hasard l’un des combats, ou plongez vous dans la longue poursuite automobile, fermez les yeux et vous voilà plongé dans la matrice. Attention, ça bouge vite et sec.



Tous ces commentaires s’appliquent indifféremment à la VO et à la VF. Les deux pistes sont très proches dans leur perception. Seul différence avec les dialogues. Ils sont parfaitement intégrés dans les deux cas mais le mixage français occulte systématique est effets de réverbération des voix.

Le DVD pose moins de doute que le film quant à sa structure et son message. Le lapin blanc étant un lointain souvenir du premier film, l’option interactive qui à l’époque à fait le succès du premier DVD n’est pas de mise. Les différents documents sont donc présentés avec un classicisme qui pourra décevoir. Certes, les menus sont éblouissants mais l’interactivité ici se limite au choix des documents vidéo (VOST de rigueur pour l’ensemble des documentaires). Ce qui frappe le plus en consultant la liste des suppléments, c’est l’absence totale de documentation sur la mythologie Matrix. L’éditeur propose pas loin de trois heures de suppléments et pas une minute n’aborde le thème du film. Autre élément, il semble que la force de persuasion des frères Wachowsky s’apparente de plus en plus à un certain George Lucas. Si la conception même des documents bonus est totalement opposée (Structure, rythme, narration… présence continue de Lucas alors que les Wachowsky n’interviennent pas une seconde dans ce DVD), les éditeurs respectifs des trilogies Star Wars et Matrix se retrouvent à commercialiser une édition unique double DVD. Une exigence qui peut avoir des répercussions commerciales puisque l’on peut facilement envisager que le prix de 29.99 euros va en décourager plus d’un.

 

Structure du DVD Bonus :

 
L’éditeur à parfaitement segmenté les informations au sein de plusieurs documents. Preload permet de rentrer en 22 minutes dans les points forts du tournage. La matrice se déploie propose est un battage publicitaire précisant que le monde Matrix ne se limite pas à du cinéma mais aussi à de l’animation et du jeu vidéo. C’est le documentaire totalement dispensable de ce DVD. Making of de la poursuite sur l’autoroute. Reportage d’une demi-heure sur le temps fort du film en termes d’action. 30 minutes longues et courtes à la fois pour un document qui va bien au-delà de la simple description technique. Get me an exit. Synthèse brève mais toutefois intéressante sur l’univers des produits dérives Matrix avec une présentation des sports publicitaires d’une boisson énergisante et d’un constructeur de téléphones et d’écrans de télévision LCD. Making of du jeu vidéo Enter the Matrix. Véritable prolongement du film, ce documentaire s’attarde sur la production et le tournage des scènes cinématiques. Pour les amateurs de jeux vidéo uniquement. Aucune bande annonce des deux films existants ne sont proposés mais les plus curieux pourront découvrir le bande annonce en 5.1 de Matrix Revolution à la fin du générique du film. D'ailleurs, l'accès à cette bande annonce est prévue dans l'accès aux chapitres, c'est bien évidemment la dernière vignette qu'il faut viser. La seule bande annonce dans le DVD bonus concerne Animatrix et mélange extraits et quelques indices permettant à ceux n’ayant jamais entendu parler de cette compilation de courts métrages d’animation de faire le lien avec le monde Matrix. Enfin, la dernière option permet d’activer l’hilarante parodie The MTV Music Awards Reloaded. Près de 10 minutes de montage entre rajout de scènes et extraits véritables du de Matrix Reloaded qui ont été initialement diffusé en ouverture des MTV Music Awards 2003. A ne louper sous aucun prétexte.

 

Les making-of dans le détail

 

Le premier élément important à retenir est la qualité du montage des deux reportages Preload et Making of de la poursuite sur l’autoroute. Pour reprendre la comparaison avec George Lucas mais aussi d’un Peter Jackson, la production a retenu ici un montage souple, rythmé et des durées cohérentes. Si les documents sont structurés, l’ensemble ne propose pas de découpage interactif par thèmes multiples. Des 22 minutes du making-of Preload on retient une ambiance dure mais constructive et des échanges épuisés mais volontaires des principaux acteurs face à leurs entraîneurs. Tout comme le prouve aussi le making-of sur la poursuite, il est surprenant de découvrir l’implication extrême des comédiens sur le plan physique. Bien entendu, les doublures nous sont présentés mais les combats sont en grande partie menés en temps réel par les comédiens eux-même. L’esprit critique sera légèrement agacé par les propos « vendeur » des différents intervenants, tous les morceaux d’interviews semblent issus de sessions précédent la sortie du film. Mais heureusement, ce n’est pas ce qui remplit le plus les précieuses minutes de ce documentaire, tout comme les extraits du film qui restent marginaux. Il s’agit ici de vrais documentaires permettant d’avoir une vision, certes rapide et synthétique, mais efficace des conditions de tournage et des enjeux techniques, artistiques, matériels et financiers.

 

Si le premier document couvre l’ensemble du film, la poursuite de l’autoroute dispose de son making-of dédié et qui s’étale sur 30 minutes. Là encore, le rythme proposé est rapide mais permet de couvrir les dizaines de problématiques sans aucun ennui. Il est clair que l’amateur avide de technicité restera sur sa faim sur le plan de la quantité d’images mais il aura sans doute la surprise de constater que les informations contenues dans ce document sont considérables et offrent une vision inattendue des conditions de tournage de cette longue séquence. Le point le plus surprenant est sans aucun doute de constater que cette séquence s’appuie sur de réelles performances d’organisation et de cascades en temps réels. Les nombreuses images permettent de voir les comédiens et les cascadeurs répéter jours après jours des mouvements d’une précision vitale et de lancer des courses poursuites au mieux de dizaines de voitures nécessitant une coordination d’autant de cascadeur. Le documentaire s’attache également aux actions de post-production qui ont permis par la suite à fournir l’identité visuelle du film.