Coffret Melville : Le Doulos & Léon Morin Prêtre

Genre
Pays
France & Italie (1961)
Date de sortie
vendredi 16 septembre 2005
Durée
216 Min
Réalisateur
Producteurs
Carlo Ponti & Georges de Beauregard
Scénaristes
Jean-Pierre Melville
Compositeur
Martial Solal & Paul Misraki
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Non
Non
Non
Le Film
Critique de Arnaud Herpin
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
216 min
Nb Dvd
3


Les Histoires : Dans Le Doulos, Maurice (Serge Reggiani) sort de prison. Il prépare un cambriolage et demande du matériel à Silien (Jean-Paul Belmondo), un indicateur de police (doulos en argot). En plein milieu de l’opération, la police débarque mais Maurice parvient à s’échapper. Il est décidé à se venger, mais de qui, Silien ?

Dans Léon Morin Prêtre, Barny (Emmanuèle Riva) habite une petite ville occupée par les troupes allemandes, durant la Seconde Guerre Mondiale. Communiste et profondément anti-religieuse, elle décide de rentrer dans une église, pour se moquer de l’opium du peuple qu’est la religion. Elle rencontre un jeune prêtre, Léon Morin (Jean-Paul Belmondo). Une étrange relation va se nouer.

 

Un grand réalisateur. La réputation de Jean-Pierre Melville n’est plus à faire. Celui qui a  inspiré certains des plus grands réalisateurs actuels, de John Woo à Quentin Tarantino, en passant par Michael Mann, a réalisé des films qui resteront parmi les plus importants de la seconde moitié du 20e siècle (L’Armée des Ombres, Le Samouraï ou Le Cercle Rouge). Fortement influencé par Howard Hawks ou John Huston il a réalisé seulement treize films au cours de sa carrière, mais qui ont réussi à faire de lui une des références majeures du cinéma hexagonal.

 

Studio Canal nous invite à découvrir deux films ne figurant pas parmi les plus connus du réalisateur. Melville, nom pris en hommage à l’auteur de Moby Dick (Herman Melville), s’était déjà fait remarquer avec Bob le Flambeur (1956) mais il doit attendre Léon Morin Prêtre pour que le succès ne soit plus seulement critique. Surtout connu pour ses polars, il décida ici d’adapter le Prix Goncourt 1952 de Béatrice Beck. Pas d’intrigues policières, mais une rencontre inattendue, entre un jeune prêtre progressiste et une femme, quelque peu perdue, vivant seule avec sa fille. Il est évidemment beaucoup question de Dieu et de la Religion, mais pas uniquement. Il est aussi question d’une femme qui va découvrir peu à peu qui elle est réellement, ayant jusque là plus vécue selon les codes en vigueur plutôt que selon ses propres aspirations.

 

Dans Le Doulos, Melville revient à son domaine de prédilection, le film noir. Une histoire classique de cambriolage avorté, d’indics, de vengeance, mais sur un scénario rusé, rempli de fausses pistes, également adapté d’un livre, de Pierre Lesou. Très bien construit, avec de multiples intrigues (ce film est un des préférés de Tarantino), le spectateur est tenu en haleine jusqu’au dénouement aussi froid qu’implacable.

 

Sans surprise, ce qui ressort de la vision de ces deux œuvres, est la grande maîtrise de Melville derrière la caméra. Dans Le Doulos, la réalisation reste très sobre, se met au service de l’intrigue, avec tout de même quelques morceaux de bravoure comme le mythique plan-séquence de l’interrogatoire de Silien par le commissaire Clein, durant plus de 8 minutes. Dans Léon Morin Prêtre, la réalisation est plus ostensible mais réellement brillante. Melville place sa caméra de manière très intelligente et nous livre des plans magnifiques, très bien sentis comme dans cette scène où Barny se rend au confessionnal pour la première fois.

 

Un grand directeur d’acteur. L’homme n’était pas facile, il savait se montrer détestable et odieux, les anecdotes étant nombreuses à ce sujet. Pourtant il est indéniable qu’il savait tirer le maximum de ses acteurs. Ces deux films ont en commun un Jean-Paul Belmondo formidable de justesse et de sobriété ; celui-ci n’étant jamais aussi bon que lorsqu’on lui demande de ne pas trop en faire, un de ses meilleurs rôles restant à ce jour, celui de Sam Lion dans Itinéraire d’un Enfant Gâté de Claude Lelouch (1988). Deux rôles différents, et c’est peu de le dire tant il apparaît difficile de faire plus opposé entre un indic et un prêtre. Mais à chaque fois, la composition est irréprochable. Inquiétant et insaisissable dans Le Doulos, bienveillant et à l’écoute de son prochain dans Léon Morin Prêtre, Bebel montre toute l’étendue de son talent avec ses deux films tournés à la suite l’un de l’autre.

 

Mais il n’est pas le seul. Melville fait le pari de donner, dans Le Doulos, le second rôle principal à un acteur que plus personne ne voulait, Serge Reggiani. Bien lui en a pris, puisque l’acteur-chanteur qui nous a quitté en 2004 tient la dragée haute à Belmondo, dans le rôle d’un truand en fin de carrière, tout juste sorti de prison. Peut être aidé par le fait que sa carrière stagnait au plus bas à cette époque, il donne corps et intensité à ce personnage cassé, dépassé par les évènements. De la même manière, Emmanuèle Riva se montre tout à son avantage dans Léon Morin Prêtre. Intelligente, intuitive, elle nous fait partager ses doutes et ses questionnements, remplaçant le spectateur dans ses dialogues avec le jeune prêtre. Le « couple » formé par Barny et Léon nous emmène dans des discussions d’une rare sagacité, rendant passionnantes les réflexions que tout un chacun peut avoir sur la religion, bien plus que n’importe lequel de ses représentants qu’envoie actuellement l’Eglise à la télévision.

 

En définitive, un beau coffret avec deux très bons films d’un des plus importants réalisateurs français. Il est vivement conseillé de ne pas passer à côté, surtout au regard de la qualité des bonus figurant sur le disque supplémentaire.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique n&b
Format Cinéma
1.66:1


Une petite déception. Les copies devaient être très abîmées. Et les défauts sont nombreux, tâches, rayures, grain, flou lors de certaines scènes extérieures. Le spectateur pourra être parfois gêné dans sa vision, d’autant plus si son écran est grand.

Les défauts les plus visibles concernent toutefois Léon Morin Prêtre. Quant au Doulos, l’image est plus nette et le rendu du noir et blanc est assez agréable.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
1.0


Même chose que pour l’image. Une seule piste mono de faible qualité. Une dynamique tout juste correcte et une spatialisation douteuse. Le plus gênant est que lorsque la musique se tait un grésillement perpétuel apparaît donnant l’impression au spectateur d’écouter un vieux vinyle sur une ancienne platine.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
125 min
Boitier
Coffret


Des bonus de grandes qualités. Chaque film est accompagné de deux présentations, la première de la part de Noël Simsolo et la seconde de la part de Bertrand Tavernier. Plus les bandes-annonces des films.

 

Le meilleur est contenu dans le disque supplémentaire de bonus :

-         Melville le Solitaire : Interviews de Michel Boujut, Olivier Assayas et Didier Daeninckx. Présentation de Melville, son amour pour Paris et la ville en général, sa rigueur, sa vision du monde et de la société, le personnage qu’il s’était créé. Très intéressant.

-         Souvenirs sur Melville : Interview de Bertrand Tavernier. A longtemps été un des assistants de Melville. Raconte comment il était (le dictatorial !), dans la vie ou sur les plateaux. Fourmille d’anecdotes croustillantes.

-         Léon Morin Prêtre, Le Désir et la Grâce et Le Doulos, le Mensonge et la Mort : interviews de Michel Boujut, Olivier Assayas et Didier Daeninckx. Descriptions très instructives sur les deux films proposés dans ce coffret.

-         Filmographie de Jean-Pierre Melville.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Présentation des films