L’histoire
Ray Ferrier (Tom Cruise) est un docker divorcé qui vit seul dans la banlieue de New York. Sa femme vient de déposer chez lui leur deux enfants,
Robbie (Justin Chatwin) un adolescent en pleine rébellion et sa jeune sœur
Rachel (Dakota Fanning). Ils doivent rester pour le week-end alors que leur mère et son compagnon partent pour Boston.
Quelques heures après leur arrivée, un étrange phénomène atmosphérique s’étend sur la ville, suivit d’un curieux orage qui met en panne tous les appareils électriques. Inquiet, Ray laisse ses enfants à la maison pour aller voir là où est tombée la foudre. Alors que la foule s’attroupe, une curieuse machine sort de la terre avant de se mettre à tirer sur toute la population.
Ray s’en sort de justesse et se précipite vers sa maison pour tenter de sauver ses enfants alors que toute la ville est mise à feu et à sang par une invasion de cruelles créatures venues d’ailleurs et qui semblent totalement indestructibles…
H.G. Wells et La Guerre des Mondes
Herbert Georges Wells est né dans le Kent (en Grande-Bretagne) en 1866. Très tôt passionné de littérature, il commence des études de sciences en 1883 avant de devenir professeur dans un établissement d’enseignement à distance. Il abandonne toutefois rapidement ce métier pour devenir écrivain à plein temps à partir de 1893. On lui doit des romans de fictions qui ont marqué le monde de la littérature et du cinéma qui s’est empressé de les adapter : ‘La machine à remonter le temps’, ‘L’île du Docteur Moreau’, ‘L’homme invisible’, ‘La Guerre des Mondes’.
Ce dernier roman est directement inspiré par découverte de l’astronome italien Giovanni Schiaparelli qui croit, en 1877, observer des canaux à la surface de Mars. Une erreur de jugement qui va donner naissance à de très nombreux fantasmes véhiculés par la littérature de science fiction naissante. En effet, s’il y a des canaux sur Mars, ceux-ci ne peuvent avoir été construits que par des ‘Martiens’.
Premières adaptations
Le livre se vend très bien et l’histoire fascine les foules. C’est le studio Paramount qui décide le premier à en faire une adaptation cinématographique, proposant au réalisateur russe Eisenstein de l’adapter pour le grand écran. Mais celui-ci décline la proposition. Finalement, la première adaptation sur un média audiovisuel de ce livre viendra de l’acteur/réalisateur Orson Wells le 30 octobre 1938, le soir d’Halloween.
S’inspirant fortement du livre de H.G.Wells, le jeune Orson Wells (23 ans à l’époque) écrit et interprète un docu-fiction radiophonique racontant l’invasion de la Terre par les martiens. Malgré une introduction qui précise bien qu’il s'agit d’une invention, c’est la panique aux Etats-Unis et la radio, CBS, devra même s’expliquer en justice. Il lui sera désormais interdit d’utiliser l’expression « Nous interrompons ce programme » pour une fiction !
En 1953, c’est Hollywood qui va se lancer dans une adaptation cinématographique du livre, avec le réalisateur Byron Haskin aux commandes (
critique complète du DVD sur DVD-Critiques.com). Bien que réalisé en technicolor et doté d’effets spéciaux sophistiqués pour l’époque, le long-métrage laissera surtout le souvenir d’un film assez kitch, une impression amplement confirmé si on le visionne aujourd’hui. A l’époque, le scénario est fortement marqué par la Guerre Froide et emprunt des souvenirs douloureux de la seconde guerre mondiale.
Malgré cette adaptation en demi-teintes, le film marquera l’histoire du cinéma de science fiction, comme en témoigne la belle parodie qu’en a fait Tim Burton avec « Mars Attacks! » en 1996. Maintenant c’est donc au tour de Steven Spielberg, déjà bien rôdé avec les histoires d’extra-terrestres depuis « Rencontre du 3
ème Type » et « E.T. », de s’attaquer à ce roman.
Sur le tournage
En fait, Steven Spielberg voulait adapter ce livre depuis plus de dix ans, mais la sortie de « Independance Day » de Roland Emmerich, qui reprend le même sujet, l’a incité à attendre un peu. C’est donc en 2005, avec l’aide de Tom Cruise, qui fut son acteur principal dans « Minority Reports » que Spielberg se lance dans l’aventure.
Comme la version de 1953, Spielberg veut rester le plus fidèle possible au roman d’origine, sans vraiment faire un remake. Son leitmotiv sera donc de renverser les choses : les monstres venaient de l’espace, faisons les émerger du sol ; Les vaisseaux volaient, faisons les marcher… Mais la trame principale reste la même que celle du livre, avec ses forces et ses faiblesses.
Sur ce tournage, le réalisateur inaugure une nouvelle façon de réaliser ses story-boards. Au lieu d’aligner les dessins, il profite de la compétence des ingénieurs d’ILM (Industrial Light and Magic, créé par George Lucas) pour faire un story-board animé en 3D. Cela lui permet d’étudier très rapidement les situations qu’il veut mettre en place et de trouver des angles de vues et des positions de caméras inédites. Cette façon de préparer le projet donne également des images plus précises à toute l’équipe technique pour la préparation des décors, des costumes, des lumières et des effets spéciaux.
Décors et effets spéciaux
Ces derniers sont bien sûr un élément clef du film et on sent bien que Spielberg les maîtrise à la perfection. Il mélange très habilement les décors réels, les très nombreuses cascades et les effets numériques, ce qui donne des scènes très spectaculaires. Evidemment, un réalisateur de cette envergure a aussi eu accès à des crédits conséquents pour son long métrage, ce qui lui a permis, par exemple, d’acheter un 747 qui devait partir à la casse et de le désosser pour reconstituer le crash d’un avion de ligne sur la maison des héros.
Depuis son film « Il faut sauver le Soldat Ryan », Steven Spielberg a également des contacts privilégiés avec l’armée américaine, ce qui lui a permis d’obtenir des centaines de soldats et beaucoup de matériel pour « La Guerre des Mondes ». Ainsi, tous les soldats que l’on voit dans le film sont des professionnels, parfois revenant tout juste d’Irak. De même, les chars, les hélicoptères et les ‘humvee’ sont de véritables véhicules de l’armée qui ont été confiés aux cascadeurs pour les scènes les plus dangereuses.
Critique subjective
Une fois de plus, Steven Spielberg a donc mis ‘le paquet’ pour que ce film soit un moment fort pour le spectateur et le pari est réussi. Son idée de filmer le sujet du point de vue d’un ‘simple’ individu qui cherche à sauver sa famille à travers un monde qui s’écroule donne une humanité certaine à l’ensemble. Les acteurs jouent bien et la petite Dakota Fanning fait particulièrement impression.
A la sortie du film, certains critiques ont reproché à Spielberg une fin trop hollywoodienne et attendue, mais il s’agit là d’un respect de l’œuvre de H.G.Wells dont le roman se termine de la même façon (à part la scène finale qui est quand même vraiment trop ‘happy end’). On pourra aussi reprocher au réalisateur ses références au 11 septembre 2001, en particulier avec l’idée « ils étaient déjà parmi nous » et la scène des portraits de disparus sur les murs près du bac. Mais il s’agit là d’un vécu américain qu’il peut légitimement faire sien.
Reste quelques invraisemblances qui font que Tom Cruise a un petit côté ‘héros américain’, comme le fait de pouvoir rouler à bonne vitesse sur l’autoroute au milieu de toutes les voitures en pannes sans être arrêtés ou la chance insolente qui l’accompagne dans le film. Mais tout personnage principal se doit d’être un peu exceptionnel, surtout dans un film catastrophe.
On saluera quand même l’un des films les plus sombres du réalisateur et un long métrage qui sait faire frissonner le spectateur, le tenir en haleine et parfois le surprendre. On passera donc un bon moment devant ce film qui se laisse même bien revoir. Mais attention, certaines scènes sont vraiment spectaculaires et marquantes et il conviendra de respecter l’interdiction aux moins de 12 ans si vous ne voulez pas choquer vos enfants !