Femmes au bord de la crise de nerf

L'histoire

 

Ivan vient de mettre un terme à la relation qu'il entretenait depuis de nombreuses années avec Pepa qui, sous le coup de la nouvelle, manque de mettre le feu à son appartement. Remise de ses émotions et après avoir décidé de mettre son appartement en location, Pepa, toujours obsédée par Ivan, apprend l'existence de Carlos, le fils de son ancien amant. Sa meilleure amie, Candela, se réfugie chez elle, effrayée par sa récente relation avec un terroriste chiite. C'est alors que Carlos entre à son tour en scène, accompagnée de sa petite amie Marisa, venus visiter l'appartement en vue de le louer. A ce tableau, il ne manque plus que Lucia, la femme jalouse d'Ivan, récemment sortie d'un hôpital psychiatrique….

 

Critique subjective

 

Femmes au bord de la crise de nerf marque un tournant dans la carrière de Pedro Almodovar qui, depuis son entrée fracassante dans le cinéma, touchait jusqu'alors un public branché des milieux undergroud, par ses films déjantés, influencés par la Movida, le renouveau culturel de la société madrilène. Avec son 7^ème film, Almodovar conquiert un public beaucoup plus large, et s'engage sur la voie de la reconnaissance. S'inspirant librement de "la voix humaine" de Cocteau, long monologue d'une femme au téléphone, délaissée par son amant, Almodovar donne corps au partenaire absent et fait du téléphone un point central de l'histoire, seul élément d'un semblant de communication entre Pepa et Ivan.

 

L'amante malheureuse, c'est Pepa, jouée par son égérie, Carmen Maura, Pepa bouleversée, à deux doigts de sombrer, reprenant conscience grâce à un enchaînement de situations farfelues, rocambolesques. Almodovar donne un sens nouveau au Vaudeville, par cet étonnante sitcom aux couleurs vives, aux tonalités kitch, très fifties, où on élève des lapins dans les appartements, où le gaspacho est assaisonné aux somnifères, où des fausses pubs vantent les mérites de lessives qui nettoient les traces de sang, où les femmes sont hystériques, les chauffeurs de taxi pleins de ressources. Les personnages qui évoluent dans ce décor sont tous plus fous les uns que les autres: une amie, Candela (Maria Barranco) manipulée par des terroristes projetant de détourner un avion qui se réfugie chez Pepa pour fuir la police, le fils d'Ivan (Antonio Banderas) et sa petite amie (Rossi de Palma), une avocate féministe, une concierge témoin de Jéhovah, une femme jalouse (Julieta Serrano) sortie tout droit d'un asile psychiatrique. Tout ce beau monde évolue dans l'appartement de Pepa, sur une mise en scène au rythme endiablé, et parfaitement maîtrisée, où l'on trouve en vrac du Vaudeville à la Faydeau, du Godard, de la comédie.

 

Au milieu d'un patchwork de styles, Femmes au bord de la crise de nerf est avant tout l'histoire de Pepa, qui, au centre de ce labyrinthe des passions, fait la lumière sur sa relation et ses sentiments envers Ivan dont elle pourra enfin se détacher. Une excellente comédie doublée d'un drame sentimental.

L'image est en règle générale assez moyenne. Les couleurs très vives de ce film sont assez bien rendues, par une image qui souffre quelquefois d'un manque de précision dans les contours, d'un manque de netteté. Néanmoins, la marque des années ne se fait pas trop sentir, malgré l'apparitions de quelques points noirs sur la pellicule.

En mono d'origine, cette piste sonore est très acceptable, très propre, sans imperfection, aux dialogues parfaitement audibles.

Le seul et unique supplément dont bénéficie cette édition est la bande annonce originale pour l'Amérique du Nord, non sous-titrée. Un tel film aurait pu mériter d'un peu plus d'attention de la part des éditeurs.