Batman aborde une phase décisive dans sa guerre contre le crime. Avec l’aide du lieutenant de police Jim Gordon et du procureur Harvey Dent, Batman entreprend de démanteler les dernières organisations criminelles qui infestent les rues de sa ville. L’association s’avère efficace, mais le trio se heurte bientôt à un nouveau génie du crime qui répand la terreur et le chaos dans Gotham : Le Joker…
On pourra toujours avoir un pour ou un contre, concernant « The dark Knight : Le chevalier noir », il n’en demeure pas moins que le film de Christopher Nolan (Batman Begins, Le prestige) est un véritable choc, et cela à bien des points :Tout d’abord par la mise en scène incroyablement inventive. Le réalisateur mélange esthétisme et crédibilité, rien n’est mis au hasard, tout est calculé au nuage prêt. Gotham, n’est plus l’image de bande dessinée que Tim Burton avait si justement recréé dans sa version du « Batman », mais une ville occidentale facilement identifiable par le spectateur, pour que le super héros ne soit plus une icône de l’imaginaire, mais un personnage qui frôle notre réalité. Christopher Nolan plonge l’assistance dans un cauchemar jubilatoire, où chaque personnage manipule les fils de notre existence, la bande dessinée s’efface pour laisser place au chef-d’œuvre gothique, où chaque plan est un véritable plaisir pour les yeux comme pour les oreilles, où le rythme est maîtrisé à la perfection, où la musique ne fait pas qu’habiller une action, elle en donne toute l’essence et bien plus en fait. Christopher Nolan a voulu que son film soit au plus proche des spectateurs et que les personnages soient le plus crédible possible quitte à transgresser certaines règles de la bande dessinée.
Ce qui nous amène tout droit à l’apparence du joker et à l’interprétation d’Heath Ledger (Le secret de Brockeback Mountain, Chevalier). Car au-delà de toute considération nécrologique, il faut d’abord saluer l’incroyable sens de l’esthétique du réalisateur et de son comédien, qui ont voulu d’un commun accord donner au « Joker », un visage plus en accord avec la folie de son esprit et le résultat est d’autant plus saisissant que le méchant est autant effrayant qu’attirant de la même manière que celui de le BD et du Burton, mais avec cela de plus, que la folie se fait plus brutale. Car si son visage et le maquillage schizophrène qui le masque est particulièrement repoussant il cerne parfaitement la psychologie de son porteur. Le « Joker » n’a pas l’esprit de l’esthétique, il masque ses blessures autant que son esprit malade, par folie non par goût. Et l’interprétation du comédien a cela d’impressionnante, qu’il parvient à faire oublier son vrai visage, pour laisser apparaître celui maquillé de son personnage. Toujours sur le fil du rasoir Heath Ledger transcende son rôle de « Joker » en lui donnant une véritable folie, à la fois naïve et totalement maîtrisée, celle-ci n’en n’ait que plus effrayante. L’acteur est au sommet de son art et l’on regrettera simplement cette frustration que sa carrière se soit brisée après une telle réussite. Mais il serait tout de même injuste de ne pas parler de l’interprétation de Christian Bale (Batman Begins, L'empire du soleil) qui, même si elle semble complètement effacée par celle du méchant reste impressionnante, principalement grâce à la dualité qui hante constamment le héros. La maturité en plus, l’acteur connaît mieux son personnage et le fait évoluer en le rendant plus humains.
Et pourtant tout ne semble pas totalement réussit, car une certaine gêne ressort malgré tout de ce nouveau volet des aventures de Batman. A commencer effectivement par la personnage de l’homme chauve-souris, qui souffre finalement d’une remise au second rang de son personnage, car consciemment ou non, le spectateur trépigne à l’idée de voir apparaître le « Joker », et se désintéresse finalement des aventure psycho romantique du héros, pour attendre avec impatience les nouveaux débordements du savoureux méchant. Mais là où le bas blesse réellement, c’est sur l’aspect volontairement identifiable de l’aventure, car si les personnages gagnent en crédibilité, l’ensemble souffre de références aux Etat-Unis un peu trop pesantes comme la réplique d’Harvey Dent : « Vous auriez mieux fait d’acheter Américain… », ou encore Gotham qui est une véritable sœur jumelle de New York, au moindre détail prêt, y compris dans l’enterrement de l’officier. L’Amérique post 11 Septembre, s’invite un peu trop souvent dans ce nouveau volet des aventures de Batman, et ne cesse d'opposer la violence des uns avec les valeurs américaines maintes fois rabachées dans les films hollywoodiens.
En conclusion, « The dark Knight : Le chevalier noir », est un petit chef d’œuvre gothique que le réalisateur Christopher Nolan a su maîtriser à la perfection. Mais une perfection qui montre ses faiblesses, dans la recherche de la crédibilité et de l’identification, en associant Gotham à l’Amérique marquée par les attentats du 11 Septembre 2001, qui ne cesse d’associer ses méchants à la peur du terrorisme, entretenu par un administration Bush particulièrement efficace dans ce domaine. Mais le film reste une véritable réussite notamment grâce à l’interprétation d’Heath Ledger qui transcende son rôle de Joker. A ne rater sous aucun prétexte !