Rodrigo Borgia est devenu le pape Alexandre VI. Mais le pouvoir suprême s’accompagne d’ennemis toujours plus puissants qui ne reculent devant rien pour le renverser. Tandis que le pape complote pour détruire ses opposants, sa maîtresse Giulia Farnese réalise que sa situation devient précaire. Sa fille Lucrezia séduit de nouveaux prétendants tout en s’occupant de son fils illégitime. La rivalité entre les deux frères Cesare et Juan atteint son paroxysme.
Showtime déjà responsable de l’excellente série « Dexter », nous propose de découvrir une vision de luxe avec Jeremy Irons (Faux-semblants) dans le rôle-titre. Une série qui trouve dans l’histoire de cette famille noble espagnole accédant aux pouvoirs de la papauté par l’usage récurrent de la corruption et s’y maintenant en ayant recours aux crimes, la source d’une série d’intrigues quasiment inépuisable. Car la famille Borgia contient tous les ingrédients pour donner naissance à une nouvelle série dans la lignée des « Tudors » avec intrigues, sexe et autres débordements en tout genre.
Et il faut bien le dire, Neil Jordan ciselle ses intrigues, ne sombre pas dans la facilité de la série volontairement provoquante avec des scènes torrides annoncées à grand renforts de plans à la lumière voluptueuse. Le réalisateur soigne ses personnages, ne donne que le nécessaire, ne fait pas dans la surenchère commerciale, bien au contraire. Alors que les autres séries comme « Les Tudors » ou encore « Rome » flirtent clairement avec le racolage pour mieux ancrer l’aspect bestiale de l’époque, Neil Jordan préfère la fresque historique et la suggestion plutôt que le voyeurisme.
La mise en scène est d’ailleurs particulièrement soignée, avec des lumières toutes en contrastes notamment dans les ors des palais pontificaux. Le réalisateur pose ses intrigues dans une reconstitution historique méticuleuse qui force le respect. A l’image des plus grandes fresques du cinéma mondiale, « The Borgias » a le bon goût de nous entrainer d’abord dans une intrigue qui se veut la plus proche de la réalité historique, notamment autour du personnage de Lucrèce Borgia (rendue célèbre par Victor Hugo, entre autres), qui fut l’un des membres de la famille qui connut le plus la souffrance physique et mentale, mais qui parvint à avoir une influence majeure dans l’histoire de l’art Italien, autant que dans une œuvre romanesque de grande envergure.
Cette deuxième saison enfonce d’ailleurs le clou de la reconstitution en insistant un peu plus sur l’opposition qui gangrène les relations entre les deux fils de Rodrigo Borgia, mais également sur les intrigues internes à l’église qui tente par l’extrémisme d’imposer sa vision des choses. Dans ce deuxième volet, on plonge un peu plus dans les ambiguïtés d’une société Florentine bien de celle qui fit sa réputation, où la richesse et les arts n’ont plus la brillance que le rendit célèbre, où les cardinaux ne sont plus des hommes d’églises mais de pouvoir. La mise en scène y est toujours aussi rigoureuse et l’intrigue, si elle perd un peu en intensité n’en n’est pas moins captivante.
Et pour donner corps à son ambition, le réalisateur peut s’appuyer sur les interprétations particulièrement inspirées de ses acteurs à commencer par Jeremy Irons que l’on aime toujours autant voir dans un rôle de personnage ambigu, avide de pouvoir. Mais aussi François Arnaud (J’ai tué ma mère) et Holliday Grainger (Bel-Ami) qui composent le frère et la sœur sulfureux : César et Lucrèce Borgia avec beaucoup de talent et d’inspiration.
En conclusion, cette deuxième saison prend un peu plus le temps de décrire la société du XVème siècle avec son extrémisme religieux et ses hommes avides de pouvoirs et de sang. La mise en scène est toujours aussi soignée et l’interprétation prend un peu plus en assurance autour d’un Jeremy Irons un peu plus cabot.
4 Documentaires viennent compléter l’édition, d’abord un making of « Le monde de The Borgias » autour de la série où l’on plonge un peu plus dans les ambitions de la production, particulièrement sur le rapport entre la véracité de l’histoire et la possibilité d’en faire une série à rebondissements réguliers.
Puis « L’art de l’escrime » qui revient sur l’entrainement précis et minutieux pour se familiariser à l’art ancestral de l’escrime de manière à rendre parfaitement crédible les différentes scènes impliquant ce sport.
On continue avec « Les instruments de Torture », le XVème siècle étant réputé pour l’imagination débordante de ses contemporains dans l’art de la torture, à l’image de « la chaise de Juda » dont il est question dans cette saison.
On finit avec « Le poison des Borgias », l’arme favorite de la famille qui tient une place importante dans cette deuxième saison.
Un ensemble de documentaires réjouissant qui viennent parfaitement compenser le manque de la première saison qui brillait par l’absence de bonus.