L’histoire
Au moment de franchir le cap des cinquante ans, Remco Albrecht doit composer avec ses infidélités conjugales et des problèmes financiers au sein de son entreprise.
Critique
Discret depuis son excellent Black book (2006), Paul Verhoeven réapparaît six ans plus tard avec Tricked (Steekspel), un moyen métrage de quarante-neuf minutes (auquel l’éditeur a cru bon d’accoler un documentaire histoire de rallonger la sauce ...). Si chaque film du Hollandais violent constitue un évènement en soi, celui-ci aura surtout fait du bruit en raison de sa conception singulière.
S’inspirant des principes du crowdsourcing (financement participatif), Tricked a débuté par quelques pages de scénario (correspondant aux premières minutes du film) diffusées sur le web en 2011. A partir de cette matière, les internautes étaient invités à imaginer la suite de l’intrigue. Porteur, le projet a suscité d’innombrables participations. Après un gros travail d’écrémage, les meilleures propositions ont été retenues et leurs idées intégrées au métrage. Que penser d’un tel concept ? D’un côté, l’envie de donner un rôle actif aux spectateurs et l’aspect expérimental de la chose semblent intéressants. De l’autre, on peut regretter que cela s’inscrive dans un travers social voulant que chaque personne se sente désormais obligée de donner son avis sur tout. Sans compter, aussi, qu’il semble plus logique de laisser faire les professionnels (scénariste, c’est un métier) et que le procédé n’est pas si novateur qu’il n’y paraît (l’intérêt supposé du public conditionne déjà le financement des films, la pratique des projections-tests permet déjà au spectateur de remodeler certains éléments à sa guise). Quoi qu’il en soit, il n’est guère étonnant que Paul Verhoeven ait été stimulé par ce projet créatif ambitieux.
Si le processus de fabrication de Tricked a beaucoup fait parler de lui, on en a quelque peu oublié le métrage en lui-même. Et le film dans tout ça ? Et bien le dernier titre du grand Paul s’avère plaisant mais assez anecdotique. Direct (tournage caméra à l’épaule), simple, court, c’est une comédie un peu vaudevillesque carburant aux rebondissements (des twists à répétition qui sont probablement la résultante de sa genèse particulière). Un divertissement léger, loin de posséder le piquant des autres œuvres hollandaises de Verhoeven. Une petite friandise empreinte d’une fraîcheur (naïveté ?) assez étonnante de la part d’un réalisateur septuagénaire et réputé pour le côté « agressif » de son cinéma.
Verdict
A l’arrivée, Tricked est un moyen métrage amusant mais pas inoubliable. Espérons qu’il ne s’agit là que d’une petite pause récréative précédant un projet plus conséquent.
Une restitution très efficace. Le master est propre, la définition précise, la gestion des couleurs respectueuse de la photographie du film et la compression plutôt furtive (exceptés de rares instants de défaillance). On découvre le film dans des conditions appréciables.
Quatre pistes au choix, la version hollandaise et la version française étant chacune disponible en DD 2.0 et DD 5.1. Globalement, le rendu sonore est de qualité. Si les pistes 2.0 font correctement leur travail, le format 5.1 remporte les suffrages avec une restitution plus ample et plus dynamique (même si le film n’est pas franchement propice à un déferlement d’effets sonores).
- Tricked l’expérience de Paul (36 minutes) : Le fameux documentaire utilisé pour afficher 85 minutes et non 49 sur la jaquette (...). Un documentaire qui s’avère cependant très intéressant, Verhoeven revenant sur le film mais également sur toute sa carrière. Autant dire que ça ne se refuse pas.
- Interview de Paul Verhoeven (4 minutes) : Encore des propos passionnants. Dommage que l’entretien soit si bref et saucissonné à outrance.
- Bande annonce (2 minutes).