Lost in translation

Synopsis.
Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour touner un spot publicitaire. Il a conscience qu'il se trompe - il devrait être chez lui avec sa famille, jouer au théâtre ou encore chercher un rôle dans un film -, mais il a besoin d'argent. Du haut de son hôtel de luxe, il contemple la ville, mais ne voit rien. Il est ailleurs, détaché de tout, incapable de s'intégrer à la réalité qui l'entoure, incapable également de dormir à cause du décalage horaire.Dans ce même établissement, Charlotte, une jeune Américaine fraîchement diplômée, accompagne son mari, photographe de mode. Ce dernier semble s'intéresser davantage à son travail qu'à sa femme. Se sentant délaissée, Charlotte cherche un peu d'attention. Elle va en trouver auprès de Bob... 

Critique subjective.

Un homme, une femme, Tokyo, des japonais et chabadabada en karaoké....?

Hum....en voilà un film difficile à évaluer. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il se passe quasi rien... Pas d'intrigues, pas de suspens, pas de frissons, pas de poursuites, pas de gros rires, pas de larmes... et pourtant chose étrange on s'y accroche..on est subjugué...on erre dans cet hôtel luxueux...dans ce Tokyo si froid et si vivant, voire on ressent aussi carrément le malaise des personnages du film...C'est là peut être le tour de force que réalise S. Coppola ?

Lost In translation, c'est quoi alors?

C'est avant tout le duo Scarlett Johansson - Bill Murray et les chassés-croisés nocturnes dans l'hôtel de leurs personnages souffrant du décalage horaire....et de la solitude. Charlotte vient de finir ses études de philosophie et accompagne son jeune mari de photographe (qu'elle ne semble pas connaître du tout) qui passe son temps à son boulot. Du coup Charlotte est seule, délaissée et s'ennuie... Pendant ce temps Bob tourne ses pubs entourés de gens qu'il ne comprends pas trop, voire pas du tout... De temps en temps il a sa femme au téléphone mais c'est pour choisir la couleur de la moquette de son bureau... Bref sa vie sentimale et familliale semble être au point mort... Autour de ses 2 personnages en pleine joie de vivre gravitent d'étranges êtres : la mari de Charlotte à fonds dans son boulot de photographe de stars et une star justement, Kelly Strong, mélange hybride de Britney Spears et Lara Croft. Jouée par Anna Faris, elle l'est l'archétype de l'actrice blonde hyper-excitée, grottesque, mégalo et hyper hype ! Son personnage est un régal de bêtise et apporte la touche d'humour et de dynamisme au film. Et il y a aussi les japonais... pleins, partout... chantant au karaoké, jouant dans des salles démentielles de jeux vidéos, sortant en boîte...

Que se passe t'il pendant une heure et quarante minutes ?

Eh bien on découvre Tokyo lors des promenades solitaires de Charlotte, mais attention le vrai Tokyo ! Sans clichés, brut de décoffrage et poétique. On observe petit à petit le rapprochement de ces 2 personnages, certes entourés mais si seuls et tellement décalés. On se demande quant aura lieu la vraie rencontre de ces 2 êtres que tout semble rapprocher sauf l'âge... Puis vient la rencontre, les discussions, la prise de connaissance de l'un et de l'autre, les sorties (belles scènes de karaoké) et le rapprochement... Et c'est là que vient l'intrigue du film.... Elle a à peine une vingtaine d'année, lui la cinquantaine marié et des enfants... Jusqu'où iront ils ? Franchiront ils la ligne ? C'est avec subtilité que S. Coppola vous distillera les éléments de réponse.... jusqu'à l'étrange (frustrante?) scène  finale...

Des acteurs solides.

Il faut le préciser aussi, Lost in Translation doit beaucoup aux performances de la délicieuse et fraîche Scarlett Johansson qui semble si "intellectuelle neuneu" à côté de son branché de mari. Elle apporte une touche de grâce et d'innocence au film, elle ne connaît encore rien de la vie et ne sait pas où elle va du moins semble t'il jusqu'à la derniere scène... De son côté Bill Murray, lui, représente plutôt le contraire. Il est un acteur sur le déclin qui préfere aller gagner de l'argent en tournant de vulgaires publicités au Japon où il bénéficie d'un statut de star plutôt que de rester chez lui et remonter sur des planches de théâtre. Sa vie affective et familliale est au plus bas, sa femme et ses enfants semblent trés bien vivre sans lui... Il n'en est pas dupe et essaiera de recoller les morceaux pour y voir plus clair... Un bien joli rôle de personnage désabusé pour Bill Murray, sobre et drôle à la fois, et qui verra en Charlotte un rayon de soleil dans la grisaille de sa vie, une bouée dans l'océan...

Conclusion.

Un trés beau portrait d'âmes perdues, tout en finesse et poésie malgré le bruit et la fureur de Tokyo. C'est aussi une belle invitation au voyage, un dépaysement total, une toute autre culture et au milieu de tout cela une histoire d'amour pas tout à fait comme les autres...et si loin...

Précisons toutefois que la note de 4/5 récompense surtout l'excercice de style réussi de S.Coppola, le ton juste et différent qu'elle a su trouver et l'imagination pour décrire autant de scènes différentes sans qu'il se passe grand chose. Lost in Translation ne plaira pas à tout le monde, c'est sûr. 

Moderne et froide mais belle.

Ce film bénéfie d'une superbe photographie mélant le Tokyo morderne et froid au Tokyo traditionnel et ses superbes jardins aux pas japonais. La lumière comme le rendu des couleurs, à la fois froid et poétique selon les lieux, retranscrit trés bien l'état d'esprit et les sentiments des personnages principaux. Aucun problème de compression ne vient gâcher le tout. Du beau boulot !

3 pistes sinon rien.

Oui, et pour une fois la VO est à l'honneur avec un piste DD 5.1 mais aussi une DTS 5.1 ! C'est suffisament rare pour le signaler. Côté VF  nous avons droit à une DD 5.1. Au niveau du jeu des 7 erreurs, les versions sont trés semblables. On choisira la piste DTS, parce que c'est du DTS, mais nos oreilles ne distingueront pas grand différence d'avec les pistes DD. La VF s'en sort pas trop mal pour une fois, ne dénaturant pas trop le film et les personnages. Les dialogues sont suffisament audibles avec une meilleure dynamique pour la VO mais pourraient être plus en avant.

De beaux effets, c'est rare pour un film intimiste.

On notera de bien jolis passages autour de la 33eme minutes avec l'effet hall de la piscine lors de l'aquagym avec la musique entendue sous l'eau/hors de l'eau. Idem avec la séquence suivante dans la salle de jeux vidéo de Tokyo. De même le superbe et planant "Girls" de Death In Vegas est rendu à merveille sur les 5 canaux.

NB : Bien que le lecteur DVD affiche une DD 2CH, il s'agit bien d'une piste DD 5.1 pour la  VF ! :)

Menus : Beaux, aériens, zen, design, subtils, animés et en plus avec le planant Girls en arriere plan.

Bonus : Assez sérieux et pointus dans l'ensemble.

Making of (29m44s VOST) : Filmé au camescope comme un film de vacances amateur, il permet de découvrir l'avant tournage, avec le planning, le choix des extérieurs, l'arrivée des acteurs, la cérémonie "coppola-esque" avant le tournage de la  1ere scène. On découvre aussi que Sofia a filmé sans autorisation par moments dans Tokyo, à la sauvage, ce qui donne un côté aventurier à ce reportage trés riche qui retranscrit trés bien le tournage d'un film et de la vie de l'équipe au jour le jour.

Clip vidéo (3mm00s)  "City Girls" : avec des extraits du film où l'on voit Charlotte errer dasn Tokyo.

5 Scènes coupées (10m00s VOST) :

Scènes assez intéressantes dans l'ensemble et qui sont soit des inédites soit des versions longues de celle vues dans le film.

Bill Murray fait l'andouille pendant la scéance d'aquagym - Charlotte et les robots - Conférence de presse intégrale de l'inénarable Kelly Strong (arf.... blondasse effect à souhait ;) ) - Matin après le karaoké - Bob à l'hôpital (version longue).

Mattiew's best Hit TV (4m40s - VOST) : Version intégrale de l'émission kitsch destroy auquel participe le pauvre Bob et dont on ne devine que quelques secondes dans le film. Suffisament toutefois pour deviner la galère dans laquelle il s'est engagé.  Cette version longue confirme la crétinité de l'émission... ils sont fous ces japonais... ;)

Conversation avec Bill Murray et Sofia Coppola (9m30s VOST) : Les 2 personnages reviennent sur le tournage du film et se rémemorent des souvenirs, des impressions  et parlent des scènes clés du film dans un entretien trés convenu.

Bandes annonces (4m09s VOST - VF ) : bandes annonces en version française et originale

Conclusion : Un trés bel exercice de style, mais attention qui risque d'en rebuter plus d'un car il ne se passe quasi rien dans ce film...Alors si déja vous avez du mal avec les comédies romantiques plus animées cela risque d'être dur... Mais qui sait ? Tentez le coup quand même, Scarlett Johansson est quand même trés mignone, on découvre Tokyo et le DVD est trés bien fait à tous les points de vue.