L'histoire :
260 avant Jésus-Christ. La Chine est divisée en sept royaumes. Zhen, le roi du royaume de Qin, convoite l’unification des autres monarchies pour en faire un seul empire dont il serait le maître. Pour légitimer l’invasion des autres royaumes, il organise une fausse tentative d’assassinat contre lui-même. Mais, orgueilleux et obsédé par le pouvoir, Zhen va déclencher une guerre totale, sanglante et sans merci.
Critique subjective :
L’histoire de L’empereur et l’assassin est basée sur une légende vieille de 2300 ans et racontée de génération en génération en Chine. Elle a aussi été relatée par
Zhang Yimou dans Hero (2002). Cette histoire s’est déroulée lors de la " Période des Etats guerriers ", située entre 475 et 221 avant Jésus Christ, durant laquelle la Chine actuelle était divisée en sept royaumes qui se disputaient le territoire.
Les deux réalisateurs ont choisi de raconter cette fresque épique de manière assez différente puisque Chen Kaige propose un film de facture classique tandis que Zhang Yimou, surfant sur la vague de Tigre et dragon (2000) de Ang Lee, réalise un film inspiré du film de Wu Xia qui lui permet de mettre en avant l’esprit guerrier et chevaleresque du genre.
Ce choix explique la différence de casting entre les deux réalisations qui impliquait pour Hero que Zhang Yimou, néophyte dans le Wu Xia Pian, s’entoure de spécialistes du genre comme
Jet Li,
Maggie Cheung (habitué des films de Kung Fu comédie),
Tony Leung Chiu-Wai,
Zhang Ziyi (Le secret des poignards volants (2004),
critique cinéma) et Donnie Yen ainsi que du chorégraphe Tony Ching Siu-Tung (
Flying dagger,1993), Histoire de fantômes chinois et Shaolin soccer). Hero réunit tant de talents que les critiques acerbes contre ce film ne résistent pas à l’analyse et ne peuvent être réduites à un jugement contre un film qui cherche à autant à narrer un pan de l’histoire que divertir le spectateur. Ce film est monté comme une belle machine à Box-office mais permet d’obtenir un résultat impressionnant grâce à une photographie signée par Christopher Doyle, fidèle collaborateur de
Wong Kar-Wai (Les Cendres du temps), la présence de la chef costumière Emi Wada (
Ran d'
Akira Kurosawa ou Tabou de
Nagisa Oshima) et à la musique du compositeur Tan Dun qui a aussi dirigé la bande originale de Tigre et dragon.
Il ne faut pas bouder son plaisir de découvrir à la fois la version plus réaliste de Chen Kaige et celle plus spectaculaire de Zhang Yimou car les langages cinématographiques des deux films ne sont pas les mêmes.
Chen Kaige partage avec
Zhang Yimou plusieurs collaborations avec la belle
Gong Li qui a été mariée à ce dernier durant plusieurs années.
Gong Li, figure dans plusieurs des réalisations de son ex-époux dont Le Sorgho rouge (1987), Epouses et Concubines (1991), Qiu Ju une femme chinoise (1992), Vivre (1993),
Shanghai Triad (1995). On a aussi pu voir
Gong Li dans Adieu ma concubine (1992) ou Temptress moon (1996) de Chen Kaige,
2046 (2003) ou Eros (2003) la trilogie réalisée (et prévue pour 2005) par Steven Soderbergh,
Michelangelo Antonioni,
Wong Kar-Wai .
Le rôle de l’empereur est tenu par le très saisissant Li Xuejian beaucoup plus expressif et frappant que l’empereur de Zhang Yimou. De manière amusante Chen Kaige joue le rôle de Lu Buwei, le Premier ministre de L’empereur mais il est aussi présent au casting du film
Le dernier empereur de
Bernardo Bertolucci qui avait raconté celle de Pu Yi, le dernier empereur de Chine, dans le film homonyme en 1987.
Comme Hero, L’empereur et l’assassin a été tourné dans de somptueux décors dont la multiplication a nécessité sept mois de tournage durant lesquels l’équipe a rencontré de nombreuses difficultés du fait de l'ampleur du projet et des conditions climatiques. Chen Kaige est parvenu à produire un film qui a une facture très réaliste et que l’on peut qualifier d’historique même si il y a une part d’invention. On découvre un empereur (un roi de Qin) ambitieux, oscillant entre une volonté de bien faire en unifiant les sept royaumes pour créer l’empire de chine mais sans cesse soumis à la tentation de guerres sanglantes que Dame Zhao interprétée par Gong Li veut lui rappeler en faisant marquer son si beau visage au fer rouge.
Cette histoire suggère que la fondation d’un empire à l’image de l’empire fondé par Alexandre Le grand ou l’empire Romain s’accomplit souvent au prix d’affrontements sanglants et sous l’égide de la volonté d’un homme visionnaire. Le pouvoir qui en découle implique une forme de solitude peu enviable et menace sans cesse de corrompre les caractères les plus justes.
Verdict :
L’empereur et l’assassin s’impose comme une des fresques épiques et cruelles des plus belles et dont l’histoire de la fondation de l’empire Chinois peut aussi être vu sous un autre angle avec le film Hero de Zhang Yimou qui relate cette même histoire. On peut aussi admirer le merveilleux visage de Gong Li qui livre une très belle interprétation sans oublier celle du réalisateur qui joue le rôle de Lu Buwei, le Premier ministre de L’empereur.