La demoiselle d'honneur

                        Tout le monde a un cadavre dans le placard !

 

Philippe vit avec sa mère et ses deux sœurs. Garçon équilibré, travailleur, s’occupant de sa famille, gentil. Au mariage de sa sœur, il rencontre Senta, demoiselle d’honneur. C’est le coup de foudre. S’ensuit une relation passionnelle, dévorante.

 

Autant être franc, la rencontre avec La Demoiselle d’Honneur ne nous bouleversera pas comme elle bouleversera Philippe.

 

Dix ans après La Cérémonie, Claude Chabrol décide d’adapter de nouveau un livre de l’écrivain anglais Ruth Rendell. Avec le scénariste Pierre Leccia, ils ont décidé d’épurer un maximum le roman original. A tort, car c’est justement sur ce point que le film fait le plus défaut. Le film se révèle un peu plat, comme s’il manquait des éléments à l’intrigue pour être vraiment passionnante.

 

Et quel dommage ! Car on a l’impression que ce film aurait pu être tout autre. Car l’ambiance du film se montre fidèle aux films de Chacha, du moins les derniers : mystérieuse, trouble, … On a ici le droit à une histoire qui s’ancre dans le réel, montrant un monde très contemporain, mais avec une ambiance feutrée, un rythme particulier. Cela créé un décalage très réussi qui permet aux spectateurs de voir un film assez inhabituel, sauf pour les amateurs de Chabrol.

 

En effet, au niveau de la réalisation, on retrouve la patte de Chabrol. Sauf que par moment, celle-ci se révèle peut-être un peu trop classique, conventionnelle. Aimant les contraintes, et notamment celles qui résultent d’un tournage en décors naturels, elles ont, cette fois-ci peut-être été trop fortes pour lui et l’ont amené à réaliser un film parfois trop « plan-plan. »

 

Ce qui dessert parfois les acteurs, qui pourtant nous livrent une prestation très intéressante. Commençons par Laura Smet, qui fait preuve d’une présence captivante. Elle se montre séduisante, intrigante, inquiétante. Certes on sent encore, dans certaines scènes, la jeune comédienne derrière cette femme-enfant, mais il est évident que la caméra l’aime et cela promet une grande carrière avec des rôles très forts (et on l’espère plus intéressant que celui des Corps Impatients de Xavier Giannoli). Elle forme un couple très convaincant, même si complètement en marge, avec un Benoît Magimel fidèle à son habitude, avec une forte présence comme sa partenaire, mais laissant parfois la technique de l’acteur passer au premier plan.

 

Les autres acteurs, qui ont d’ailleurs pour la plupart déjà tournés avec Chabrol (Aurore Clément, Bernard Le Coq, Suzanne Flon,…) sont au diapason. Ce qui nous ramène au point de départ : l’histoire. Les deux personnages principaux sont très bien travaillés. Elle qui se montre tout de suite mystérieuse, nous donnant envie de savoir ce qu’il en est réellement ; lui, qui se révèle au fur et à mesure nettement moins équilibré que ne le laissait penser le début du film. Mais voilà, le reste de l’histoire n’est pas à la hauteur. On reste sur sa faim.

 Cependant, il faut quand même préciser que s’il ne se passe pas grand-chose, que le rythme du film est lent et que sa durée est de presque deux heures, on ne s’ennuie pas. Et pour le coup on peut presque parler de génie. Aurait-on, en fait, assister à une nouvelle facétie d’un des derniers représentants de La Nouvelle Vague ?

Rien à redire au niveau de l’image. Aucun problème au niveau de la définition, du contraste ou de la compression.Le travail initial semble parfaitement respecté. Les couleurs chaudes représentant le monde de Philippe, et les couleurs bleues représentant celui de Senta sont très bien restituées.

Très bon travail au niveau de la spatialisation, du dynamique et du surround. Toutefois il faut bien noter qu’un film de Chabrol ne fera jamais travailler votre installation comme certains réalisateurs américains.

 

Par contre, un gros problème au niveau des scènes sans musique. Il y a beaucoup de souffle, ce qui est bien évidemment fort désagréable.

 Le souffle est toujours présent sur la piste en PCM, où les effets surround sont bien évidemment absents. Bonne spatialisation et dynamique correcte.

Une très long making-of (Haut Les Cœurs !), divisé en deux parties. Celui-ci se révèle très instructif, très intéressant sur la manière dont travaille Chabrol. Ce documentaire, très didactique et très explicatif nous permet de bien voir comment un film se fait : la préparation de l’histoire, la mise en scène, la direction d’acteur ou son absence, la mise en place des décors. Un vrai régal pour les passionnés de cinéma. De ce point de vue-là, il serait presque plus intéressant de voir le making-of que le produit fini.

 Enfin, de manière anecdotique, la bande-annonce cinéma du film.