L’histoire :
Un policier obsessionnel, Harry Grant (William Lundigan), et la journaliste obstinée, Ann Gorman (Dorothy Patrick), dont on l'a flanqué, tentent de retrouver la trace d'un assassin surnommé "le Juge" (Edwin Max). Particularité : cet assassin sans visage opère uniquement par temps de pluie…
La critique :
Richard Fleischer reste à ce jour l’homme qui a certainement réalisé l’un des tous meilleurs films de serial killer avec
L’étrangleur de Boston (1968), offrant à Tony Curtis un rôle de composition taillée dans l’authenticité. Car ce film s’inspirait d’un fait « divers » d’un tueur, qui avait crée la psychose dans toute une ville en étranglant à tour de poignets les femmes célibataires directement à leurs domiciles. En 1971, il s’empare d’un fait divers d’outre manche cette fois-ci avec
L’étrangleur de Rillington Place, un autre modèle du genre avec Richard Attenborough dans le rôle du maniaque. Avec
Assassin sans visage (1949), on retrouve déjà cette figure du tueur étrangleur. Ici, sa particularité vient du fait qu’il commet ses crimes par temps de pluie uniquement.
La grande originalité du film réside dans le dans traitement du tueur. Ce personnage brille par son absence pendant les deux tiers du film, mais reste paradoxalement omniprésent à l’écran. Comment et pourquoi ? Pour mener à bien son enquête, Harry Grant reconstitue le profil du tueur grandeur nature c'est-à-dire sous la forme d’un mannequin fidèle autant que possible aux dépositions.
La chose troublante est que ce mannequin n’a pas de visage, chose que Fleischer exploitera à fond dans le film. On peut retrouver ce procédé poussé à l’abstraction la plus totale dans
Six femmes pour l’assassin (1964) de Mario Bava, pour les aficionados del maestro.
L’autre trouvaille se situe du côté de la réalisation. Lorsque le tueur essayera d’ajouter une huitième victime à son compteur, Fleischer veillera bien à ne surtout pas nous montrer son visage. En revanche il ne nous épargnera rien des ratés lamentables de l’assassin, dans cette scène on le voit pris de dos essayant avec peine et fracas de venir à bout de sa victime (d’ailleurs il n’y arrivera même pas). Et lorsqu’enfin l’identité de l’assassin sera découverte par les enquêteurs,
Fleischer nous dévoilera son visage en prenant bien soin de ménager l’attente du spectateur (lente montée des marches, puis lent levée de tête…).
Voilà comment Assassin sans visage réussit le tour de force de faire exister à l’écran un personnage absent avec une pure idée de mise en scène, qui prouve l’inspiration et l’inventivité de Richard Fleischer.
L’image est nette, sans griffures ni poussière. La séquence finale où des angles de prises de vues sont tentés, offre une belle perspective avec des arrière-plans bien définis.
Une seule piste mono anglaise, avec sous-titres optionnelles. Le son est très claire. Là aussi, la séquence finale jouit du travail de restauration. Les coups de feus raisonnent à merveille dans cette usine désaffectée, tout comme ces phases d’attente plongées silencieuses, où le seul souffle perceptible est celui des conduits à l’intérieur du film. Bonne dynamique dans ces scènes d’action mais aussi clarté dans les dialogues.