Ce coffret contient deux films (un seul testé):
- Uniformes et jupons courts (1942,
non testé) - 96 mn : Après être venue saisir sa chance à New York, Susan Applegate rentre au pays. Prenant les traits d’une adolescente pour ne pas avoir à payer un ticket plein tarif, elle doit déjouer la vigilance des contrôleurs du train. Là, elle trouve refuge dans le compartiment du major Kirby…
- Les Cinq secrets du désert (1943) - 92 mn : En 1942, John Bramble, un caporal anglais, arrive seul et épuisé à une oasis. Dans cet endroit perdu où la vie ne semble pas avoir de prise, il rencontre Farid, un égyptien, gérant du seul hôtel et lieu habité de l’endroit. Il lui propose alors de prendre la place de Davos, le maître d’hôtel récemment décédé et ancien membre des services secrets allemands …
Critique artistique :
Billy Wilder (1906 – 2002) est né en Allemagne où il a été journaliste puis scénariste (Les Hommes le dimanche (1929) ou d'Émile et les détectives (1931)) avant de s’expatrier en France en réalisant un des premiers films de
Danielle Darrieux, Mauvaise Graine (1933), en collaboration avec Alexandre Esway. Il part ensuite tenter sa chance à Hollywood où il est d’abord scénariste (One Exciting Adventure et Music In The Air (1934), Lottery lover (1935), Champagne Waltz (1937)) et collabore avec Ernst Lubitsch pour la Huitième Femme De Barbe-Bleue (1938) et Ninotchka (1939) avec
Greta Garbo. En 1942, le producteur Arthur Homblow Jr. et la Paramount lui donnent sa première chance de metteur en scène aux USA : une comédie qu'il écrit avec son complice habituel Charles Brackett, Uniformes et jupons courts (1942) avec Ray Milland et Ginger Rogers qui est suivi peu de temps après par Les cinq secrets du désert (1943). Dès lors, il tournera très régulièrement (au moins jusqu'en 1964), alternant les comédies et les films noirs, collectionnant les Oscars (pour Le poison (1945), Sunset boulevard (1950), La Garçonnière (1960)) et les succès commerciaux (Stalag 17,
Sept ans de réflexion (1955) et Certains l'aiment chaud (1959 avec
Marilyn Monroe), jusqu'à ce que les échecs financiers de ses derniers films l'obligent à espacer ses réalisations. Il est décédé d'une pneumonie, à l'âge de 95 ans, à Los Angeles.
Ses premières armes en tant que réalisateur,
Billy Wilder les fait en co-réalisant Mauvaise Graine (1933) avec Alexandre Esway mais surtout avec Uniformes et jupons courts (1942) avec
Ray Milland et
Ginger Rogers. Uniformes et jupons courts pose les bases de la comédie sophistiquée chez Billy Wilder. Dialogues incisifs, quiproquos et situations rocambolesques portent au sommet l’humour de ce premier classique hollywoodien de Wilder en tant que réalisateur, après avoir œuvré plusieurs années comme scénariste de grands noms :
Ernst Lubitsch et Mitchell Leisen. L’année suivante il réalise Les cinq secrets du désert (1943), un film de genre explorant le film de guerre et d’espionnage dramatique qui sert la propagande américain lors de la seconde guerre mondiale. Produit par Charles Brackett, Les cinq secrets du désert permet à Billy Wilder d’user avec maestria des procédés d’usurpation d’identité et de déguisement à des fins dramatiques et permet surtout au réalisateur, de travailler avec l’acteur et réalisateur
Erich Von Stroheim (1885-1957), l’autre idole de Wilder après Ernst Lubitsch. Erich Von Stroheim interprète le Maréchal Rommel, crâne rasé, alors qu’il a déjà à plusieurs reprise incarné le prototype du « sale boche » qu’on ne peut que détester mais que l’acteur crédite d’une dimension étonnamment cinégénique sans doute grâce à sa capacité à donner vie à un jeu fait d’une forme de « naturalisme sordide allié à une sorte de romantisme désespéré » comme le formule parfaitement le critique et théoricien du cinéma Jean Mitry. Folies de femmes (1921) et Rapaces (1923 - 1925) sont considérés comme des oeuvres majeures en tant que réalisateur.
Dans Les cinq secrets du désert, la propagande apparaît très rapidement puisque l’on découvre John Bramble incarné par Franchot Tone, inconscient et se balançant mollement sur la tourelle d’un char, avançant inexorablement dans les dunes du désert. Le cadrage et la photo d’une beauté effarante traduisent une dimension lyrique qui transforme un caporal anglais en un héros fatigué et divaguant. Franchot Tone délire, frappé d’insolation jusqu’à ce qu’il arrive à l’ «Hotel Empress of Britain», dont l’état laisse penser qu’il s’agit d’un symbole d’une Angleterre mal en point que seule l’intervention d’une armée américaine surpuissante pourrait secourir. On remarquera qu’il n’y a pas d’américains dans ce film où évoluent des anglais, Farid, un égyptien, gérant de l’hôtel où travaille Mouche (Anne Baxter), une française cherchant à marchander avec les allemands pour sauver son frère prisonnier dans un camp en allemagne. Naturellement, les méchants sont les allemands avec à sa tête le Maréchal Rommel (Erich Von Stroheim), associés aux italiens dont le principal représentant, un officier apparaît sous les traits d’un bon vivant, chantant des airs d’opéra avec une certaine bonhomie qui se confirme à la fin du film. Mais à côté de la propagande, on retrouve une dimension dramatique qui cristallise le personnage de Mouche, jeune femme prête à se corrompre pour sauver son frère mais qui décide pourtant de tenir tête à Rommel pour permettre à Davos alias Franchot Tone de s’enfuir et livrer aux alliés des informations capitales pour mettre en échec les plans de l’armée allemande. On peut apprécier ce film pour ce qu’il est en faisant abstraction de la propagande même si certaines scènes comme la scène finale de recueillement au cimetière repose sur de grosses ficelles.
Verdict :
Les cinq secrets du désert, film de guerre et d’espionnage intéressant en dépit de sa visée propagandiste en faveur de l’effort de guerre américain. On peut le visionner en faisant abstraction de sa visée propagandiste et appréciant le jeu et la présence de Erich Von Stroheim, animal cinématographique qui exprime beaucoup dans peu d’espace.