Femme et enfant partis à la campagne pour les vacances d’été, Richard Sherman (Tommy Ewell) se retrouve seul en pleine canicule new-yorkaise. Bien décidé à ne pas imiter ses collègues masculins, attendant avec impatience cette pause estivale pour retrouver leur liberté et consommer leur adultère en toute tranquillité, il décide de rester sagement dans l’appartement familial. Grave erreur ! Puisque une inconnue (Marilyn Monroe) vient juste de s’installer à l’étage au-dessus…
Les hommes préfèrent Marilyn !
La rencontre de deux légendes du cinéma :
Billy Wilder et
Marilyn Monroe pour un classique de l’âge d’or d’Hollywood ! Le réalisateur autrichien, ayant fui l’Europe nazie dans les années 30, avait pourtant débuté par des films dramatiques, sombres, dressant un portrait peu reluisant de l’être humain, notamment avec
Le Poison (1945, oscar du meilleur acteur pour
Ray Milland) traitant du problème de l’alcoolisme ou avec
Assurance pour la Mort (1944), une histoire de meurtre sur fond d’escroquerie à l’assurance, établissant par la même occasion les codes du Film Noir. Mais c’est bien dans le registre plus léger de l’humour qu’il signera ses œuvres les plus marquantes, les plus connues, notamment ce petit bijou de comédie loufoque au rythme effréné.
Un homme au prise avec la plus exquise des tentations : la femme ! A peine son épouse partie pour le repos estival, Sherman, énergiquement interprété par un
Tommy Ewell monté sur ressort et au visage aussi expressif qu’un cartoon de Tex Avery, tombe sous le charme de la nouvelle locataire. Pourtant il va essayer de lutter contre ses pulsions, réprimer ses désirs. Un combat perdu d’avance l’entraînant, petit à petit, dans une sorte de folie mêlant fantasmes et réalité, pour notre plus grand plaisir. Les séquences imaginaires sont absolument savoureuses et le passage du quotidien au rêve démontre un savoir-faire technique remarquable à une époque où les effets spéciaux étaient encore au service de l’histoire et non le contraire.
Les hommes seraient donc tous les mêmes et irrémédiablement destinés à être infidèles ! Mais comment en vouloir à Sherman lorsque le fruit défendu n’est autre que l’icône emblématique du cinéma américain,
Marilyn Monroe ? Les courbes assassines et envoûtantes, le regard sensuel et dévastateur !
Wilder sait tirer profit de la présence de sa star et chaque scène où apparaît l’héroïne des
Hommes Préfèrent les Blondes (
Howard Hawks, 1954), trouvant dans l’adaptation de cette pièce à succès un de ses meilleurs rôles, relève tout simplement de la magie. Des nappes de sensualité recouvrant un torrent de charme ! Et malgré les difficultés légendaires de tournage avec cette
désaxée, le réalisateur multi-oscarisé n’hésitera pas à refaire appel à ses services pour un autre classique de la comédie hollywoodienne,
Certains l’Aiment Chaud (1959), connaissant pertinemment l’effet unique de cette présence quasi miraculeuse.
Le sujet, la tentation de l’adultère, sulfureux pour l’époque du fameux Code Hays, fait un peu vieillot aujourd’hui, surtout au travers d’un traitement un peu trop soft, mais le film conserve un petit je-ne-sais-quoi d’indéfinissable s’apparentant à la grâce. Une comédie d’un autre temps, où le rire n’était pas vulgaire et où la séduction ne se mesurait pas en quantité de seins ou de fesses montrés. La classe tout simplement !
Sans aucune hésitation, il est conseillé de se jeter sur ce dvd, comme Sherman aimerait se jeter sur Marilyn, et de lui faire une place de choix dans votre dvdthèque.