Fargo

Jerry Lundegaard (William H. Macy), vendeur de voitures d’occasion à Minneapolis est endetté jusqu’au cou. Pour s’en sortir, il fait appel à Carl Showalter (Steve Buscemi) et Gaear Grimsrud (Peter Stormare), deux escrocs à la petite semaine, pour qu’ils enlèvent son épouse Jean. Il pourra ainsi partager avec les ravisseurs la rançon que son riche beau-père paiera pour la libération de sa fille. Mais le plan va rapidement tourner au désastre.


Critique subjective
Classé par l’American Film Institute comme un des 100 meilleurs films de tous les temps, Fargo mérite t-il un tel honneur ? Auteur de quelques films incontournables comme Barton Fink (Palme d’Or à Cannes en 1991), les frères Coen réussissent le pari fou de signer avec Fargo, une oeuvre majeure du cinéma. La symbiose entre les éléments est idéale : l’histoire est fabuleuse, les acteurs brillent de mille feux, la mise en scène est épatante. Tout est réuni pour faire de Fargo, un futur grand classique !


Un fait divers qui laisse de glace
« Ceci est une histoire vraie. Ces évènements ont eu lieu dans le Minnesota en 1987. A la demande des survivants, les noms ont été modifiés. Par respect pour les morts, tout le reste est conforme à la réalité ». C’est sur ces quelques phrases que commencent Fargo, l’ambiance est plantée ! Pourtant les frères Coen sèment le doute sur la véritable existence de cette histoire. Les suppléments le prouvent : la majorité du script a été inventée, seul le fait divers dans son élément brut est véridique. Véritable atout du film, l’intrigue est particulièrement soignée. Chaque situation, chaque dialogue, chaque hésitation est parfaitement orchestré par les frères Coen. De plus, la montée progressive du suspens renforce encore davantage ce sentiment : le scénario est incroyable ! Ce sont des maîtres dans l’art de l’écriture.


Frances, William, Steve...
Seulement pour réaliser un somptueux film, l’intrigue ne suffit pas, il faut aussi de talentueux comédiens. Sur ce point, les frères Coen ont mis en oeuvre une idée assez simple : s’entourer le plus souvent possible des mêmes acteurs. Ils savent par conséquent à quoi s’attendre. Commençons par Frances McDormand (épouse de Joel Coen). Elle débuta l’aventure Coen avec Sang pour sang (Blood Simple), puis ce fut une longue marche en avant pour le trio. Dans Fargo, son talent ne fait aucun doute. Elle campe un préfet de police enceinte qui mène l’enquête sur un triple homicide. Son interprétation lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice, même si son personnage n’apparaît qu’au bout d’une demi-heure. Pour William H. Macy, c’est complètement différent. N’ayant jamais travaillé avec Joel et Ethan, il passa trois auditions avant d’obtenir le rôle. Comme il le dit : "Fargo a changé ma vie". Avant ce rôle, on l’avait vu dans Homicide de Joe Mantegna, après, c’était dans Boogie Nights et Magnolia de Paul Thomas Anderson, puis dans Jurassic Park 3 de Joe Johnston. Enfin, n’oublions pas le fidèle compère des Coen, l’excellent Steve Buscemi vu auparavant dans Reservoir Dogs de Quentin Tarantino et Desperado de Robert Rodriguez. Sa performance dans Fargo est étonnante de réalisme. Soulignons également le formidable travail de Peter Stormare et Harve Presnell.


Un travail minutieux
Comme toutes les réalisations des frères Coen, la préparation au tournage est minutieuse, notamment avec le directeur de la photographie (Roger Deakins). Ce dernier, qui travaille avec les Coen depuis Barton Fink, a élaboré une somptueuse photo. Les paysages du Dakota sont volontairement accentués au niveau du gris, pour donner encore plus de froideur à la région. Côté mise en scène, certes classique, elle n’éprouve pas le sentiment de donner dans l’excès mais se contente de trouver l’alchimie idéale entre tous les éléments. Un modèle du genre !


Les indépendants à l’assaut ?
Depuis le phénomène Fargo (succès critique, succès commercial et récompenses), les américains ont enfin compris que le cinéma ne rimait pas seulement avec business mais qu’il pouvait aussi être un art ! Les films à budget réduit sont souvent catalogués aux Etats-Unis, il existe même des récompenses pour les films indépendants : Independent Spirit Awards. Seules les « grosses » productions, grâce à l’apport financier d’un studio, peuvent prétendre à la récompense suprême : l’Oscar du meilleur film ! Cette tendance semble s’estomper depuis 1996, date de sortie du film, cependant les moeurs sont difficiles à enrayer, on retrouve toujours pour les prix les plus prestigieux des films de studio. A quand la plus haute distinction cinématographique pour les Requiem for dream, Reservoir Dogs, Fargo ?


Bilan
Une histoire fabuleuse, des acteurs aux sommets de leur art, une photographie envoûtante et une mise en scène idéale. Un monument de l'humour noir. A voir absolument si ce n’est pas déjà fait !

La nouvelle édition, en comparaison avec la précédente sortie en 1998 chez Polygram, fait un remarquable bond en avant ! Les principaux défauts sont corrigés. Cependant, le master présente encore quelques points blancs et également de petites taches. On constate aussi un encodage défaillant, avec la présence de fourmillements sur les arrière-plans. Ceux-ci sont d’autant plus notables sur les plans clairs comme la neige, qui dans le film est très présente. Par contre, la photographie est retranscrite avec une grande fidélité dans les couleurs.

Le DVD comporte deux pistes audio : la VO Dolby Digital 5.1 et la VF Dolby Digital 5.1. Le film ne se prête guère aux effets pyrotechniques que l’on entend dans les films d’action, ici, les effets sonores sont plus subtiles, ils reproduisent à merveille l’atmosphère si particulière du Minnesota. Les enceintes frontales s’animent quand l’histoire le demande alors que les surrounds se font plus discrètes, de son côté le caisson de basses ronronne deux à trois maximum. Concernant les différences entre les deux pistes, les ambiances sont équivalentes mais certaines voix (pour la version française) sont vraiment insupportables, notamment la voix de Frances McDormand. Un tel film, où les prestation d’acteurs sont primordiales, ne s’apprécie réellement qu’en VO.

· Commentaire audio de Roger Deakins (directeur de la photographie). Habitué à travailler avec les frères Coen, Roger Deakins semble apprécier cet exercice. Il s’attarde surtout sur la comparaison de son travail sur ce film avec celui de Barton Fink. Il évoque également des anecdotes très instructives comme le manque de neige qui leur a été préjudiciable, car faute de budget conséquent, le tournage a dû s’interrompre plusieurs semaines. Avant que des canons à neige furent apportés pour combler ce manque. Malheureusement on regrette l’absence de commentaire des frères Coen, qui aurait certainement apporté un plus non négligeable.

 

· Documentaire « Minnesota nice » (27’44’’). Le reportage mêle interviews des frères Coen et des acteurs avec des images du film. Les interviews abordent plusieurs sujets : l’histoire du film (le fait divers n’est pas réel), les comédiens (leurs personnages mais aussi les relations qu’ils entretiennent avec les Coen), le lieu de tournage (Minnesota), les récompenses (Oscars de la meilleure actrice et du meilleur scénario)... Un documentaire indispensable pour tous les fans ce merveilleux film.

 

· Interview avec les frères Coen (20’30’’). Interview des frères Coen et de Frances McDormand par le célèbre (outre-Atlantique) Charlie Rose. Le présentateur revient sur la genèse du film, le choix du casting, le fonctionnement du fameux duo... On apprend également que les Coen ne seraient pas contre l’idée de réaliser un film commercial ! (bizarre). Deux courts extraits du film sont diffusés durant l’interview.

 

· Bulles info. Ce supplément permet de visionner le film avec des inscriptions écrites. Premier exemple avec le logo de la MGM : « Le lion rugissant de la MGM est connu sous le nom de Leo, et est apparu pour la première fois en 1928... ». Deuxième exemple avec le logo Polygram : « Polygram Filmed Entertainment a cédé une grande partie de sa filmothèque, y compris Fargo, à la MGM, en janvier 1999 ». Dernier exemple avec le début du chapitre 10 : « Cette scène renvoie à une scène similaire de Sang pour sang (Blood Simple), dans laquelle l’un des personnages doit traîner un corps sur le bas-côté de la route, en pleine nuit ».
 · L’arbre généalogique des frères Coen. Ce bonus montre les liens entre les nombreux acteurs qui ont travaillé avec les frères Coen comme John Goodman, Billy Bob Thornton, John Turturro, Holly Hunter, Steve Buscemi, Frances McDormand...

 

· Article de l’American cinematographer. Article assez long qui regroupe plein d’informations sur Fargo, principalement sur la préparation des scènes avec Roger Deakins et les Coen.  Certains points techniques (utilisation de la lumière et de la caméra) raviront les étudiants en cinéma !

 

· Bandes-annonces et pub TV du film (4’30’’).

 

· Galerie photos des coulisses.