Alfred Hitchcock présente : saison 3 - volume 1

Flegmatique et pince-sans-rire, Sir Alfred Hitchcock revient pour une troisième saison faisant la part-belle aux histoires de meurtres, de trahison et de folie humaine. Surprenant dans leurs progressions labyrinthiques et leurs dénouements soignés, ces 16 nouveaux récits spécialement sélectionnés par le maître du suspense entraînent ceux qui s’y aventurent dans un tourbillon de manipulation visuelle et mentale. Quand Alfred Hitchcock réinvente le suspense à la télévision, il y insuffle son savoir-faire de cinéaste.

Le maître du suspens reconnu Alfred Hitchcock s’amusait d’une autre forme de média qu’est la télé. Il fut le maître de cérémonie d’une série dans laquelle les scénaristes et les réalisateurs s’amusaient à peindre des caricatures de la vie quotidienne de l’époque en plongeant ses personnages ordinaires dans situations extraordinaires. Au fil des épisodes, chaque histoire se suit avec une certaine lenteur, pour, de manière systématique, installer une intrigue sombre qui fait l’envers d’un aspect un peu plus lumineux et qui s’achève de manière systématique sur un twist d’une rare efficacité.

Sans égaler les qualités des grandes œuvres du maître, on trouve dans cette nouvelle série d’inédits, jamais diffusés en France et disponible uniquement en VOST, autant de précision et de matière qui en font une véritable réussite. Et même si la série a bien sûr vieillie et dénote par un ton assez éloigné de ce qu’il se fait actuellement, elle apparaît vite remarquable par la simplicité de son écriture et par sa redoutable efficacité.

Jamais le crime n’est là où on l’attend, il n’est jamais montré avec violence, les cadavres ne sont pas sanguinolent ils sont presque de manière évidente suggérés afin que le vidéaste ne soit pas un simple spectateur, mais qu’il se pose des questions, qu’il fasse preuve d’imagination, qu’il se fasse sa propose idée de ce qu’il s’est passé. Une série d’épisodes inédits réalisés par des noms aussi prestigieux que Hitchcock lui-même ou encore Peter Fonda (Easy Rider) ou David Friedkin (Espion et Demi), avec des prestations déjà remarquable de James Caan (Le Parrain) ou encore John Cassavetes (Shadows).

Ajoutez à cela les interventions toutes en humour noir du maître comme pour le premier épisode où Hitchcock se déguise en Beatles pour parler des origines de la batterie, qui se met en scène avec une drôlerie communicative, ce qui donne un ton léger à la série qui bouillonne de sujets sordides et parfois violents. Alfred Hitchcock insuffle à sa série un savoir-faire évident. Chaque détail compte, chaque verbe à son importance, chaque personnage  dégage une ambiguïté qui donne aux épisodes une atmosphère captivante dans laquelle un crime a été commis dans un univers commun au spectateur.

En conclusion cette troisième série d’inédits de la série « Alfred Hitchcock présente » recèle encore de belles pépites qui brillent par des intrigues redoutablement écrites et des mises en scènes toutes en nuances qui donnent une atmosphère à la hauteur du maître.

Malgré un travail de remasterisation qui permet à la série de retrouver une nouvelle jeunesse, certaines taches n’ont pu être enlevées. Mais l’ensemble brille tout de même par une grande qualité qui permet au spectateur de (re)découvrir cette série produite par et supervisée par la maître lui-même. Les contrastes  donnent finalement suffisamment  de profondeur à l’ensemble pour lui donner une nouvelle jeunesse.

La série est à découvrir en VO  Dolby Digital 2.0, ce qui donne une réelle perspective au vidéaste d’approcher l’esprit original. La spatialisation est minutieuse, la musique d’accompagnement ne se fait pas trop envahissante, et malgré des voix un peu trop chuintante parfois, la série se visionne avec beaucoup de plaisir. 

Jean François Rauger revient sur les dessous de la série et notamment l’implication d’Hitchcock et la manière dont elle évolua au fil des années ainsi que le rythme de création.