L'histoire :
Ah Wah, un petit gangster, sévit dans Kowloon, un quartier insalubre de Hong Kong où le vice, le crime et la violence sont quotidiens aux côtés de son meilleur ami, Fly. Epuisé par cette spirale de violence, il souhaite fuir le monde impitoyable des triades, et mener enfin une vie meilleure aux côtés de celle qu'il aime, sa cousine, Ah Ngor (Maggie Cheung), arrivée de puis peu à Kowloon. Mais Fly est endetté fortement auprès d'un chef de gang qui cherche à l'éliminer. Piégé par sa loyauté envers Fly, Ah Wah doit aller à son secours et ne peut échapper à son destin …
Critique subjective :
Après avoir découvert plusieurs des films de
Wong kar-wai (
Chungking Express (1994), In the mood for love (2002),
2046 (2004)), CTV nous propose de voir As Tears Go By (1988), son premier film. Bien que l’on y découvre les débuts du cinéaste avant la rencontre avec son futur chef-opérateur fétiche Christopher Doyle, on y devine déjà certaines de ses préoccupations dont la manipulation du temps, le déplacement spatial impliqué par la circulation autour et dans Hong Kong ainsi que le couple comme vecteur d’exploration des ces deux dimensions.
As Tears Go By (1988) est assez différent de la filmographie que
Wong Kar-wai impose par la suite parce qu’il s’agit d’un polar plutôt violent et qui est aussi pratiquement une commande. Déjà on y découvre
Maggie Cheung qui a signé avec
2046 (2004), sa cinquième et brève collaboration avec Wong Kar-Wai en donnant une fois de plus la réplique à
Tony Leung Chiu-wai qui ne rentre dans le clan du
Tarantino Chinois qu’avec Nos années sauvages (1991). Cette fois le réalisateur dirige
Andy Lau dans le rôle titre aux côtés de
Jacky Cheung qui tient un rôle très similaire à celui que lui fera tenir peu de temps après
John Woo dans
Une balle dans la tête (1990) aux côtés de
Tony Leung Chiu-Wai.
Le scénario de As Tears Go By (1988) s'inspire de Mean Streets de Martin Scorsese a tel point que ce film est considéré comme un remake officieux du film de Scorsese. L'histoire multiplie les parallèles. Ainsi, on passe des milieux mafieux de Little Italy à celui des triades de Kowloon, Jacky Cheung interprète un personnage qui s'inspire de celui interprété par Robert De Niro et le Grand frère
d'Andy Lau ressemble beaucoup à Charlie, le personnage interprété par Harvey Keitel. Ce scénario est l’un des plus linéaire de
Wong Kar-wai ce qui rappelle qu’il a commencé à travailler dans le cinéma en tant que scénariste. Nous sommes loin des ellipses que l’on rencontre dans les films qui suivront et que le cinéaste pousse très loin dans
2046, le film-somme où il explore son œuvre au travers des histoires d’amour qu’il y a dépliées.
Pour ce projet, le chef-opérateur de Wong Kar-wai sera
Andrew Lau qui a exercé ses talents sur City On Fire de
Ringo Lam puis sur le premier épisode de
Chungking Express (1994), et des films comme,
Gunmen de
Kirk Wong, Future Cops de Wong Jing ou encore
Once Upon a Time in China III de
Tsui Hark. On lui doit la saga des Young and Dangerous ou plus récemment Infernal Affairs avec Alan Mak. On retrouve une photo qui reste dans le ton de ce qui se fait à l’époque dans le polar Hongkongais mais quelques emprunts fait au style de
Tony Scott pour les scènes de bagarres surexposées ou à la musique de
Top Gun(1986). On retrouve également
les premiers essais de ralentis sur des scènes d’actions mais surtout sur des moments de tension que le cinéaste s’ingénie à dilater pour faire mieux voir en donnant le temps de percevoir.
As Tears Go By (1988), est donc avant tout un polar violent qui s’inscrit parfaitement dans le contexte du polar Hongkongais de son époque mais réalisé avec un certain brio par un jeune cinéaste qui en connaît très bien les codes et possède déjà un certain talent pour la mise en scène ; la mise en image suivra vite avec la Christopher Doyle connexion et la palette flamboyante que les deux créateurs mettent en place au fil du temps.
En dépit de la violence et des nombreux combats qui surviennent dans ce film, Wong Kar-wai contrebalance déjà les standards du polar hongkongais en y introduisant une dimension plus intimiste qui se traduit par le couple formé par Andy Lau et
Maggie Cheung. Pas de doute, As Tears Go By (1988) est bien le décollage du vol long-courrier pour
2046 (2002) dont tous les trains mènent à Hong Kong.
Verdict :
CTV nous propose de voir As Tears Go By (1988), le premier film de Wong Kar-wai. On y découvre les débuts du cinéaste qui pose déjà les bases de son style sur fond d’histoire d’amour et de combats de rues entre gangs dans Kowloon, un quartier insalubre et malfamé de Hong Kong. As Tears Go By est un film à part car il appartient à la fois au genre du polar Hongkongais des années 80 auquel il fait honneur tout en profitant des premières expérimentations d’un futur auteur de talent.