Beatrice Cenci

L’histoire :

Italie. XVIème siècle. Les enfants de Francisco Cenci décident d’assassiner leur père tyrannique. La chose faite, ils seront jugés par l’église.

Critique subjective :

Si, aujourd’hui, Lucio Fulci est surtout connu pour ses oeuvres horrifiques (dont sa célèbre « trilogie infernale » : L’enfer des zombies, Frayeurs et L’au-delà), cela ne saurait toutefois pas occulter le fait que le Monsieur se soit illustré dans bien des genres. En effet, Fulci, qui a commencé par la comédie, a touché au giallo, au western, au film d’aventures mais aussi à la fresque historique avec le film qui nous occupe en ces lignes : Beatrice Cenci (1969). A noter que, comme souvent, un élément fait le lien avec un précédent film du réalisateur. Ici, c’est le personnage du Catalan qui, semblant sortir tout droit d’un western spaghetti, renvoie au Temps du massacre, un métrage tourné trois ans plus tôt.

Inspirée d’un fait réel, l’histoire est celle d’un tyran (le patriarche de la famille Cenci) qui, dans l’Italie du XVIème siècle, fut victime d’un parricide (un sujet déjà traité par Riccardo Fredda dans Le château des amants maudits en 1956). Fulci était un catholique qui doutait. Il avait pour coutume de dire « Je cherche Dieu. J’ai dieu, mais j’ai aussi des doutes ». Pas étonnant que cette histoire, dont la toile de fond est la collusion entre la religion, le pouvoir et l’argent, l’ai séduit. Pas étonnant, non plus, que le film se soit attiré les foudres de l’église au moment de sa sortie. Très (trop ?) simple, le pitch a, hélas, tendance à être complexifié à outrance par un scénario qui prend le risque d’égarer son audience (les détracteurs de Fulci diront qu’il s’agit là d’une constante dans sa filmographie). Si l’histoire vraie des Cenci ne pouvait qu’attirer Lucio Fulci, c’est aussi parce qu’elle a pour cadre la Renaissance, une époque qui, pour cet amoureux des belles images, est l’occasion idéale de soigner son esthétique dans les moindres détails. On remarquera d’ailleurs que le raffinement visuel se pose comme l’antithèse plastique du comportement des personnages (l’ignoble Francesco Cenci, le Catalan et son physique d’ogre hirsute, les enfants assassins et les religieux tortionnaires).

Verdict :

A sa sortie en salles, Beatrice Cenci fut un échec assez retentissant, le public ayant boudé cette oeuvre considérée comme élitiste. Le métrage étant l’un des favoris de son réalisateur, la déception n’a dû en être que plus amère. Aujourd’hui, le titre plaira surtout à deux catégories de personnes : les amateurs de fresques historiques et les cinéphiles soucieux d’étoffer leur culture cinématographique en découvrant un pan méconnu de la filmographie d’un cinéaste qu’il convient décidément de réhabiliter, Lucio Fulci.

Un transfert numérique réussi puisque les visuels sont fidèles aux desiderata du metteur en scène. La colorimétrie, qui pourra sembler fade à certains, est ainsi complètement appropriée. La définition est satisfaisante et le master propre. La copie a été restaurée et cela s’en ressent. Compression sans coup férir. On laissera aux pointilleux et aux mesquins le soin de gloser à loisir sur les défauts du générique de début.

Là encore, le travail de restauration a porté ses fruits. Les pistes offertes par cette édition se révèlent limpides et énergiques (du moins pour une bande de cet âge). Doublages français corrects quoiqu’un peu poussiéreux.

 

- Interview de Lucio Fulci (36 minutes) : C’est un Fulci vieillissant et malade (il se considère lui-même « à l’article de la mort ») qui revient sur une grosse partie de sa filmographie dans ce document audio. Emouvant, le supplément est aussi très instructif, Fulci étant un homme érudit et franc du collier. Un bonus incontournable pour qui s’intéresse au réalisateur italien.

- La nuit américaine du Dr Lucio Fulci (30 minutes) : Vieux et malade, Fulci, dans l’ombre (vous avez dit symbole ?) évoque sa vie et sa carrière, moult anecdotes à la clé sur sa manière de travailler et la façon dont il conçoit son art. On ressent un fort besoin de reconnaissance chez ce cinéaste maudit. Passionnant.

- Fiche technique.

- Filmographies.