Peter Parker est confronté à la brutale mutation de son costume en noir, laissant ressortir son côté sombre et vengeur. Contraint de choisir entre ses deux personnalités, Spider-Man va devoir faire face à trois des pires méchants de l’histoire : L’homme-sable, Vénom et le bouffon vert.
Si l’on se référe à l’histoire du cinéma, rares sont les trilogies dont le troisième volet possède les mêmes qualités que les deux premiers. Mis à part « Le seigneur des anneaux » et la nouvelle trilogie « Star Wars » sauvé in-extrémis par « La revanche des Sith », les trilogies brillent assez peu par leur troisième volet. On peut donc logiquement se préoccuper de l’arrivée de « Spider-Man 3 ». Car les deux premiers ayant fixé la barre déjà très haut, l’arrivée de la troisième, pose, bien sur, la question du renouvellement de l’histoire et de sa crédibilité dans la longueur, d’autant que la licence de l’homme araignée se suffit à elle-même pour ouvrir de nombreuses possibilités.
Il faut donc, malheureusement se rendre à l’évidence, ce troisième volet de « Spider-Man » se trouve en dessous des deux premiers. D’abord parce que l’intrigue qui tourne autour du personnage de Peter Parker, quand à sa difficulté à accepter ses supers pouvoirs, devient rédhibitoire et finit par vite manquer de corps. Au point même d’en créer des scènes à la limite du ridicule, comme ce retournement de situation sur l’homme qui a tué l’oncle de Peter, pour mieux mettre en avant l’un des nouveaux méchants. Cette dualité semblait avoir trouvé son dénouement à la fin du deuxième volet et il n’était pas forcément nécessaire d’en remettre une couche avec un pseudo méchant extra-terrestre qui a la capacité de faire apparaître le côté sombre des humains. Un retour en arrière qui finit par vite devenir ennuyant.
La deuxième faiblesse réside dans cette maladresse qui consiste à opposer trop de méchants aux héros. Car trop de malins tue le malin. En effet le film ne cesse d’osciller d’une créature néfaste à une autre, en créant ainsi de nouvelles intrigues à chaque fois: l’Homme-sable n’est pas méchant, « c’est juste quelqu’un qui n’a pas eu de chance » et qui souffre de voir sa fille désespérément malade, Vénon est juste un garçon frustré qui a entassé les aigreurs, et le bouffon vert n’est autre que le fils du précédent qui veut venger son père. Une accumulation de méchants pas vraiment méchants ou tout au moins particulièrement excusables, qui n’a de résultante que d’alourdir le scénario et de perdre par moment l’attention du spectateur.
Enfin le scénario peine à prendre de l’ampleur et emmène le réalisateur et ses comédiens dans les méandres d’un film qui se perd dans ces ambitions. L’accumulation de scènes clichées, de moments ridicules comme la remise des clés de la ville à Spider-Man, ou encore d’allusions patriotiques, comme l’inévitable passage devant le drapeau américain finit par vraiment lasser et laisse ainsi transparaître un véritable manque de renouvellement. Même les comédiens ne parviennent plus à tenir la gamme comme dans la scène de théâtre où James Franco (Company, The Holiday) est aussi ridicule lorsqu’il regarde d'un air méchant et plein de haine Peter Parker du haut de son balcon que Christophe Lambert avec les moustaches de Vercingétorix. Pareil pour Tobey Maguire (Pleasantville, The good German) dont le regard souvent ahurit (la scène de la remise des clés) devient aussi très vite lassant.
Pourtant, il serait injuste de ne pas parler de plaisir après avoir visionner cette troisième aventure de l’homme araignée, ne serait-ce que grâce à l’excellence des effets spéciaux et à la parfaite maîtrise du rythme de Sam Raimi (Evil Dead, Un plan simple), qui malgré les faiblesses du scénario parvient à emmener le spectateur dans un spectacle aux scènes d’actions particulièrement réussies, aux moments d’envolées lyriques dignes des plus grands comme l’incroyable scène dans l’église. « Spider-man 3 » n’est peut-être pas à la hauteur des deux premiers, par épuisement de bonnes idées ou peut-être par excès de conscience, mais il n’en demeure pas moins un spectacle de grande qualité qui répond en de nombreux points aux attentes du public.
En conclusion, un film inférieur aux deux premiers volets qui accumule les faux-pas mais qui à pourtant le mérite de remplir son contrat en offrant des scènes d’actions aussi incroyables que magnifiquement orchestrées.