Miraculeusement immunisé contre un virus dévastateur, et dont la propagation a été fulgurante, le spécialiste militaire en virologie Robert Néville est le seul être humain vivant de la ville de New-York, et peut-être même du monde.
Remake de “The last man on earth” de Vincent Price datant de 1964, “Je suis une légende” est inspiré du roman culte de Richard Matheson paru en 1954. Will Smith y campe un lieutenant-Colonel de l’armée américaine, spécialiste en virologie, qui tente de trouver un antidote au virus qui vient de décimer le cœur de Manhattan. Seul au milieu d’une ville morte, il se bat pour faire renaître la vie humaine. Une histoire simple, qui a le mérite de capter l’intérêt du spectateur, tant elle surprend dans le fond. Même si un tel résumé ne donne que peu d’espoir sur un scénario particulièrement fournit, il offre en règle générale une capacité à l’acteur de se révéler un peu plus encore au monde.
Et c’est le cas, avec Will Smith, dont on avait déjà pressenti les grandes capacités avec des films tels que « Ali » ou encore « À la recherche bonheur ». En effet l’acteur se révèle saisissant, juste, incroyablement touchant et en osmose totale avec son sujet. Si la première partie du film, laisse croire à une énième composition de la cool attitude amusante du comédien, il laisse subitement libre cours à son talent dans la deuxième partie en entraîne le spectateur dans une multitude de sentiments et d’émotions qui font mouche à chaque fois. L’histoire, un peu hésitante au début, oscillant entre film à suspens et scénario à monstres, permet à l’acteur de mettre en place son jeu et d’ainsi mieux en affûter les effets, lors de scènes plus intimes.
L’histoire et la réalisation, sont d’ailleurs peut-être les points faibles de « Je suis une légende », car sur la base même d’un Manhattan post-apocalyptique, le réalisateur n’a pu s’empêcher d’y mettre des clichés habituels un peu convenu, comme la voiture qui va vite, le fusil qui tire dans tous les sens, le héros solitaire fan de Bob Marley, autant de clichés chers à Will Smith, mais qui laisse envisager le pire. Puis subitement, au détour d’une action, reprenant le fil d’une histoire particulièrement originale, le réalisateur Francis Lawrence (Constantine) reprend les rênes de son histoire et laisse libre court à son acteur principale pour transcender les instants émotionnels du film. Maîtrisant une histoire qui aurait tendance à vite dévier sur une chasse aux monstres de type « Résident Evil », le réalisateur préfère au contraire centrer son discours sur la solitude du héros, hanté par le souvenir des siens et persécuté par sa recherche d’antidote pouvant redonner vie aux humains. Ce choix scénaristique sauve le film dans son intégralité et le sort des ornières du spectacle à sensations.
En conclusion, un film inégal dans sa première partie, mais qui prend subitement le risque de recentrer son débat autour de son héros, rendant d’un seul coup l’ensemble particulièrement efficace et réjouissant. Le jeu d’acteur est d’une incroyable justesse et permet à Will Smith, si besoin en était, de prouver l'étendue du talent qu’il possède.