Garçon d'honneur

Taïwanais naturalisé américain, Wai-Tung vit aux Etats-Unis avec son petit ami Simon. Pour faire plaisir à ses parents qui ne comprennent pas son célibat, il organise un mariage de convenance, choisissant pour épouse Wei-Wei, une jeune peintre en quête d'une carte verte.

Avant de réaliser des films marquants tels que « Tigre et Dragons » ou encore « Le secret de Brokeback Mountain » et surtout bien avant de se voir confier la direction d’une grosse production comme « Hulk », le réalisateur Ang Lee s’est fait la main sur des œuvres plus intimistes, plus personnelles aussi. « Garçon d’honneur » son deuxième film, qui fut marqué par un refus régulier d’être financé, est l’une de ses œuvres les plus remarquable. Par le ton d’abord qui oscille entre comédie légère, presque loufoque, réflexion fine sur le poids des traditions et le choc des civilisations et une œuvre émouvante sur la famille et ses codes.

Un sujet qui reviendra de manière assez récurrente dans la carrière du réalisateur, la différence et son acceptation est bien au centre de ce film simple, à la mise en scène rigoureuse et minutieuse qui nous fait suivre les mésaventures tendres et émouvantes de ce jeune homme homosexuel d’origine Taïwanaise que ses parents pressent de trouver une épouse sans se douter une seule seconde que ce dernier vit avec un homme. Et loin d’une énième caricature de la communauté homosexuelle, ce film écrit par le réalisateur et dont le sujet lui a été inspirée par un de ses amis, lui permet surtout de parler de l’acceptation de la différence dans le giron familial, mais également de la recherche identitaire dans une communauté qui n’est pas forcément tendre avec ceux qui ne ressemble pas à ses aspirations premières.

Ang Lee, le dit d’ailleurs lui-même, très justement, ce film c’est un peu son histoire : celle d’un jeune homme qui quitte sa terre natale, s’installe dans un pays aux traditions radicalement différentes de son pays, aux fonctionnements moins enserrés dans d’ancestrales coutumes. Mais qui doit toutefois chaque fois prouver sa valeur, vaincre sa timidité son enfermement personnel pour se vendre et ainsi vivre pleinement la vie qu’il souhaitait se voir vivre. Et le scénario finement ciselé du réalisateur nous entraîne dans un jeu de cache cache plus tendre que drôle mais une véritable sincérité et une véritable sympathie pour l’ensemble de ses personnages. Ainsi les deux amants ne sont pas hystériques mais simplement maladroits parfois, dépassés souvent, les parents ne sont ni intrusifs, ni envahissant, ils sont simplement heureux de pouvoir voir leur fils réussir sa vie, et la jeune Wei-Wei n’est pas une simple fille paumée, c’est un trait d’union involontaire entre les deux mondes qui vont devoir, par la force des choses se percuter et s’apprivoiser.

En conclusion, « Garçon d’honneur » d’Ang Lee est un film tendre et minutieux sur les codes de la famille et sur l’acceptation de la différence à travers une comédie douce et parfois loufoque mais jamais caricaturale.

Dans l’ensemble l’image est de bonne tenue avec des couleurs bien pesées et des contrastes qui donnent une véritable profondeur à l’ensemble. La saturation dans certaines scènes lumineuses ou d’autres plus sombres est parfaitement bien évitée.

Une piste Dolby Digitale 2.0, qui manque toutefois un peu de précision. La répartition est honorable, et les voix sont suffisamment mises en valeur.  Mais La dynamique de l’ensemble n’est pas suffisamment bien équilibrée pour ne pas se laisser déborder par les musiques ou les quelques effets sonores. 

« Taïwan et New-York : Ang Lee et James Schamus racontent le début de leur collaboration ». Chez Carlotta, les bonus sont toujours passionnant parce qu’ils ont le mérite de nous faire plonger dans l’histoire dans l’histoire. Ici, le réalisateur et son producteur nous racontent leurs débuts avec une sincérité réjouissante, qui ne laisse rien au hasard. Ce qui nous permet de mieux comprendre à la fois la carrière du réalisateur mais également son parcours qui l’a amené à réaliser les films marquants de sa carrière.

« Valeurs Familiales : Ang Lee à propos de « Garçon d’honneur » ». ici le réalisateur revient plus précisément sur la genèse de son film. L’inspiration qui lui est venu d’un ami qui voulait que cette histoire soit transposé à l’écran, le refus dans un premier temps du réalisateur, par manque d’inspiration, puis celui des producteur de Taiwan qui ne voulait pas entendre parler d’Homosexualité et le succès.

« La comédie du remariage : James Schamus à propose de « Garçon d’Honneur » ». Bien sûr après le réalisateur c’est au producteur de revenir sur ce film et de donner ses impressions. Bien évidemment, les paroles se ressemblent mais l’affection n’est pas forcément la même et cela donne surtout un autre angle de vision.

« Le garçon d’honneur : Mitchell Lichtenstein à propos de « Garçon d’honneur » ». L’acteur qui interprete Simon dans le film et qui depuis est devenu réalisateur revient sur le tournage et sur son rôle pour un film à la cohabitation remarquable mais pas toujours évidente.