Synopsis
:
Après 28 jours d’un profond coma. Jim se réveille dans un hôpital étrangement désert. Il découvre par la suite que la ville de Londres, suite à la propagation d’un virus particulièrement contagieux, est, elle aussi, devenue une ville fantôme …
Critique subjective
:
Après les échecs successifs d’"
Une vie moins ordinaire " (1997) et de "
La plage " (1999),
Danny Boyle (réalisateur) et
Andrew MacDonald (Producteur) se devaient de trouver un projet percutant afin de rallier les fans de l’époque "
Trainspotting " (1996). Les deux hommes avec l’aide d’
Alex Garland (scénariste) imaginent une histoire post-apocalyptique se déroulant en Angleterre après qu’un virus (extrêmement virulent) ait contaminé la majorité de la population. Suite aux épidémies de l’ESB et de la fièvre aphteuse, le sujet semblait propice à traumatiser les foules. Tourné essentiellement en vidéo numérique, dans un souci d’esthétisme et d’authenticité, au final le résultat se révèle plutôt disgracieux …
Le choix d’un traitement numérique des images, réalisé en DV, laisse dubitatif au vu du résultat.
Et pour cause, le long métrage propose une image floue et des couleurs qui ont tendance à baver. Vu le budget restreint alloué au metteur en scène, on peut être sceptique sur les véritables raisons de ce choix, soi-disant, esthétique. Au vu de la qualité des effets spéciaux, notamment lors de l’explosion de la station service, et de la vision d’une ville en feu, il s’avère effectivement très utile pour cacher la pauvreté des trucages. De même l’accélération des images, procédé utilisé en DV pour donner cet effet saccadé lors de l’apparition des contaminés, est des plus discutable, tant elles sont illisibles. Seuls les 5 dernières minutes, tournées avec une caméra 35 mm, présagent de ce qu’aurait pu être visuellement ce film.
28 jours plus tard, aligne les références au genre
, et certains grands noms du cinéma fantastique et d’anticipation semble avoir eu une influence non négligeable sur ce film. La plus évidente, est celle de
George A. Romero et sa trilogie des morts-vivants. Bien que le réalisateur et le scénariste avouent consciemment avoir pompé la séquence du supermarché (hommage à
Dawn of the dead – Zombie) et celle du personnage de Mailer (repris sur celui de Bud dans
Day of the dead – Le jour des morts vivants), on retrouve bien d’autres allusions à l’œuvre du maître. Pour les plus évidentes on retiendra la mort de l’enfant contaminé qui pour les connaisseurs est une scène clé issue de " Dawn of the dead " ; de même pour le camp militaire, qui fait immédiatement référence au huit clôt militarisé de Day of the dead. Mais les références ne s’arrêtent pas à
George A. Romero. Le prologue, montrant des singes enchaînés devant des téléviseurs diffusant des images ultra violentes, est à l’évidence repris sur "
Orange mécanique " de
Stanley Kubrick. On pense aussi au "
Survivant " (The omega man) avec
Charlton Heston qui, secondé par une femme noire ( !), doit combattre des mutants irradiés par des radiations au cœur d’un Los Angeles déserté… Autre emprunt relevé, mais cette fois-ci littéraire, est un passage éprouvant du "
Fléau " écrit par
Stephen King, où il décrit la traversée d’un tunnel jonché de carcasses de voiture, rempli de rats et de cadavres (contaminés !). Tous ces exemples ne sont qu’un aperçu des références que l’on peut retrouver dans le film de
Danny Boyle, et l’on peut en interpréter bien d’autres (
L’armée des 12 singes,
Alerte !,
L’enfer des zombies etc et etc …). Il n’est donc pas surprenant que la vision de 28 jours plus tard laisse comme un arrière goût de déjà vu.
Paradoxalement, les grands absents du film sont les contaminés.
La découverte par un Héros, quelque peu hébété (on le comprend …), d’un Londres ravagé par le virus, n’explique pas l’absence totale de cadavres dans les rues. Même si dans le commentaire audio, le réalisateur parle de choix esthétique, cela reste tout de même assez peu convaincant. De plus, il est assez étrange de voir les protagonistes se restaurer en pleine campagne sans véritablement se soucier de la menace environnante. Il s’agit d’ailleurs du principal défaut du film, car à travers ces changements de ton malheureux, le réalisateur n’a pas su maintenir une tension qui se devait omniprésente. Par voie de conséquence, Les zombies / contaminés sont assez peu utilisés, et quand ils interviennent, c’est à travers l’œil d’une caméra épileptique que l’on tente vainement de saisir ce qui se passe à l’écran. A ce propos, à part gronder et cracher du sang, les actes des infectés sont assez peu explicites, et leurs victimes ont beau hurler, on ne voit quasiment rien des supplices qu’ils leurs font subir (plutôt frustrant); à ce titre, on apprend dans le commentaire audio que les méchants zombies sont à leurs heures perdus des adeptes de la sodomie, un détail que même le plus attentif aurait du mal à deviner. A contrario, les contaminations sont impressionnantes et surprennent par leur intensité. Frank (interprété par l’excellent
John Gleeson) en fait les frais lors d’une séquence traumatisante, dont l’issue s’avère radicalement fatale. Sa transformation est d’une violence inouïe, et l’on vient à regretter que le film ne soit pas à l’image de cette fameuse scène, en tout point éprouvante, aidé par l’énergie de la mise en scène et dont le montage est très astucieux.
Même si 28 jours plus tard ne renouvelle pas le genre, on peut tout de même lui accorder quelques bonnes idées.
Tout d’abord la vision d’un Londres complètement dépeuplé, est véritablement angoissante. Elle n’est bien-sûr pas novatrice en milieu urbain (récemment, on retrouve une séquence similaire dans
Vannilla sky), mais elle a l’avantage d’être très efficace, et plonge rapidement le spectateur dans un univers sinistre et oppressant. La traversée d’autoroutes complètement vides, renforce d’ailleurs habilement cette impression de désolation. De même la découverte des corps des parents de Jim, s’inscrit parfaitement dans le processus dramatique instauré par le film, et l’utilisation du flash-back renforce le côté " no future " de la situation vécue par les différents protagonistes. Le film perd, malgré tout, énormément de son intérêt dès l’arrivée au château, occupés par des militaires, dont l’unique instinct de survie se résume à la procréation (La femme est l’avenir de l’homme… Bonjour le cliché !)
Le réalisateur et le scénariste ont longtemps hésité au sujet de la fin du film
. On peut regretter, qu’elle ne soit pas la meilleur des 4 envisagés (proposées en bonus sur le dvd). La fin intitulée " Rêve d'hôpital " est certes beaucoup moins optimiste, mais dans un sens, semblait être l’épilogue idéal et de plus, en parfaite continuité avec le film : " La boucle étant effectivement bouclée " dixit le réalisateur. L’explication, dans le commentaire, du choix effectué, est à ce propos, assez peu convaincante, et subodore qu’une fin positive était le choix le plus évident, pour palier au pessimisme ambiant délivré par l’ensemble du métrage. N’aurait-elle pas été plutôt imposée par les exécutifs ? Allez savoir …
Conclusion
:
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas l’image délivrée par cette caméra numérique quelque peu prétentieuse, le scénario proposé par
28 jours plus tard, n’en reste pas moins, malgré quelques bonnes idées, une sorte de recyclage de tout ce qui a déjà été fait, il y a 20 ou 25 ans. Rien de bien nouveau à l’horizon donc; et même si la première heure de métrage propose plutôt un bon film à l’atmosphère oppressante servi par une mise en scène maîtrisée, elle accuse malheureusement une sérieuse baisse de rythme dans une seconde moitié plutôt bâclé et qui pêche par manque d’ambition. Annoncé comme l’adaptation rêvé du jeu "
Resident evil ", le dernier long métrage de
Danny Boyle est finalement de facture bien trop raisonnable, pour pouvoir rivaliser avec la radicalité de certains classiques signé
George A. Romero ou
Lucio Fulci (L’enfer des zombies). Souhaitons que le remake officiel de
Dawn of the dead réalisé par
Zack Snyder, dont la sortie est annoncée courant 2004, saura remettre les pendules à l’heure. En attendant, 28 jours plus tard, n’en reste pas moins une sympathique récréation, en attendant …
Je ne vais pas revenir sur l'encodage, qui semble tout à fait correct, et propose pratiquement la même vision du film pour ceux qui l'auront découvert en salle (peut-être avec un peu moins de grain). Mais sur le choix de la DV ... Pour rappel, le but avoué du réalisteur était de nous proposer l'image la moins lisse, soit-disant dans un soucis d'authentisité et de réalisme. Le pari est réussi, et sur galette numérique l'image parait constamment flou avec couleurs délavés et compression approximative. Les choix de réalisation du cinéaste peuvent paraître légitime, reste qu'il est tout de même regrettable que le film ne soit pas à l'image des 5 dernières minutes tournées en 35 mm, qui sont tout le contraire de la pauvreté des images délivré sur l'essentiel du long-métrage.
Les deux pistes proposées sont de qualité egale. Les basses fréquences sont malheureusement assez rarement sollicitées, et sont surtout présentes lors des scènes musicales. On notera une bonne spatialisation, et des enceintes arrières armonieusement bien utilisées surtout au cours des 15 dernières minutes, assez riche en action. Ces deux pistes restent dans l'ensemble, tout de même, assez timide en effets, et le gros de la bande son est centralisé sur l'avant.