L’histoire :
Au cours d’un vaste procès dans lequel les accusés sont vingt membres de la mafia de New York, l’un des truands, Jackie DiNorscio, décide d’assurer lui-même sa défense, comptant sur son incomparable bagou pour embobiner les jurés.
Critique subjective :
Véritable vétéran d’Hollywood (il est né en 1924), Sidney Lumet affiche une impressionnante filmographie dont l’un des thèmes récurrents est la justice et ses institutions. Lorsque l’on évoque Lumet, c’est d’ailleurs souvent le titre de Douze hommes en colère qui s’impose d’emblée à l’esprit, peut-être plus encore que Serpico ou Un après-midi de chien. Twelve angry men, un premier long-métrage tourné en 1957, soit au terme d’une décennie de bons et loyaux services pour le petit écran. Une première œuvre remarquablement aboutie, un film de procès exemplaire. Les rouages judicaires, un sujet qui jalonne la carrière cinématographique de notre cinéaste (Le verdict, L’avocat du diable, …). 2006, à quatre-vingt deux ans, Sidney Lumet réalise son dernier film en date, Jugez-moi coupable (Find me guilty). S’il revient en territoire connu (il s’agit encore une fois d’un film de procès), le réalisateur ne se repose pas sur ses lauriers et accepte même de courir un certain nombre de risques.
Habitué du genre, Lumet voit grand avec un film tiré d’une histoire vraie (un jugement très célèbre aux Etats-Unis) et un procès hors-normes, tant par son ampleur que par sa durée. Années quatre-vingt, frappant l’organisation à tous les niveaux, les autorités réalisent un gros coup de filet au sein de la mafia new-yorkaise. Au tribunal, 20 mafieux sont sur le banc des accusés et l’on dénombre pas moins de 26 chefs d’accusation. Le tout nourrira un procès au long cours : 22 mois d’audience. Une durée stupéfiante qui évoque irrémédiablement un écueil majeur de la chronique cinématographico-judiciaire : l’ennui. Si Jugez-moi coupable prend son temps et emprunte un tempo jazzy, il n’accuse que les petites longueurs quasi-inhérentes au genre abordé. Une mise en scène classique et efficace, des dialogues qui sonnent juste (et pour cause, ils ont été extraits presque tels quels des minutes de l’audience) et une issue narrative imprévisible parviennent (presque) toujours à maintenir le spectateur en haleine.
Le second risque encouru par Sidney Lumet tient aux choix de l’acteur principal de Find me guilty : Vin Diesel. Pour le grand public, Diesel n’est qu’un gros bras juste bon à enchaîner les séries B musclées et certifiées à faible teneur en matière grise (Fast and furious, XXX, Un homme à part). Si l’acteur est capable de beaucoup mieux que ça (cf. ses prestations dans Pitch black et Il faut sauver le soldat Ryan), il était grand temps qu’il le rappelle à tous. C’est chose faite avec ce contre-emploi savoureux : le rôle de Jackie DiNorscio, mafieux quinquagénaire grassouillet et gouailleur. Car le film est aussi le portrait d’un homme. Un personnage réel haut en couleurs qui assura lui-même sa défense, livrant un véritable one man show devant un jury estomaqué par un tel bagou. Vin diesel crève l’écran dans le rôle de DiNorscio, ce vieux briscard de Lumet a encore eu l’œil …
Verdict :
Aussi bien que fonctionne le cocktail entre Sidney Lumet et Vin diesel, Jugez-moi coupable ne se hisse jamais au rang de fleuron du genre mais demeure incontestablement un film de procès fort regardable.
Une qualité vidéo impeccable qui offre des visuels très soignés. Exécuté avec soin, le transfert DVD nous offre une image au format respecté, au piqué impeccable et à la colorimétrie parfaitement gérée. La compression est du même niveau : sans faille.
Si le métrage est par nature peu propice à un déferlement d’effets sonores, les deux pistes en Dolby digital 5.1 n’en remplissent pas moins leur office soigneusement. L’ensemble est bien sûr axé sur les voix (omniprésence des dialogues), ce qui privilégie les enceintes frontales sans toutefois museler les autres canaux, qui savent se manifester aux moments opportuns. Version originale de rigueur, ne serait-ce que pour mieux apprécier le jeu de Vin Diesel et son timbre bien particulier.
- Autour du film (14 minutes) : Interviews du réalisateur, du producteur et des acteurs. Pertinents, les entretiens ne se vautrent jamais dans la fange publicitaire (voir comment Lumet mentionne Fast and furious !) et abordent de façon intéressante l’un des soucis majeurs du film : l’authenticité.
- Les accusés (21 minutes) : Filmographies du réalisateur et de l’acteur principal. Lumet a également droit à une entrevue passionnante au cours de laquelle il évoque les faits réels à l’origine du métrage, le vrai Jackie DiNorscio et le tournage du film. Prolixe et captivant, le cinéaste aborde également des sujets plus larges comme l’évolution du système de production hollywoodien et les attraits de la haute définition.
- Les preuves (9 minutes) : Bandes annonces (Jugez-moi coupable, Slevin, Des serpents dans l’avion, Le parfum, Les locataires) et photos du tournage.
- Internet : Lien vers le site de l’éditeur.