Avant-propos :
Répartie sur trois DVD, la huitième saison de Magnum comporte 13 épisodes de 45 minutes chacun (ce qui porte la durée totale à 10 heures environ), en voici les titres.
01 Coma
02 Métamorphoses
03 L’innocence au travail
04 L’étoffe d’un champion
05 Recommencement
06 Mensonge d’amour
07 Les enfants terribles
08 Raison d’état
09 Passeport pour le paradis
10 A la recherche de l’art perdu
11 Maux d’auteur
12 Résolutions (1ère partie)
13 Résolutions (2ème partie)
Critique subjective :
Petit retour en arrière. Fin de la saison 7 de Magnum p.i. Grièvement blessé par balles, Thomas Magnum est dans un état des plus critiques. La dernière séquence de la saison va même plus loin en le montrant s’éloigner, marchant de dos au milieu des nuages. Le message est clair : la série essaie de tirer le rideau. Essaie, car les fans du détective moustachu le plus cool de l’univers en décideront autrement. Cédant à la pression des aficionados, la chaîne CBS leur accordera en effet une huitième et ultime saison, d’ailleurs plus courte que les précédentes (13 épisodes contre une bonne vingtaine en moyenne). A noter que Selleck recevra un bonus de 350 000 dollars pour rempiler dans le rôle titre (une somme rondelette qu’il emploiera en offrant des cadeaux de luxe aux autres membres du casting).
Pour TM, le retour sera difficile (il a frôlé la mort et s’est retrouvé plongé dans un coma profond), pour la série également. En effet, derrière des épisodes qui tiennent la route et des prestations tout à fait honorables, on sent parfois poindre une certaine lassitude, comme si le cœur n’y était plus tout à fait.
Dans sa dernière ligne droite, Magnum p.i. n’hésite plus à faire disparaître des seconds couteaux récurrents (bye bye Tanaka), à afficher parfois quelques légers accents fantastiques (TM est visité par le fantôme de Mac) et à éclaircir certaines zones d’ombre (sans que la série lève vraiment le voile, on en sait davantage sur l’ambiguïté Jonathan Higgins / Robin Masters). Malgré cela, la plupart des aventures reste néanmoins « standard », autrement dit sans grandes surprises. Seuls deux épisodes se détacheront nettement du lot : A la recherche de l’art perdu et Raison d’état.
Le premier est un décalque assumé de la saga Indiana Jones dans lequel Magnum arbore toute la panoplie de l’aventurier et se retrouve confronté à des situations fort similaires. Une façon de rappeler que Tom Selleck fut le premier choix du duo Lucas / Spielberg pour incarner Indy, ce qu’il ne pu faire pour cause … d’engagement dans la série Magnum (Harrison Ford doit encore s’en frotter les mains). Voir Selleck jouer un Magnum « Indiana Jones-isant » est donc une expérience étrange, à la fois touchante et triste (on se dit que l’acteur est bel et bien passé à côté d’une importante carrière cinématographique), soulignée par le fait que le doublage français de Selleck et Ford ait été longtemps assuré par le même comédien (Francis Lax).
Le second épisode (Raison d’état) marque une évolution cruciale du personnage de Magnum. Renonçant (au dernier moment) à appliquer la loi du Talion, il prend le contre-pied total de son attitude dans l’un des épisodes les plus importants de la série (Avez-vous vu le soleil se lever ? Saison 3). Ses détracteurs (ceux qui le considéraient comme un gros réactionnaire de base) en prendront pour leur grade. Possédant de multiples casquettes (américain sympa, grand gamin, rescapé du Vietnam, privé hard-boiled, …), Magnum est décidément un personnage protéiforme qui se refuse obstinément à rentrer dans des cases préétablies.
Y-a-t’il une vie après Magnum ? Au vu des carrières post-Magnum p.i. des principaux interprètes de la série, on est en droit d’en douter … Au cinéma (Quigley l’Australien, Trois hommes et un bébé, In & out), comme à la télévision (il est récemment apparu dans la série Las Vegas), Tom Selleck n’a guère fait d’étincelles. Aujourd’hui, l’acteur ne veut d’ailleurs plus entendre parler de Magnum p.i. et a refusé catégoriquement d’apparaître dans le film tiré de la série (prévu pour 2009, mais encore assez hypothétique). Larry Manetti (Rick) et Roger E. Mosley (Terry) ont continué à œuvrer dans l’univers de la série TV, sans rien y faire de particulièrement marquant. Même constat pour John Hillerman (Higgins) qui, depuis 1996, coule une paisible retraite au Texas. Il est aujourd’hui âgé de 75 ans.
Verdict :
Il y a plus de vingt ans, le 1er mai 1988, CBS diffuse le dernier épisode de Magnum p.i. Les spectateurs y découvrent un Thomas Magnum qui visionne lui-même le dernier générique de fin (sous forme de best of) avant de leur adresser un « bonne nuit » face caméra. Quelques 160 épisodes après son lancement, Magnum p.i., série devenue culte de par le monde, vient de tirer sa révérence. Définitivement.
Julien Sullivan Magnum Sabatier