Dieu est mort

L'histoire :

Dans un pays d’Amérique centrale où le catholicisme est en passe d’être totalement annihilé, un prêtre, pourchassé par les autorités, est contraint de mener une vie de clandestinité.

Critique subjective :

Sorti sur les écran en 1947, Dieu est mort (The fugitive) est le premier long-métrage produit par Argosy, une société fondée par John Ford et Merian C. Cooper (King Kong).
Adaptation d’un roman de Graham Greene (The labyrinthine ways), Dieu est mort narre l’histoire d’un prêtre traqué (Henry Fonda, habitué du cinéma de Ford, livre une performance remarquable, toute en retenue). En effet, le prêtre en question a le malheur de séjourner dans un pays où les autorités veulent éradiquer le catholicisme (ce qui explique un titre français qui pourrait, à tort, évoquer les thèses de Nietzsche), n’hésitant pas à exécuter systématiquement tous les religieux. Vivant dans la clandestinité (il doit même traiter avec des trafiquants afin de se procurer le vin qui lui permettra de célébrer la messe), cet homme torturé trouvera une aide en la personne de Maria Dolorès, une indienne campée par la remarquable Dolorès Del Rio.
C’est donc John Ford qui réalise The fugitive en 1947, soit un an après My darling Clementine (La poursuite infernale, déjà avec Fonda au générique) et une année avant Fort apache. Comme à son habitude, Ford signe une mise ne scène classique entièrement dévouée au sujet et, au fil du métrage, gratifie le spectateur de plans marquants comme celui de la croix formée par l’ombre du prêtre ouvrant les portes d’une église. Sachant tirer parti des décors naturels (signalons que le film a été tourné au Mexique), John Ford fait évoluer son personnage principal dans un climat d’agitation sourde et instaure une atmosphère de danger latent, renforcée par une photographie obscure de Gabriel Figueroa, un chef opérateur qui travaillera avec Luis Bunuel.

Verdict :
S’il ne fut pas un succès populaire au moment de sa sortie (la faute à un manque de rythme ?), Dieu est mort constituait l’une des oeuvres favorites de son réalisateur. Aujourd’hui, on pourrait qualifier The fugitive de « Ford mineur » (toutes proportions gardées), un métrage qui s’adresse donc avant tout aux férus de ce metteur en scène.

Une image d’une qualité très correcte pour un film de 1947. Malgré quelques défauts de pellicule assez apparents et un manque de précision visuelle, le métrage est présenté dans une copie plus que décente mettant en valeur le travail du directeur de la photographie Gabriel Figueroa (ce qui représentait, soit dit en passant, un challenge non négligeable).

Là encore, la qualité proposée est largement satisfaisante pour un film de cet âge. L’unique piste, en mono, s’avère relativement claire et affiche une dynamique honorable (sans pour autant faire des étincelles mais cela va de soi). A noter que les réfractaires aux versions originales (si tant est qu’ils regardent des films de John Ford ...) se devront de faire un effort, l’anglais étant de rigueur.

Présentation de Serge Bromberg (2 minutes) : une introduction au film aussi pertinente que concise, passionnant.