Nick's movie

L'histoire

 

8 avril 1979, New York. Un homme descend d'un taxi, c'est Wim Wenders qui se rend chez son ami le réalisateur Nicholas Ray. Nick est malade, il est atteint d'un cancer, et chaque jour la maladie le ronge davantage. Les deux hommes on pour projet de tourner un film ensemble, qui serait le testament cinématographique de Nicholas Ray. Ainsi débute Nick's movie, à mi-chemin entre l'histoire de ce tournage et le documentaire sur les derniers instants du réalisateur de "la fureur de vivre".

 

 

Critique subjective

 

Wim Wenders, dans l'Ami américain, confiait le rôle du peintre Derwatt, au cinéaste Nicholas Ray, l'une de ses idoles, vieille légende hollywoodienne, à qui l'on doit des films comme "la fureur de vivre", "Les diables de Guadalcanal", ou encore "Johnny guitare", réalisations encore gravées dans toutes les mémoires. Deux ans plus tard, Nicholas Ray contacte Wim Wenders, pour lui faire part d'un projet qui lui tient à coeur. Le vieux cinéaste, malade, dont les forces déclinent de jour en jour, veut tourner un film sur "un homme qui veut se reprendre avant de mourir, retrouver son respect de lui-même". Le défi de Ray, c'est de donner une autre image de lui qui a été oublié d'Hollywood suite à des problèmes de drogue et d'alcool, de prouver qu'il est encore capable de réaliser un film. L'idée de Nick's movie, c'est de reprendre le personnage de l'Ami américain, de filmer l'élaboration d'un film, les deux metteurs en scène se dirigeant mutuellement. Wim Wenders se met en scène lui-même, tantôt acteur, tantôt réalisateur, tour à tour dirigeant et dirigé par Nick, pour montrer la naissance de "lightning over water", le film de Nick, comme une sorte de making of à l'intérieur d'un film.

Mais Nicholas Ray est malade, ses forces déclinent, c'est une lente agonie qui s'amorce, et le projet initial avorte rapidement. Wenders s'interroge sur l'opportunité de poursuivre le tournage, confie ses craintes à Nicholas Ray, et évite adroitement de tomber dans le piège du voyeurisme, de la curiosité morbide, en transposant le récit à la première personne, en cessant pudiquement de filmer alors que la fin réelle approche ou encore grâce à un épilogue où l'équipe du film est réunie pour un ultime hommage au cinéaste. Parsemé de séquences vidéos de piètre qualité, comme un "cancer à l'intérieur du film", à l'image de celui qui est en train d'officier dans le corps du vieillard, Nick's movie devient un témoignage des derniers instants de la vie d'un homme qui n'a vécu que par, et pour le cinéma.

Nick's movie, c'est la mort mise en scène au cinéma. Non pas la mort romancée ou spectaculaire, mais simplement la mort non feinte, son lent travail de destruction sur le corps de Nicholas Ray, captée mécaniquement dès les premières images du film par l'œil impitoyable de la caméra, dans son lent processus irréversible. Wenders a beau y mêler la fiction, les images s'imposent et ôtent toute possibilité de refuge à notre imaginaire, jusqu'au "coupez" prononcé par Nicholas Ray, qui semble fermer lui-même la porte de son sépulcre.

Un hommage poignant à un grand cinéaste, une œuvre dérangeante, complexe, dure et terrifiante.

L'image où les tons froids dominent, est très belle, tantôt lumineuse, tantôt sombre, aux contrastes bien appuyés, sans défaut apparent.

Une seule piste sonore est proposée, en anglais, encodée en dolby digital 5.1. Surtout porté sur l'avant, le son est de très bonne qualité, laissant clairement s'exprimer les voix. Le champ sonore s'élargit lors des séquences dotées d'un fond musical. Une bande son à l'écoute agréable pour ce film documentaire aux ambiances intimistes.

Cette piste est sous-titrée en français, mais est-ce un problème spécifique au DVD test envoyé par le service de presse de Wild Side Vidéo ou qui concerne l'ensemble de cette édition, toujours est-il que les sous-titres sont disponibles jusqu'à la 58^ème minute du film, et cessent d'apparaître ensuite, ce qui laisse quand même, plus de 25 minutes sans traduction, espérons que ce défaut sera corrigé.

Le commentaire audio

Assuré par le réalisateur, Wim Wenders, ce commentaire est riche d'enseignements sur la naissance et l'élaboration de Nick's movie. Wenders revient longuement sur ses interrogations, ses doutes, ses craintes relatifs au sujet filmé. Ce commentaire pourrait même se substituer à la voix off de Wim Wenders. Une deuxième façon d'appréhender le film.

 

Vidéoconférence de Nicholas Ray (38'43)

En complément d'une des scènes du film où l'on voit Nicholas Ray dans ses activités de conférencier, après une projection des amants de la nuit.

 

Filmographies

Wim wenders

Nicholas Ray

Ronee Blakley

Gerry Bamman